Créer son école a tenu sa traditionnelle conférence de presse de rentrée ce mercredi 7 septembre pour présenter l’actualité de la liberté scolaire.
De plus en plus de parents choisissent dans le monde de recourir à l’instruction en famille. Cette croissance a été fortement accélérée par la crise du Covid 19, qui a permis à des centaines de millions de personnes d’expérimenter une forme (certes dégradée) d’instruction en famille et de prendre du recul par rapport aux coûts et bénéfices de l’instruction en institution scolaire.
Les États-Unis, premier pays du monde avec plus de 2,5 millions d’enfants en homeschooling, a connu entre 2019 et aujourd’hui une croissance très forte portant de 3,5% à plus de 10% la proportion d’enfants scolarisés à domicile. C’est en Grande-Bretagne, qui compte 100 000 enfants en IEF, que la croissance a été la plus forte, avec une augmentation de 130 % durant ces trois dernières années. On note
aussi une très forte croissance de cette pratique éducative en Indonésie, en Afrique du Sud, en Chine, au Japon, au Canada, au Brésil, en Australie…
La dégradation vécue comme irrémédiable, à court ou moyen terme de l’Education nationale, la saturation ou la banalisation des écoles privées sous contrat, l’expérience d’autres modes d’éducation à l’étranger, la pratique même dégradée de l’instruction en famille pendant les confinements, le désir de s’impliquer plus dans l’instruction des enfants, l’attente de la société pour une prise en compte accrue des spécificités de chaque enfant, le désir de bilinguisme dans le contexte de la mondialisation etc… sont autant de facteurs qui nourrissent la croissance de la demande parentale pour les écoles indépendantes en France. Mais à la différence de la plupart des autres Etats, les familles françaises se heurtent à l’hostilité de l’Etat à leurs projets de liberté scolaire. Le gouvernement français est en effet hostile aux formes d’instruction alternatives à l’Education nationale et à ses délégataires de service public, les écoles privées sous contrat, dont il contient également scrupuleusement la croissance. Tous les enfants doivent être formés dans le même cadre. La diversification des modalités d’enseignement (IEF, écoles indépendantes) est présentée comme un risque séparatiste pour la Nation. Dès lors, la politique de l’Etat français a consisté à freiner l’essor des modes d’instruction alternatifs, et à renvoyer dans la mesure du possible à l’école publique ou sous contrat les enfants éduqués autrement.
Sous couvert de lutte contre l’islamisme, c’est l’idée même de faire autrement qui est combattue in concreto. Plus l’école publique est à la peine, plus l’Education nationale paraît s’en prendre aux scolarisations alternatives.
172 écoles ouvrent pour l’année scolaire 2022-2023, en plus des 1 700 écoles indépendantes :
Ce qui a nourri la croissance des écoles indépendantes :
- Mouvement de recherche de qualité de vie (néo-ruraux, écologie) et d’implication personnelle dans l’éducation de ses enfants (43 écoles sur 172 ont revendiqué un fort ancrage à la nature) ;
- Effondrement du niveau et de la sécurité dans les écoles publiques et pénurie de places dans les écoles privées sous contrat ;
- Loi obligeant la scolarisation à 3 ans (ainsi 36 % des créations sont des maternelles) ;
- Interdiction de l’instruction en famille (importance des micro-écoles dans les villages de moins de 2 000 habitants qui représentent 67% des créations d’école cette année) ;
- Souhait de « sur-mesure » et de « taille-humaine », qui plébiscite les petites structures plus facilement bienveillantes à l’égard de chaque enfant ;
- Besoin d’inclusivité ou de double projet (38 écoles sur 172 s’adressent à un public spécifique : enfants pratiquant un art à haut niveau, enfants présentant des troubles de l’apprentissage, enfants à haut potentiel…) Les écoles indépendantes ne conçoivent pas leur pédagogie pour un enfant moyen appartenant à un groupe classe. Elles cherchent à personnaliser leur approche pédagogique.