Le Patriarcat arménien orthodoxe de Jérusalem doit parvenir à un accord avec la ville d’ici fin novembre, a décidé un juge lundi, au risque de voir ses propriétés saisies.
Le Patriarcat arménien fait face à une ordonnance de saisie émise par la municipalité de Jérusalem en raison d’une dette fiscale exorbitante d’Arnona, une ordonnance dénoncée par les patriarches et les chefs des Églises de Jérusalem comme « douteuse et moralement inacceptable ».
« Israël mène une offensive fiscale contre la présence chrétienne de Jérusalem, mettant en danger sa survie même », a déclaré Kegham Balian, un Arménien de Jérusalem.
Une audience au tribunal initialement prévue en février a été reportée au 29 septembre, au cours de laquelle le juge président a « décidé que les deux parties devaient parvenir à un accord de règlement avant le 30 novembre 2025 ». Le juge « a souligné l’importance des deux institutions et la nécessité de parvenir à un règlement équitable qui rendrait justice à chaque partie », a indiqué lundi le Patriarcat arménien.
Si le Patriarcat arménien ne parvient pas à un accord de règlement avec la municipalité de Jérusalem, la ville « saisira les propriétés immobilières appartenant au Patriarcat et les mettra aux enchères afin de recouvrer des dettes prétendument contestées qui n’ont jamais été prouvées dans le cadre de procédures judiciaires », selon le Patriarcat. Le complexe du Patriarcat arménien comprend une cathédrale et deux autres églises, un séminaire théologique, une bibliothèque, un musée d’art et de culture, ainsi qu’une école privée. On ignore encore quelles propriétés seraient saisies par la ville si les saisies se poursuivent.
« Il est inconcevable que les institutions chrétiennes, dont la mission depuis des siècles a été de sauvegarder la foi, de servir les communautés et de préserver l’héritage sacré de la Terre Sainte, soient maintenant confrontées à la menace de saisie de leurs biens en vertu de mesures administratives israéliennes qui ne respectent pas les procédures régulières », ont déclaré les dirigeants chrétiens de Jérusalem en février. Ils ont averti que cette « action imprudente » menace non seulement le Patriarcat arménien orthodoxe mais aussi les institutions chrétiennes dans toute la Terre Sainte. « Cibler une Église est une attaque contre toutes, et nous ne pouvons pas rester silencieux alors que les fondements de notre témoignage chrétien sur la terre du ministère du Christ sont ébranlés », ont clamé les prélats.
Ils ont renouvelé vendredi leur dénonciation de l’audience de saisie, appelant le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères à « intervenir en exhortant les autorités compétentes à suspendre les procédures judiciaires en cours » et à les renvoyer vers les « juridictions appropriées ». « C’est seulement par une telle démarche, croyons-nous, que les droits du Patriarcat arménien pourront être dûment sauvegardés, ainsi que ceux de toutes les autres communautés chrétiennes en Terre Sainte », ont conclu les patriarches et chefs des Églises de Jérusalem.
Les patriarches et chefs d’Églises comprennent des représentants des rites catholiques (latin, grec, syrien et arménien), ainsi que des Églises orthodoxes (grec, arménien, copte, syrien, maronite et éthiopienne). Sont également présents le chef franciscain de la Custodie de Terre Sainte, ainsi que les chefs des communautés ecclésiales anglicanes et luthériennes locales.