De Christian Baeckeroot, ancien député, pour le Salon beige:
Parmi les jeunes générations beaucoup ne connaissent pas l’histoire. Il faudrait d’abord en chercher les causes chez nos « élites » politiques, universitaires et médiatiques !
L’exemple de la commémoration de la victoire du 8 mai 1945 illustre une nouvelle fois cette mémoire « hémiplégique », en oubliant quelles sont les armées françaises qui se sont illustrées depuis le débarquement des alliés en Afrique du Nord en novembre 1942 jusqu’à la capitulation du 8 mai 1945.
La réalité militaire, c’est l’Armée d’Afrique qui permet aux alliés de débarquer et de mettre en ligne armes , matériel et l’équivalent de 2 divisions (30.000 hommes) pendant que les 4 divisions de l’Armée d’Afrique (60.000 hommes ) engagent le combat contre les forces allemandes et italiennes qui contre-attaquent depuis la Tunisie (L.C. Michelet/La revanche de l’Armée d’Afrique 1940-1944 p.411/Editions G de Bouillon ).
« Jusqu’à la fin décembre (1942) l’essentiel de la couverture face à l’Est reposera sur les soldats de juin » ( P. Montagnon / L’Armée d’Afrique p ;321 / Editions Pygmalion ).
Epiloque de la campagne de Tunisie, le 13 mai 1943, 150.000 combattants de l’Axe sont faits prisonniers .Le 20 mai les Alliés , y compris les Français, organisent un grand défilé a lieu à Tunis . De Gaulle a interdit aux FFL de défiler avec l’Armée d’Afrique du Général Juin, qui aligne 63.000 hommes, alors que les forces gaullistes ne sont que 9.000 hommes !
Cette Armée d’Afrique est la composante AFN de l’Armée française préservée par l’Armistice de juin 1940, préparée par les Généraux Weygand et Juin pour reprendre le combat dès que les Alliés seront prêts. C’est chose faite après les accords intervenus dès le 10 novembre 1942 entre le Général Eisenhower et l’Amiral Darlan.
Le noyau initial a été renforcé par la mobilisation de 26 classes de « pieds-noirs », soit environ 250.000 h. et d’un nombre équivalent d’ « indigènes » puis en 1943 de milliers d’ «évadés » et, à partir de la fin 1944, des appelés et volontaires de métropole. Cette revanche de l’Armée d’Afrique sera amplifiée lors de la campagne d’Italie en 1943-1944 par les hauts faits du CEF (Corps Expéditionnaire Français), toujours commandé par le Général Juin, puis par la 1ère Armée Française où le Général de Lattre a succédé au Général Juin.
Prenant congé du CEF, le Général Juin avait déclaré : « Ma pensée reconnaissante va au Général Weygand qui a constitué le CEF en Afrique du Nord en lui forgeant une âme et me l’a légué au moment de l’employer. L’Armée d’Afrique venue combattre en Italie a marqué la renaissance des armes françaises. »
La « doxa » politico-médiatique
Un grand silence dans toute la communication officielle.
Mais il y a surtout les contre-vérités :
1er exemple : j’ai cherché dans le hors-série de Paris-Match (114 pages) : je n’y ai trouvé ni mention de Juin, ni a fortiori le nom de Weygand. Mais j’ ai découvert (p. 62) que 300.000 Français « libres » ont combattu fin 1944 lors de la campagne d’Alsace , alors que l’Armée d’Afrique en représente plus des trois quarts. Quant aux mulets que « les alliés auraient fait venir d’Italie » (p. 64), il doit s’agir sans doute des compagnies muletières, la « royale brêle force », qui faisaient partie du CEF commandé par Juin en Italie, et ont suivi leurs unités au sein de l’Armée de Lattre.
2e exemple : les expos et conférences proposées aux mairies par des relais de la « doxa » vont plus loin dans la manipulation : on m’a affirmé que le Général Weygand était un « collabo » avec, à l’appui, une photo du Général Weygand à Siegmaringen, alors qu’il était interné à Itter avec Raynaud , Daladier , le Général Gamelin, etc.
Il vaut mieux que les jeunes échappent au lavage de cerveau !
PAULO
On oublie que la Corse libérée en 1943 et que les hommes en âge de servir ont été mobilisé
Les monuments aux morts sont là pour en témoigner
MEIERS
Dans les années 1980 un collègue de travail de famille pied-noire m’avait expliqué que son père avait combattu en Italie, puis après le 15 août 1944 pour la libération de la métropole, sont grand-père ayant dêjà été mobilisé dans la Grande-Guerre! Mais qu’ensuite la métropole ne leur a pas rendu la pareille en 1962 en livrant l’Algérie française au FLN! Il ne faut pas chercher plus loin la raison de cette amnésie historique! Les traîtres à la nation souhaitant effacer les traces mémorielles de leurs forfaits!
Bernard Mitjavile
C’est vrai que la désinformation qui se transforme en ignorance généralisée, bat son plein sur cet aspect de la guerre, il n’y a qu’à comparer le nombre de films sur les combats de l’armée d’Afrique à ceux sur les hauts faits de la résistance, peut-être un sur cent.
HARDY
Bravo Monsieur.
Il faudra bien, qu’un jour en France, la vérité soit rétablie sur les bénéfices immédiats de l’armistice – que tout le monde souhaitait en 40 – et ses avantages militaires, notamment la préservation de nos colonies et de notre armée d’Afrique comme vous le dites très bien.
Le maintien du mensonge sur cette période est une des raison de la persistance de la fracture entre certains Français, encore aujourd’hui. Mais, ne désespérons pas : la Vérité l’emportera toujours sur le mensonge est elle nous rendra libre !
incongru
qui a lu les minutes de l’armistice ? et, entre autre, ce qui a trait au territoire national ? des points “non négociables” passés à la trappe, avant novembre 42, mais tout cela est “non advenu”, comme les lois “de Vichy”, que l’on redécouvre à l’occasion, souvent tres sociales ; travail de mémoire, il y en a, mais la mémoire se perd…