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Pays : International

2025, l’année du nettoyage des écuries d’Augias ?

2025, l’année du nettoyage des écuries d’Augias ?

De Marion Duvauchel, Professeur de philosophie, Historienne des religions, pour Le Salon beige :

Après avoir disputé à l’Union soviétique l’hégémonie du monde tout au long de cette période singulière qu’on a appelé « la guerre froide », les États-Unis sont restés l’unique super-puissance. Les dirigeants américains en ont eu le jugement égaré. Leur approche des réalités internationales se résume depuis au sentiment d’être désignés pour régenter la planète. Les attentats du 11 septembre ne les ont pas seulement blessés dans la chair de leurs concitoyens mais dans leur orgueil national. On ne fait pas ça au maître du monde. On ne devrait faire ça à personne d’ailleurs…

En 2003, ils ont occupé l’Irak parce qu’il détenait prétendument des armes de destructions massives. Maurice Druon (Le Franc-parler) assure qu’on a argué d’un prétexte de dernière minute : la portée de missiles irakiens étaient de 180 km au lieu des 150 autorisés. « En vrai », les États-Unis ont voulu « déchouquer » Sadam Hussein parce qu’il régnait alors sur l’un des plus riches gisements pétroliers. Les plans sur la région des dirigeants américains sont restés flous, au moins dans les discours : occuper durablement l’Irak ou réorganiser la région pour en faire un proconsulat ?  Saddam Hussein avait sans doute des ressemblances avec Hitler, mais confiné dans son territoire, il n’en avait pas les moyens. Il faut faire un peu d’histoire ancienne : l’empire romain a fini par se briser sur de telles entreprises.

L’histoire des États-Unis est courte. On a dit longtemps que c’était un peuple jeune, on le dit encore quoique ce peuple a vieilli prématurément, trop vite et sans prendre le temps de mûrir, ce qui est toujours regrettable. Les bilans ne sont pas inutiles : sans parler de la tragédie du Vietnam, ils ont soutenu les colonels grecs avec pour résultat le drame chypriote dont le monde s’est accommodé ; ils ont trahi le shah d’Iran, et ont eu pour récompense le régime des Ayatollah ; ils ont favorisé l’Arabie saoudite, qui s’est révélée et se révèle toujours le réservoir humain et surtout le pourvoyeur financier du terrorisme islamique ; et enfin, ils ont fabriqué Ben Laden qui a fini par leur envoyer ses kamikazes. On ne joue pas impunément avec la poudre du Politique. Elle finit par vous exploser à la figure.

Au moment de l’entrée en guerre contre l’Irak, un front de sagesse s’était alors formé de Paris à Pékin : l’Ancien monde appelait le Nouveau à la retenue, au bon sens, à la raison prudentielle. On a voulu le dissuader de commettre une catastrophe. On avait alors Bush et Blair, le front anglo-saxon et sa double suffisance, l’ancienne et la nouvelle.

2003. C’est alors que la presse anglaise a donné libre cours à un sentiment nouveau : la haine de la France.

En 2003, on a vu la mondialisation de la diplomatie. La Turquie marchandait alors sa situation de dominion des États-Unis. C’était la preuve qu’elle n’avait rien à faire dans l’Union européenne. Elle ne marchande plus. Depuis 1920, elle veut un Caucase musulman et un grand espace turcophone. L’Arménie est sur leur trajet ; que Dieu lui vienne en aide : quand elles étaient de grandes puissances, les puissances européennes ont laissé les Turcs massacrer les Arméniens. Et là, c’était bien un génocide… L’Azerbaïdjan, ce protectorat de la Turquie, a depuis peu revu l’histoire caucasienne et il a fait de l’Albanie du Caucase, la troisième chrétienté du Caucase, disparue au VIIIe siècle, un ancien berceau azerbaïdjanais. (Marion Duvauchel, D’un Caucase chrétien au Caucase musulman, à paraître en février 2025). Quand on sait que la république d’Azerbaïdjan naît au XXe siècle, et que les hommes politiques qui émergent sont turcophiles, on est en droit de s’étonner de ces revendications sur une terre de christianisme ancien, abghanien puis arménien. Il n’y a rien de nouveau sous le noir soleil du politique. Gaza occupe tous les hauts parleurs et toutes les antennes. Hélas, la compassion des journalistes ne tourne pas leurs micros et leurs caméras vers la barre montagneuse du Caucase, là où les Anciens voyaient la limite de l’Europe et de l’Asie. On y enchaîna Prométhée. Mais qui connait encore la mythologie grecque ? Les mangas sont passés par là…

2003. Cette même année, dès qu’on prononçait le nom de Poutine, on hurlait : « les Tchétchènes, les Tchétchènes ». Il y a près de trois siècles que la Tchétchénie est une épine dans le pied de la Russie. Il est vrai qu’ils n’y sont pas allés de main morte. En face, ce n’était pas des enfants de chœur non plus. L’incendie se serait communiqué à toutes les Républiques musulmanes d’Asie. Poutine était alors en bonne entente avec Jacques Chirac et avec la France. La Gauche a modifié la donne. On peut voir le résultat.

Comme le disait Jean-Marie Zemb, philosophe nourri d’Aristote « comme la guerre est un recours coûteux qui de toute façon devra conduire à la table des négociations, le plus expédient serait de commencer par elles ». Mais lorsque même la table des négociations est « pipée », on sait que la guerre va continuer. Zélensky finira bien par s’asseoir à une table des négociations. Laquelle et qui va la régenter en sous-main ? Plus grave pour notre honneur national et pour la paix, la France pourra-t-elle peser sur les décisions, et pour une fois depuis les longues années de la Gauche au pouvoir, peser avec intelligence, bon sens et pour le bien de la Nation, sinon pour le Bien tout court.

Trump n’ignore sans doute pas que les États-Unis n’excellent pas dans les entreprises extérieures ou coloniales. Il n’a pas envie de faire la guerre. Quoi qu’on ait prétendu, il n’est pas idiot à ce point. Le motif en est peu glorieux, : ça n’est pas bon pour les affaires. Mais qu’est-ce que ça fait pourvu qu’il y mette un terme ? Cela ne dépend pas que de lui de toute manière… Il veut redonner à l’Amérique et aux Américains une gloire en berne et une économie souveraine ? On aimerait pareilles ambitions chez nous. Il pense le politique sur le mode économique, et le mode économique sur le mode guerrier ? Sans doute se calmera-t-il… Trump donne le sentiment d’écouter ce qui vient du peuple : le rejet du wokisme, de la tyrannie LGBT et de toutes les folies qui escortent cette nouvelle donne anthropologique qu’on prétend imposer en Europe. C’est pur calcul ? Peut-être. Et alors ? Le calcul en politique est une nécessité. Depuis Machiavel, on a fait de la devise « la fin justifie les moyens » une théorie du politique et un fait acquis. Ceux qui voudraient encore en discuter sont de pauvres niais. La Gauche française des derniers quinquennats prétend gouverner au nom de valeurs universelles qu’elle a su dévoyer et qu’elle a instrumentalisées à loisir. Pour elle aussi la fin justifie les moyens.

Toute une partie du monde européen se félicite du changement de cap en matière de mœurs opéré par le nouveau président des Etats-Unis d’Amérique. Il était temps et c’était souhaitable. L’autre faction se mobilise pour résister à aux oukases de Donald Trump. Pendant ce temps, on sort les pro-vie des prisons, on stoppe net la propagande LGBT, on remet le seul drapeau américain dans les ambassades. Exit le drapeau arc en ciel. On met un peu d’ordre, pour faire bref, et on redonne à la vie ses droits écrasés et bafoués. Donald Trump manque de classe, il est plein d’outrecuidance, de forfanterie, il aime les belles femmes et il a une vie privée désordonnée… Je doute qu’il ait lu Hannah Arendt, mais nous avons bien l’inculte Emmanuel Macron à la tête d’un pays de vieille culture, (et pas seulement d’une culture technicienne). Trump convoite le Groenland. Je suis d’accord que ce n’est pas bien. Eh bien que l’Union Européenne défende le Danemark ! Elle cessera peut-être d’enquiquiner nos paysans et d’inventer de nouvelles tracasseries écologiques pour sauver la planète.

Nous voyons peut-être – peut-être – se désagréger sous nos yeux le mythe de la toute puissance américaine, voire la toute puissance américaine elle-même. Le président Poutine appelle cela le monde multipolaire. Je ne vois pas au nom de quoi on se scandaliserait de cette perspective.

Outre les faits divers consternants qui nous sont rapportés quotidiennement, le monde ubuesque qui est devenu le nôtre a des racines profondes. Qu’on en juge. En 2003, on a créé en France un Conseil de la jeunesse. Quatre-vingt associations en sont membres. On avait déjà alors les Verts et Alternatifs, on a désormais l’Association des Nanas beurs (sic), la Fédération nationale des maisons de potes, la MAG ( ?) des Jeunes gais et lesbiennes avec sa variante, les Scouts gais et lesbiens. Maurice Druon, qui communique cette information dans son livre Le Franc-parler, s’interroge en académicien qu’il est alors : cette liste est-elle passée sous les yeux du ministre de la Jeunesse et de l’Éducation nationale ? Si oui, dit cet homme de droite et de bon sens, la République est folle.

Mais oui, la République était déjà folle. Et manifestement, l’Église lui avait déjà emboité le pas !

Il est bon de conseiller la jeunesse. Si on peut le faire dans le respect de la langue française, c’est mieux. Mais le problème est délicat : beur au féminin, cela devrait donner « beurre », ce qui est fâcheux, on a donc féminisé avec « beurette ». C’est donc un choix grammatical dicté par le bon sens et le sens du réel. Je suis une « beurre », ça sent un peu trop le p’tit Lu ou les galettes bretonnes. C’est anecdotique je le sais, mais je tenais à signaler le fait à l’Académie, au cas où un académicien lirait ma prose.

Montesquieu disait qu’un immense empire suppose une autorité despotique. La France n’a plus son empire colonial et elle n’est plus une grande puissance. Récemment sur les plateaux télé on osait (enfin) dire que l’Europe se comporte comme le valet des États-Unis. Ce qui est parfaitement vrai. Une interview de Poutine dans un taxi est à ce titre, éclatante : selon ce nouveau despote, nous allons nous coucher comme des chiens aux pieds de Trump. Cela n’a gêné personne qu’on soit les laquais de Biden et de son État-major. Pourquoi cela devrait-il nous scandaliser d’être les valets de Trump ? Nous sommes cependant en droit d’espérer que son mépris ouvertement affiché va susciter quelques réactions et que les pays de l’Europe qui ont encore un peu de fierté se redresseront et reprendront leur indépendance.

Il n’est que temps.

Peut-être un jour, dans quelques années, un journaliste écrira un article qui commencerait ainsi : 2025. Rêvons…

2025 : l’année du recul des tyrannies conjointes woke et LGBT ; l’année du retour au bon sens et au courage ; l’année du recul des prétentions musulmanes, des boucheries hallal et des coiffeurs points de deal ; celle où l’on a cessé de décapiter les professeurs et de sortir les armes blanches dès qu’on vous bouscule dans le métro.

2025 : l’année où les femmes ont repris leurs esprits et ont renoué avec les hommes et avec les pères des relations bienveillantes ; celle où l’on a pu voir de nouveau à l’affiche des films emprunts d’une grâce oubliée.

2025 : l’année encore où les publicités sont revenues en langue française, avec de la musique française ; l’année où ont enfin disparu les abjectes publicités montrant le sang des menstrues pour vendre des serviettes hygiéniques, avec des femmes de couleur encore plus grasses que dans les tableaux de Rubens ; l’année encore où l’on a cessé de programmer les pubs d’une révoltante vulgarité où une voix d’adolescent vante la bouche pleine les burgers-chose responsables de l’obésité galopante.

2025 : l’année où nos écoles ont enfin cessé d’être des mouroirs d’intelligence, où l’on a sanctionné les harceleurs puni les tricheurs et donné des notes méritées.

2025 – Une fédération de parents d’élèves a porté plainte contre AXA pour avoir lancé une publicité pour une assurance avec une clause de soutien en cas de harcèlement scolaire. Ils ont gagné leur procès. Plusieurs ministres de l’Éducation nationale ont dû indemniser toutes les familles d’enfants harcelés. Élisabeth Borne a dû vendre sa gentilhommière.

2025 Les écuries d’Augias, vous vous rappelez ?

C’était une tache dévolue aux esclaves et qui fut donnée à Hercule pour l’humilier. C’était moins glorieux que le lion de Némée ou l’hydre de Lerne, mais il en aurait fallu bien plus à ce Rambo du monde antique pour se sentir gêné d’avoir à se charger d’un pareil nettoyage.

Il lui fallut quand même détourner deux fleuves pour nettoyer toute cette saleté.

Et nous, il nous faudrait combien de fleuves ?

Réveillons-nous. Je rêvais…

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