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L'Eglise : Vie de l'Eglise

22 mai : traditionnelle procession dansante de saint Willibrord

Unknown-2La traditionnelle procession dansante de saint Willibrord aura lieu à Echternach (Luxembourg) le mardi 22 mai. Monseigneur Jean-Claude Hollerich, archevêque de Luxembourg, la présidera. Elle sera prêchée cette année par Monseigneur Félix Genn, évêque de Münster (Allemagne). Monseigneur Genn est originaire du land allemand voisin de Rhénanie-Palatinat. Il a été directeur du séminaire de Trèves puis évêque auxiliaire de la ville, qui est voisine d’Echternach d’une trentaine de kilomètres. 

Contrairement aux années antérieures aucun groupe de pèlerins français n’est annoncé.

L’attitude de l’Eglise face aux danses sacrées ne fut pas univoque au cours des temps. D’un côté, les psaumes invitent à la danse pour exprimer la joie, des décisions conciliaires de l’autre interdisent les danses sacrées de provenance païenne par crainte d’abus. Vu certaines caractéristiques celtiques notées dans les anciennes descriptions, on peut admettre que la procession actuelle est la continuation des rites païens christianisés par les missionnaires venus de Grande-Bretagne et d’Irlande.

Le fait est que tout de suite après la mort de St Willibrord le 7 novembre 739, les pèlerins affluèrent en masse vers le tombeau du saint. La plus ancienne mention d’une danse sacrée à Echternach est faite dans une séquence du moine Berno de Prüm, abbé à Reichenau de 1008 à 1048. Cette séquence mentionne le jour de fête où la louange du Christ doit être célébrée par un grand tripudium (danse sacrée) en l’honneur de St Willibrord. Elle vise donc une procession dansante précise qui a lieu un jour précis à Echternach. Cette mention ne peut se rapporter à la procession dansante de Prüm qui n’a pu être instituée qu’au 13e siècle. Il en résulte aussi que la procession dansante a lieu en l’honneur de St Willibrord.

Cette procession devait connaître une certaine évolution avec le temps. Pour lui assurer une existence durable, elle prit la forme d’une procession dite des croix banales : plus de 150 localités étaient obligées de se rendre à Echternach les jours de la Pentecôte pour y déposer les offrandes imposées. Suite aux nombreuses maladies et épidémies que nos régions ont connues du 11e au 14e siècle, les gens ont décidé de faire le pèlerinage au tombeau de St Willibrod et de se confier à lui en effectuant la procession dansante. Il y eut à cette époque plusieurs manières de procéder dont se servaient les « saints dansants ». On appelait ainsi les pèlerins qui, dans une situation de détresse, se sont obligés par un vœu ou se sont mis sous la protection particulière d’un saint. A Echternach, trois façons d’avancer en procession sont connues lesquelles ne furent pas pratiquées le même jour. Ainsi on mentionne les saints dansants de Bickendorf et d’autres localités qui avançaient en faisant un pas à droite, à gauche et puis en avant, s’arrêtant pour prier ou chanter sur place, et continuaient leur marche jusqu’à l’arrivée en l’église abbatiale.

Il y avait aussi les « saints debout » qui remplaçaient le saut par un triple pas. Plus tard s’y joignirent les danseurs de Waxweiler dont la façon de danser particulière supplantait tous les autres modes. Par la suite d’autres groupes se formaient et adoptaient la danse des pèlerins de Waxweiler. Il semble que ces derniers ont contribué ainsi à faire disparaître l’ancienne manière de danser, le tripudium dont le signal de marche était donné par 2 ou 3 musiciens seulement. Avaient-ils introduit une mélodie particulière avec leur façon nouvelle de danser ? Les historiens ne se prononcent pas à ce sujet.

Malgré les interruptions et les interdictions, la procession s’est maintenue jusqu’à nos jours. Le cliché assez commode utilisé par les hommes politiques et les journalistes qui veut qu’on saute en avant de plusieurs pas, puis qu’on recule repose sur une erreur. Celle-ci s’explique probablement par le fait que dans le temps l’organisation de la procession était assez chaotique. Lorsque la procession n’avançait pas, les danseurs devaient sauter sur place et parfois refluer un peu, de sorte qu’on a interprété cette situation comme la manière prescrite de danser. Cette erreur fut souvent recopiée par la suite, mais déjà au 19e siècle elle fut contredite par des témoins oculaires dignes de foi. Néanmoins certains groupes se croyaient obligés de respecter cette prétendue tradition. A partir de 1947, tous les danseurs avancent en sautant obliquement d’un pas vers la gauche, puis vers la droite.

La mélodie de la danse repose sur un air populaire assez primitif qu’on retrouve sous différentes variantes dans toute l’Europe. Elle fut élargie et harmonisée au cours des 19e et 20e siècles. La Procession dansante attire encore les hommes de notre temps, car elle permet d’inclure tout le corps dans la prière. La danse est expression de la joie, mais inclut également une certaine pénitence par l’effort qui est demandé. Elle communique également le sentiment de faire partie d’une communauté, du peuple de Dieu en marche vers l’Eternité. 12 à 14 000 pèlerins participent chaque année, le Mardi de la Pentecôte, à la procession et parmi eux 8 à 9 000 danseurs.

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