A l’occasion du 41e festival d’art sacré de Champeaux, nous avons interrogé Michel Vauthrin, directeur artistique :
Pouvez-vous nous présenter le 41e Festival d’art sacré de Champeaux, qui se déroulera durant le mois de juin ? Cette année le thème retenu est “Traditions”. Quelles sont ces traditions et pourquoi s’y accrocher ?
Le Festival de Champeaux se déroule dans une magnifique collégiale gothique à l’acoustique exceptionnelle qui se situe à proximité de Vaux-le-Vicomte à 45km au sud-est de Paris. Champeaux est la patrie de Guillaume de Champeaux, grand philosophe du Moyen-Age, maître d’Abélard et ami de Saint Bernard.
Notre 41ème édition continue sa tradition de diffuser des musiques sacrées exclusivement, de différentes époques et cultures avec le souci de faire découvrir des musiques peu connues toujours interprétées par des musiciens de grand talent.
Nous commencerons le 9 juin par la fameuse Famille Lefèvre qui a remporté l’émission “La France a un Incroyable talent” en 2020 que nous avons découvert sur internet et qui a vraiment un incroyable talent. C’est du très haut niveau, dans différents styles et permet d’atteindre tous les âges et milieux, même des gens qui ne vont pas souvent au concert.
Suivra le 10, la veille de la Fête-Dieu Ecce panis angelorum, une messe du XVIème siècle composée par Jean Barra pour la Fête du Saint-Sacrement par l’ensemble Vox Cantoris qui a redonné vie à tant de partitions oubliées et qui fait vivre ces polyphonies inspirées du grégorien avec une ferveur inoubliable.
Le 11, nous aurons la messe du festival, avec le répertoire grégorien pour la Fête-Dieu, dont les textes ont été écrit par Saint Thomas d’Aquin dont c’est le Jubilé. Un dominicain spécialiste de Saint Thomas viendra célébrer la messe.
Dans l’après-midi, il y aura à 15h une visite-conférence de la collégiale suivie d’un concert “Corpus Christi” avec des chants inspirés du grégorien dans différentes époques par le chœur Res Severa qui nous aura aidé à chanter la messe du matin. On le voit, le grégorien qui est , comme le concile l’a rappelé, le “chant propre de l’Eglise latine” a été la source d’une tradition toujours vivante, pourvu qu’on la veuille servir.
Le 16, nous accueillerons le Chœur Russo-ukrainien du séminaire orthodoxe Saint Geneviève qui nous interprétera des chants liturgiques des origines de l’orthodoxie à nos jours. Ils nous montreront combien leur tradition est vivante et suscite encore de nos jours des chants liturgiques magnifiques.
Le 17, ce sera la musique baroque qui aura l’honneur de chanter la Vierge Marie avec le Stabat de Pergolèse et le Stabat de Vivaldi avec un merveilleux couple de chanteurs convaincus et fervents, membres de La Cathédrale Invisible, fondé avec James Bowman, malheureusement décédé récemment.
Nous terminerons le 21 juin, pour la Fête de la Musique par un Concert-Promenade illuminé aux chandelles, un voyage dans l’espace-temps de la collégiale avec des chants appropriés à chaque espace traversé. Une sorte de veillée où la prière pourra évidemment être possible. Nous faisons cela depuis d” nombreuses années avec succès. C’est, pour nous un. des moments les plus importants de l’année.
Ce festival est-il uniquement culturel ou comprend-il une dimension spirituelle, voire cultuelle ?
Vous l’avez compris, il ne s’agit pas pour nous de faire encore seulement du culturel mais bien de proposer, comme nous l’aimons dire, de “partager la Beauté” avec croyants et incroyants en espérant toucher ceux-ci et nourrir ceux-là. Il s’agit de faire dialoguer Foi et culture, d’évangéliser la culture et par la culture, de faire découvrir la beauté de la Foi par les œuvres qu’elle a inspirées, d’amener à la contemplation… et la prière liturgique.
Nous avons souvent constaté sinon des conversions, sinon la levée de blocages chez des gens soi-disant non-croyants. Nous avons aussi chaque année un Office réel des Ténèbres le Vendredi Saint intégrant l’œuvre d’un grand compositeur avec les répons grégoriens.
En quoi la beauté du chant est-elle importante, voire nécessaire, dans la liturgie ?
Nos liturgies sont souvent très pauvres musicalement avec des chants qui sont soit au niveau des chansonnettes, soit des belles pièces mélodiques mais trop froides pour toucher le cœur et emporter l’âme et si peu de polyphonies qui permettent d’intégrer chacun dans son registre et de faire d’un chœur harmonieux une parabole de l’Evangile….mais sait-on encore ce qu’est la liturgie ?
Voici le programme :