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France : Politique en France

2020. Covid : Le gouvernement face aux questions des députés. Il faut reconnaître que, au milieu du désastre, M.Macron l’a fait tenir bon sur quelques aspects (5/6)

2020. Covid : Le gouvernement face aux questions des députés. Il faut reconnaître que, au milieu du désastre, M.Macron l’a fait tenir  bon sur quelques aspects (5/6)

Petit rappel : Unité de temps : l’année 2020. Unité de lieu : l’Assemblée nationale. Unité de situation : les deux heures hebdomadaires de questions/réponses entre les députés et le gouvernement. Unité de sujet : la crise sanitaire et sa gestion. L’objectif de cette série d’articles est, en revenant sur une année d’échanges, de retirer quelques enseignements (avec l’acquis d’un certain recul) sur la façon dont le gouvernement s’est comporté dans la gestion d’une crise sanitaire « moderne ».

Tout d’abord, rappelons que le premier confinement a reçu l’adhésion de tous les parlementaires. Ainsi, le 17 mars, Mme Rabault (PS) exprime clairement son soutien

« Monsieur le Premier ministre, je vous remercie, ainsi que le Gouvernement, d’avoir pris la décision courageuse du confinement »

et Mme Mathilde Panot (LFI) quant à elle, exprime :

« Nous vous assurons, monsieur le Premier ministre, de notre disponibilité totale et du strict respect des consignes dictées par les autorités sanitaires ».

Le 7 avril, M.Paul Molac (Libertés et Territoires) rappelait :

« Monsieur le Premier ministre, voilà aujourd’hui trois semaines que le confinement s’est imposé à nous comme la seule solution pour ralentir l’épidémie de Covid-19. Il était nécessaire ; nous l’avons soutenu ».

La date du premier déconfinement a ensuite été clairement imposée par M.Macron. le 13 avril pour le 11 mai. Philippe le Humble disait le 14 avril :

« La vérité, c’est que le Président de la République a demandé au Gouvernement de préparer un plan complet de sortie – il l’a dit clairement hier ».

Et immédiatement s’est élevé un chœur de sceptiques. Le 14 avril, Mme Brigitte Kuster (LR) commence à s’inquiéter à propos des établissements scolaires :

« J’évoquerai un sujet d’inquiétude sur lequel nous attendons des réponses précises : la réouverture annoncée des crèches, des écoles, des collèges et des lycées – bien qu’elle soit nécessaire – inquiète légitimement de nombreux parents, alors que les enfants sont souvent des vecteurs asymptomatiques du virus. Quel argument scientifique justifie ces réouvertures sur l’ensemble du territoire ? Pourquoi rouvrir en premier les écoles, établissements que vous aviez pourtant fermés en premier ? Êtes-vous prêt à organiser un vrai débat à ce sujet devant la représentation nationale ? ».

Là encore, réponse évasive de Philippe-le Chaloupé :

« La vérité, c’est que le Président de la République a demandé au Gouvernement de préparer un plan complet de sortie – il l’a dit clairement hier. J’aurai l’occasion de présenter ce plan d’ensemble quand il sera prêt, largement avant le 11 mai ».

Le même jour, M.Dominique Potier (PS) pose franchement la question :

« Une des questions majeures qui se pose aujourd’hui est celle de notre responsabilité : la date du 11 mai est-elle trop précoce ? … Pouvez-vous être transparent et clair à ce sujet : notre pays dispose-t-il des moyens de tester l’ensemble de la population française, afin que le 11 mai soit un rendez-vous avec la santé pour tous et qu’il s’agisse d’une santé durable ? »

et M.Jean-Christophe Lagarde s’interroge aussi :

« Monsieur le Premier ministre, je suis un peu moins inquiet qu’hier soir : le discours du Président de la République donnait le sentiment que le 11 mai était un impératif, mais, depuis ce matin, j’entends les membres du Gouvernement parler d’un objectif et rappeler que les conditions sanitaires devront évidemment être respectées, en premier lieu pour la réouverture des écoles. Est-il indispensable de rouvrir les crèches et les maternelles, où il est impossible de respecter et de faire respecter les gestes barrières ? Qui prendra la décision d’ouverture ? Les maires, les présidents de conseil départemental, les présidents de conseil régional ou l’État ? Car cela posera naturellement un problème de responsabilité pénale. Le fonctionnement des cantines scolaires devra-t-il être assuré ? ».

M.Alexis Corbière (LFI) est plus direct :

« La date du 11 mai apparaît donc comme le début de la fin du confinement actuel. Il s’agit d’une stratégie à risque et hasardeuse, qui soulève de nombreuses questions… Pourquoi faire courir des risques aux enseignants, au personnel des écoles et aux enfants ? Vous êtes incapable de dire dans quelles conditions sanitaires l’accueil scolaire pourra avoir lieu. Sans tests ni masques, qui enverra ses enfants à l’école, si ce n’est ceux qui y sont contraints par des raisons professionnelles ? »,

tout comme Mme Marie-George Buffet (PC) :

« Hier soir, le Président de la République a ouvert la voie à une levée du confinement le 11 mai, sans vraiment lever les inquiétudes ni donner les garanties suffisantes concernant les conditions sanitaires et sociales de la sortie de crise ».

Les réponses ne sont de fait guère rassurantes. Le 21 avril, un peu comme Mme Bourguignon et son fameux « Personne n’a la solution, mais nous agissons », M.Véran affirme : « Vous avez raison, il faut apporter des réponses. Il faut les apporter tôt, parce que les attentes des Français, des acteurs économiques, des commerçants et des enseignants sont grandes. Notre méthode consiste à procéder à de très larges concertations et à travailler d’arrache-pied, du soir au matin et du matin au soir, sur chaque thématique. Nous réfléchissons, depuis le début de la crise, aux questions que vous venez de poser, d’abord dans la logique du confinement, désormais dans celle de sa levée ». On n’en saura pas plus.

Blanquer est plus didactique ce même jour :

« Un protocole sanitaire [on vous le disait…] sera établi en cohérence avec la doctrine sanitaire que le Premier ministre précisera lors de la présentation de l’ensemble du plan de déconfinement. Chacun des points que vous avez cités – internat, cantine, transport scolaire – aura été traité et fera l’objet d’un écrit. Le respect du protocole sanitaire est la condition sine qua non pour que les élèves retournent à l’école. Si les conditions posées ne sont pas remplies, l’école ou l’établissement n’ouvre pas – c’est très clair».

Alors même que, le 29 avril, toujours sur la question de la stratégie de sortie du confinement dans l’Education nationale, M.Damien Abad (LR) lance une interruption : « Personne n’ira à l’école !» et que M.Bastien Lachaud (LFI) énonce : « Le déconfinement se fera, le 11 mai, dans des conditions particulièrement hasardeuses. Parce qu’Emmanuel Macron vous a imposé une date de déconfinement arbitraire, derrière laquelle vous courez ». Relayé le même jour par M.Sébastien Jumel (Gauche démocrate et républicaine) : « Monsieur le Premier ministre, êtes-vous étonné que les deux tiers des Français soient opposés à la réouverture des écoles le 11 mai alors que nous vivons une crise sanitaire sans précédent ? Nous, pas ».

Finalement, reconnaissons qu’il a fallu un certain cran à cette majorité pour sortir du premier piège qu’elle avait elle-même creusé. La virulence de la France insoumise a été particulièrement aiguë, avec encore cette intervention de M.Loïc Prud’homme (LFI) le 22 septembre :

« Vous allégez le protocole dans les écoles… Le virus circule toujours plus vite, aidé par votre gestion inconséquente de la situation sanitaire ! Mes questions seront donc très claires, monsieur le ministre. Faites-vous le pari de l’immunité collective, oui ou non ? Que ferez-vous quand les services de réanimation seront de nouveau saturés, dans les prochains jours ? Combien de personnes avez-vous décidé de laisser mourir dans votre scénario de gestion de la crise sanitaire ? »

Prochain et dernier épisode : éléments de conclusion

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2 commentaires

  1. PS, LFI, LR, EELV, voulaient faire durer le confinement !
    Quels abrutis!

  2. Au même moment, alors que c’était le pathos de Salomon et BFM TV, Raoult disait, quasi seul “l’épidémie est finie”

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