Un article assez étonnant du quotidien Le Pays au Burkina Faso, montre que le choix de Mayotte de rester française alors que l'ensemble des Comores et des autres Etats africains faisaient le choix de l'indépendance est aujourd'hui un choix envié, de façon tacite, par nombre d'Africains, qui comparent le développement de l'île restée dans l'ombre protectrice de la France au reste de l'archipel qui a sombré dans le chaos et la pauvreté, tout comme la majeure partie de l'Afrique.
"1976-2016 ! Voilà quarante ans que Mayotte se prononçait en faveur de son rattachement à l’Hexagone, sous le statut de collectivité territoriale d’Outre-mer. […]
Et il suffit de comparer Mayotte aux Comores pour s’en convaincre, tant la différence crève les yeux. C’est le jour et la nuit, pour ainsi dire. En effet, alors que les Comores n’ont pas encore fini avec les spasmes sociopolitiques sur fond de coups d’Etat, Mayotte connaît une embellie économique qui fait d’elle aujourd’hui un pôle d’attraction pour ne pas dire un eldorado. A preuve, des milliers de Comoriens tentent chaque année, et ce sur des embarcations de fortune, de rejoindre la petite île de l’océan indien à la recherche d’un mieux-être. Les flux migratoires sont si importants que les autorités mahoraises, prenant toute la mesure du péril, décident parfois de rapatrier par dizaines de milliers, certains clandestins. Dites-nous bonnes gens, comment voulez-vous que dans ces conditions ceux qui ont choisi de rester «esclaves» envient ceux qui ont décidé de s’affranchir de la tutelle de leurs maîtres ? Combien de pays africains dits indépendants sont à l’image des Comores ? Quand ce n’est pas l’instabilité politique, ce sont les conflits ethniques et le tripatouillage des Constitutions qui caractérisent bien des pays africains, tant et si bien que désemparés, les jeunes, au péril de leur vie, décident d’aller à la recherche d’une vie meilleure. Conséquences : beaucoup meurent dans la Méditerranée, dévorés par les requins tandis que d’autres crèvent de faim dans le désert, s’ils ne deviennent pas des proies faciles pour les djihadistes.
En tout cas, une chose est sure. Ils sont nombreux, les peuples africains qui, comme Fama d’Ahmadou Kourouma, regrettent aujourd’hui leur indépendance vis-à-vis du colonisateur. Et si jamais, on devrait soumettre à référendum le rattachement de leurs pays respectifs à leurs anciennes métropoles, il y a fort à parier que le oui l’emporterait largement. Et cela, parce que l’élite politique africaine a fait montre d’une incurie à nulle autre pareille dans la gestion du pouvoir d’Etat. Si fait que les indépendances acquises de haute lutte n’ont finalement servi à rien. En effet, combien sont-ils ces présidents africains réélus ou nouvellement élus qui, avant toute action d’envergure, cherchent d’abord l’onction de l’ex-puissance coloniale ? Dieu seul sait s’ils sont nombreux. Et les Mahorais, ne voulant donc pas jouer à ce jeu de cache-cache qui frise l’irresponsabilité, ont choisi, en toute connaissance de cause, de rester attachés à la France, au grand dam des panafricanistes et autres souverainistes du continent qui souhaiteraient voir Mayotte dans le concert des nations africaines. Ces derniers feignent d’oublier que, quand un prisonnier refuse la liberté, c’est sans doute parce qu’il trouve mieux dans l’univers carcéral. C’est le moins que l’on puisse dire."
Ce que l'auteur ne dit pas, mais que beaucoup de métropolitains pensent et disent sans complexes, c'est que la colonisation a coûté très cher à la France (et lui coûte encore très cher) et a freiné son propre développement, que Mayotte est un boulet que traîne la France à son corps défendant, que si on a demandé aux Mahorais leur avis pour être ou non Français, on s'est bien gardé de demander aux Français ce qu'ils en pensaient, et que si on le faisait, il y a fort à parier que les Français diraient non. En réalité, on a plutôt l'impression que ce sont les anciens colonisés qui colonisent aujourd'hui l'ancien colonisateur.