D’Axelle Girard sur Educ France :
La date n’est pas (encore) gravée dans le marbre. 11 mai ? Si les masques sont disponibles en quantité suffisante, et si les syndicats le veulent bien. Quant aux familles, elles sont déjà nombreuses à reculer sur le principe d’un retour à l’école. Sans parler des enfants, déjà profondément déstabilisés par les injonctions contradictoires de la continuité pédagogique. Faire toujours plus avec moins de compétences et de démocratie numériques, de disponibilité des parents comme des professeurs… Les vacances apprenantes ayant du plomb dans l’aile, l’heure est à l’anticipation.
Si la crise n’était pas finie, le coût sanitaire serait conséquent ? Qu’importe à ce stade, les calculs politiques sont fondés sur l’échelle du confinement et l’horizon-rêve de l’union nationale. Mais rien ne va plus quand il s’agit des enfants : l’Ordre des médecins lui-même a pris le contrepied des annonces présidentielles pour s’opposer au 11 mai, et les balbutiements du Gouvernement ont tempéré l’ardeur d’une vision trop optimiste de la situation. Qu’importe, le problème est ailleurs. En fixant une date de retour à l’école, on convient avant tout que la société est en état d’urgence absolue. L’économie est officiellement entrée en récession, les projections sont terrifiantes (jusqu’à 115 % de dette et 7 % de déficit en pourcentage de PIB). Les parents d’élèves sont au bord de la “crise de nerfs” (Le Monde), et nombreux sont les professeurs à se plaindre du sort qui leur est fait – quand il n’ont pas l’heur d’enseigner dans un cadre où ils ne sont pas de simples prestataires de service.
L’agitation autour du 11 mai renvoie donc avant tout à l’état sidérant d’impréparation d’un nombre non négligeable de sociétés occidentales face à une menace à la fois sanitaire, économique et sociale. Cette dernière nous invite donc soit à la catastrophe, au moins temporaire, soit au sursaut. Nous sommes convaincus ici qu’il est d’abord éducatif. C’est donc pour favoriser le sursaut que nous lançons l’initiative de l’Ecole d’après, initiative commune à Educ’France et à Créer son école, pour outiller la pensée, la réflexion et l’action de tous les acteurs, publics et privés, qui aspirent au renouveau éducatif dans notre pays.
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