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9h30. Nous arrivons à Tripoli, seconde ville du Liban. En approchant du premier point de contrôle, le conducteur me conseille de filmer modérément avant d’entrer dans le quartier sunnite.
Je vois les premiers impacts de balles et j’imagine la violence des combats qui ont pu laisser de telles empreintes, tant sur les murs de la ville que dans la mémoire des habitants.
Nous quittons le quartier sunnite pour nous engouffrer dans les rues d’El-Kebbe, la partie alaouite de la ville. Au mur, sont exposées de grandes affiches décolorées par le soleil et l’humidité. Les visages des martyrs du quartier ainsi que le portrait du président syrien vous font face.
Depuis 2008, les quartiers sunnites et alaouites sont le théâtre de terribles batailles entre les deux communautés pour des raisons religieuse et politique. Au cours des affrontements, des milliers d’habitants se retrouvent dans une détresse totale. Aujourd’hui, si la ville est à très grande majorité musulmane, quelques chrétiens font encore partie intégrante de la mosaïque culturelle tripolitaine. Nous allons retrouver deux d’entre elles.
Nous rencontrons deux sœurs qui vivent dans vingt mètres carrés, séparés en deux pièces. À la lueur des bougies, nous distinguons le lit de Rahme, qui dissimule sous sa couverture ses jambes meurtries. En 2013, Rahme est femme de ménage dans le quartier sunnite. Un soir, à l’issue de sa journée de travail, elle prie le conducteur sunnite d’un taxi de la ramener dans le quartier alaouite. Celui-ci extirpe alors une arme de sa poche, lui tire une balle dans chacune des jambes, et s’enfuit, en la laissant pour morte.
Après six opérations, dont deux que financèrent les voisins du quartier, ce tragique évènement la précipite dans une extrême pauvreté.
Cette histoire n’est pas un cas isolé. À Tripoli, de nombreuses familles vivent dans une forte précarité, et chacune d’entre elles a une histoire à nous raconter.