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Culture

La Pentecôte peinte par Le Greco

La Pentecôte peinte par Le Greco

À l’occasion de la Pentecôte, le magazine Gloria proposons une analyse du tableau du Greco illustrant la descente de l’Esprit-Saint au cénacle.

La Pentecôte est racontée au début du chapitre 2 des Actes des Apôtres. Les apôtres sont tous ensemble au cénacle, une salle haute.

« Tout à coup, il vint du ciel un bruit comme celui d’un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils étaient assis. » (Ac 2, 2)

Pour bien montrer que c’est une chambre haute, Le Greco peint un escalier, au bas duquel se trouvent deux apôtres. Plutôt qu’un simple plafond, il crée une voûte, la pièce ressemblant ainsi à une chapelle avec une coupole.

Après ce grand bruit, « ils virent paraître des langues séparées, comme de feu ; et il s’en posa (une) sur chacun d’eux » (Ac 2, 3).

Le Greco a suivi les indications du texte biblique en plaçant une flamme au-dessus de chaque personnage du tableau. Les corps eux-mêmes, saisis par l’Esprit, semblent bouger comme des flammes, tant ils sont animés du feu divin. Ils resplendissent de la lumière qui descend sur eux. Le chatoiement des étofes aux couleurs vives amplife cet efet. De porteurs de lumière, ils deviennent eux-mêmes lumière.

Les langues de feu sont la manifestation des dons de l’Esprit-Saint :

« Et tous furent remplis d’Esprit-Saint, et ils se mirent à parler en d’autres langues, selon ce que l’Esprit leur donnait de proférer. » (Ac 2, 4)

Tout en haut du tableau, le peintre a représenté une colombe entourée d’un halo lumineux : elle symbolise l’Esprit-Saint. Ce symbole vient directement de l’Évangile, au moment du baptême de Jésus, « l’Esprit-Saint descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe » (Luc 3, 22). Le halo éclaire la scène et deux apôtres aveuglés tentent de s’abriter de cette lumière avec leur main ou leur bras.

Judas, l’un des douze apôtres choisis par Jésus, a trahi le Christ et s’est pendu. Pour le remplacer, « le sort tomba sur Mathias, qui fut associé aux onze Apôtres » (Ac 1, 26). C’est pourquoi, on peut compter douze apôtres sur ce tableau. Au premier plan, de dos au spectateur, se trouvent Pierre (à droite) et Jean (à gauche). Pierre, sur la pointe des pieds, bascule en arrière, comme ébloui par la lumière divine. D’une main, il se retient à la rampe de l’escalier, et de l’autre, paume ouverte vers le ciel, il semble accueillir les dons de l’Esprit. À ses côtés, Jean semble en extase. Même de dos, il rayonne, tant il est inondé de la lumière divine. Même si on ne peut guère mettre un nom sur chaque disciples, le peintre a soigné le visage de chacun. Leur expressivité, allant de la stupeur à l’adoration, fascine le spectateur.

Alors que le peintre a placé ses personnages dans un cadre étroit où ils semblent avoir à peine la place de bouger, tout est en mouvement. Par les jeux de lumière, on voit concrètement la descente de l’Esprit-Saint sur les apôtres. Les langues de feu sont elles-mêmes en mouvement.  La venue de l’Esprit-Saint provoque un tourbillon dans lequel les apôtres sont entraînés. Chacun bouge, bascule ou se contorsionne pour mieux voir. Les regards et les gestes de bras soulignent ces mouvements.

Le passage des Actes des Apôtres ne mentionne pas la présence de la Vierge ni d’aucune femme lors de la Pentecôte. Cependant, il est dit au chapitre précédent que les apôtres
« persévéraient dans la prière, avec quelques femmes et Marie, mère de Jésus » (Ac 1, 14). Le Greco a représenté Marie au centre du groupe, elle est le personnage qu’on voit le mieux. La lumière divine l’éclaire particulièrement. Les mains jointes, elle tourne les yeux vers la colombe. Derrière elle, Marie-Madeleine et un apôtre (vêtu de vert) la regardent : ils font parte des rares personnes du tableau à ne pas lever les yeux vers l’Esprit-Saint.

Si on compte les personnages masculins, il y en a treize et non douze. De ce personnage supplémentaire, à droite, on ne voit que la tête. Il semble fixer le spectateur. On considère souvent que Le Greco s’est peint parmi les disciples, comme pour nous faire entrer dans la scène, afin de nous faire méditer sur la Pentecôte. Ce personnage nous fait comprendre que si les apôtres ont reçu les dons de l’EspritSaint au cénacle, cinquante jours après Pâques, tous les chrétiens en bénéficient (par le sacrement de confirmation).

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