Les deux sujets qui, en apparence n’ont rien à voir, sont étrangement liés. Le SNU est placés sous la responsabilité de la secrétaire d’Etat Sarah El-Haïry et est désormais rattaché au ministère des armées et à celui de l’éducation nationale (l’ordre est important). Pourtant, à ce stade, c’est bien l’éducation nationale qui en a la charge : une seule journée est consacrée à l’équivalent de la JDC…
C’est un euphémisme de dire que le SNU est vraiment mal parti. On ne compte plus les articles mettant en évidence les difficultés pour sa mise en œuvre universelle, c’est à dire obligatoire pour une classe d’âge. Politis a sorti un article résumant ces difficultés et c’était avant le 49-3 des retraites :
D’après nos informations, l’exécutif préférerait généraliser le service national universel (SNU) avec une obligation en temps scolaire pour tous les jeunes en classe de seconde et en première CAP. Pour ce faire, le gouvernement devra modifier la loi et donc passer par le Parlement (…)
Personne ne souhaite un dérapage dans un contexte social aussi tendu. En témoigne les reports répétés des annonces du chef de l’État sur le SNU. Elles devaient d’abord avoir lieu quelques semaines après les vœux du président, le 31 décembre. Puis en février. Désormais en mars. Voire « entre mars et juin », indiquait Sarah El Haïry à l’un de ses interlocuteurs, en début de mois (…)
Cette généralisation à marche forcée est estimée à 2 milliards d’euros annuels (…)
Plusieurs modules seraient ensuite imposés sur des enjeux liés à la défense, à la sécurité intérieure, à la mémoire, à la transmission « des valeurs de la République » ainsi qu’à la biodiversité et au développement durable. L’engagement dans des métiers en uniforme, dans des associations et dans l’économie sociale et solidaire serait aussi abordé. En revanche, le permis de conduire et le diplôme du Bafa ne seraient finalement pas proposés gratuitement au cours du séjour de cohésion (…)
Au niveau de l’encadrement, le SNU continuerait d’être pris en charge, en théorie, par des personnels de l’Éducation nationale en détachement, des militaires en retraite et des personnels de l’éducation populaire à parts égales. Malgré des cultures pédagogiques pourtant bien différentes. Pour convaincre les animateurs réticents, le chantage à l’emploi tourne à plein-régime. Le gouvernement promet un CDI à temps-plein, alors que le secteur peine à recruter.
À terme, 800 000 jeunes seraient donc répartis à travers la France, chaque année. Un important changement d’envergure, alors que l’année 2021 n’avait attiré que 30 000 volontaires. L’obligation en temps scolaire fait craindre aux syndicats d’enseignants une pression sur la tenue des programmes (…)
D’un point de vue logistique, « une telle montée en puissance implique l’accès à des bâtiments pour colonies de vacances afin de recevoir des cohortes d’au moins 150 jeunes, sur des périodes qui se multiplient dans l’année », précise-t-il, alors que les départements n’en sont pas tous pourvus de manière égale.
Selon les calculs du Syndicat national des personnels du ministère de la Jeunesse et des Sports CGT, 168 hébergements d’éducation populaire ont été recensés en France, offrant une capacité totale de 360 000 résidents. « Où emmener les 440 000 restants ? Faut-il prendre les classes entières ou diviser les élèves ? Sur quels critères ? » (…)
Pour Samuel Béguin du FFJ, c’est l’obligation qui passe mal. « Rendre obligatoire un engagement, c’est un oxymore. Ce n’est pas comme ça que fonctionne l’engagement », pointe-t-il.
Ses inquiétudes portent aussi sur la réponse apportée aux jeunes qui refuseront de réaliser leur SNU. Parmi les 30 000 volontaires en 2021, 37 % avaient un parent qui travaille ou a travaillé dans l’armée, la police, la gendarmerie ou chez les pompiers. De quoi nuancer l’enthousiasme des jeunes qui ont participé et les objectifs de mixité sociale tant vantés par le gouvernement. Mais que répondre aux potentiels dizaines de milliers de jeunes réfractaires au SNU ?
« L’objection de conscience ne pourra pas être évoquée, les jeunes n’utilisant pas d’armes », balaie Sarah El Haïry à une organisation syndicale reçue début février, assurant que les gendarmes n’iront pas toquer à la porte des parents pour venir les chercher.
Quel rapport avec la Loi de Programmation Militaire ?
Pour des raisons techniques d’agenda parlementaire, il serait envisagé par le gouvernement de glisser le budget du SNU dans la LPM tout en promettant aux militaires que, promis, juré, on ne toucherait pas au budget des armées. Cet argument sous forme de promesse ne convainc personne au sein des armées :
Il se dit que la tentation grandit d’inclure le SNU dans le périmètre de la LPM. “Ce n’est pas arbitré”, précise le cabinet de Sébastien Lecornu. “Toutes les options sont ouvertes”. L’option a un coût de deux milliards d’euros par an. Autant en moins sur les 413 fameux milliards déjà écornés par l’inflation, la dissuasion nucléaire etc.
“Il y a beaucoup de déception dans les armées“, résume Frank Giletti, du Rassemblement national, qui craint qu’elles redeviennent “la variable budgétaire”. D’incertitudes en déconvenues, “le machin fond comme neige au soleil”, raille un bon connaisseur de la tuyauterie budgétaro-parlementaire. Il se dit surpris de voir “les industriels très énervés, les députés aussi” et constate que “l’Institution militaire ne s’était jamais aussi ouvertement plainte”.
Car, en plus du coût du SNU, il semblerait qu’Elisabeth Borne accepte la LPM (2024-2030) mais refuserait d’augmenter le budget des armées avant …2027, faisant ainsi reposer sur le successeur de Macron tout l’effort financier et ruinant les projets d’investissement indispensable dès 2024 :
Ces élus s’inquiètent de plusieurs information récentes publiés par des confrères: le gouvernement envisagerait d’échelonner la hausse du budget de la défense, la flotte finale d’A400M serait réduite de 30 %, sept patrouilleurs hauturiers seraient commandés au lieu des dix prévus, le nouveau standard pour le Tigre serait revu à la baisse, etc.
A ces questions, le cabinet du ministre des Armées répond que la LPM sera bien présenté en conseil des ministres “fin mars, début avril” (de 2023, bien sûr). Chez les parlementaires, on rappelle que la semaine du 3 au 7 avril serait une date idéale puisqu’après, ils seront en vacances pendant deux semaine et que, si l’on veut que le texte soit présenté au Parlement en juin, il restera peu de temps pour réfléchir et ajuster.
Qui tient la clé de tout ça? Le Président, qui va devoir vite trancher et arbitrer, quitte à déplaire soit à la Première ministre (“qui n’était déjà pas favorable à la trajectoire de la LPM arbitrée par le Président à 413 milliards d’euros, et qui a quelque peu saboté la stratégie de remontée en puissance des armées”, selon mon confrère Michel Cabirol) soit au ministre des Armées, les deux ministres s’affrontant sur la ventilation des fameux 413 milliards pour les 7 années de la future LPM.
Dans le contexte politique actuel, il est quasiment impossible d’imaginer une annonce présidentielle concernant le SNU ou alors Emmanuel Macron est encore plus hors sol que l’entendement pourrait le permettre. La décision aujourd’hui du report de la loi immigration et asile à une date ultérieure tend à montrer que les projets sont au point mort !
Tant pis pour les armés et la défense de la France…
Magistro78
Avec “zezette épouse X” et l’éducation nationale pour porter un truc pareil, on peut craindre le pire effectivement.
Moi
Macron et Borne ont raison. Compte tenu de la conjoncture internationale, il n’y a aucune utilité à augmenter le budget de l’armée et à améliorer ses équipements… (c’est ironique)
Reine Tak
Le gouvernement est composé deux mots : gouverne et ment. De même pour le parlement qui parle et ment quant aux parlementaires c’est aussi parle, ment et taire ou plutôt, faire taire toute contestation.
Comment peut-on accorder un quelconque crédit à ceux qui n’ouvrent la bouche que pour mentir sur les décisions prises “dans l’intérêt de la France et des Français”, sur les réformes, sur les écoles, sur la sécurité, sur les services publics, sur la guerre qu’ils veulent nous faire mener…?
Toute cette bande de galapiats doit être dégagée au plus vite pour que vive la France.
lefleuriste
SNU : Service National Universel
C’est national ou universel, je ne comprends pas ?! C’est dans le cadre de la république française ou de la république universelle ?
« à la transmission « des valeurs de la République » »
Et les valeurs françaises, on oubli ?! C’est beau l’endoctrinement républicain.
« Il y a beaucoup de déception dans les armées »
De son temps, la garde prétorienne savait y faire avec les mauvais empereurs. Un coup de mou dû au droit-de-l’homme ?