Interrogé sur Liberté Politique à propos de la ligne éditoriale de Famille chrétienne, Aymeric Pourbaix répond :
"La politique touche aux enjeux profonds d’une société. Sur le fond, nous nous intéressons à ceux qui nous paraissent les plus importants, à l’échelle du pays et pour un chrétien. Pour cela, nous avons plusieurs principes directeurs :
- Le magistère et particulièrement notre pape Benoit XVI, qui a notamment indiqué quels étaient les points non négociables pour un chrétien en politique. Ces points découlent directement d’une anthropologie chrétienne et montrent le bon sens et la cohérence de l’Eglise en matière politique.
- Nous ne pouvons pas non plus faire l’économie d’un regard politique, qui prend la mesure de l’urgence de l’heure. Notre société connaît aujourd’hui une crise de la dette et risque d’entrer dans une guerre des générations. Ces aspects ont évidemment un impact fort sur l’actualité et doivent être pris en compte dans un contexte électoral.
- Nous avons également la volonté de faire comprendre à notre lectorat qu’il existe d’autres enjeux que ceux qui monopolisent l’attention. Ce n’est pas pour autant qu’ils sont moins importants. Ainsi on parle beaucoup de la laïcité ou de l’Islam, mais on traite rarement de la place de l’Eglise dans un pays dont c’est la culture et les racines.
- Enfin, nous ne voulons pas cantonner le débat au niveau des idées mais également aller sur le terrain. Il faut montrer que le chrétien ne peut pas se désintéresser de la politique. Il n’est pas du monde, mais il est dans le monde ! Notre rôle est donc également de montrer et favoriser l’engagement des chrétiens au nom de leur foi dans tous les domaines de la vie publique ou politique. […]
Le chrétien ne doit pas désespérer ! Face au monde tel qu’il est, c’est-à-dire blessé par le péché originel, il ne faut ni être naïf, ni succomber à la tentation d’attendre dans notre coin que le monde soit conforme à l’Evangile pour nous y engager. La cité chrétienne n’existe pas et n’existera sans doute jamais sur cette terre ! Il faut donc des chrétiens pour s’engager en politique et mener le combat, et ce dans tous les partis. C’est un combat qui est d’abord spirituel, mais le chrétien doit aussi pouvoir dénoncer les positions inacceptables, discuter, argumenter et donner des repères essentiels à notre monde, tirés de la doctrine sociale ou morale de l’Eglise. Pour cela, il faut se former. […] Le chrétien n’a pas le droit de se taire ! Il doit témoigner en particulier qu’il n’y a qu’une vérité dans notre société faite de consensus et de relativisme. Les chrétiens doivent être partout. C’est une mission difficile qui peut parfois s’apparenter à un martyre. Paul VI disait que la politique était la forme la plus haute de charité parce qu’elle concerne l’ensemble d’un pays et le bien commun. […]
Nous ne faisons pas passer des consignes de vote à nos électeurs, mais nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir un contenu banal, comme les autres. […] Le chrétien peut toujours influencer une petite décision, à sa portée, qui fera peut-être un jour basculer vers une décision plus importante. C’est ainsi qu’on participe à construire une société conforme à l’Evangile. L’essentiel est avant tout d’améliorer la situation donnée. […]
Que vous inspire aujourd’hui l’actualité des élections présidentielles 2012 ?
Il me semble qu’il y a là une opportunité extraordinaire car le jeu politique est extrêmement ouvert. Aucun candidat ne semble dominer. Dans ce contexte, les catholiques peuvent, s’ils le souhaitent, peser sur le choix de société qui découlera de ces élections. Mais ils ne le pourront que s’ils sont unis entre eux. Aujourd’hui, si les chrétiens veulent être entendus dans le débat public, il faut qu’ils commencent par abandonner leurs querelles de chapelles pour faire front commun. Cela concerne tout à la fois l’Eglise, les associations, et les médias. Nous sommes dépositaires d’un trésor au service du bien de l’homme. Nous devons donc avoir une parole commune forte pour qu’elle soit féconde. Cette conjugaison d’énergie est vitale, car la division est le meilleur outil de l’adversaire. Nous avons donc besoin d’unité ! Sommes-nous capable aujourd’hui de nous entendre sur l’essentiel ?"