Entretien avec Gonzague Meunier, créateur du spectacle Celestino
Gonzague Meunier, d’où vous est venue l’idée de monter ce spectacle de Noël ?
En règle générale, on coupe ou en élève ce qui ne sert plus, on s’éloigne de ce qu’on ne comprend plus. Depuis quelques années, on sent bien que la pression est de plus en plus forte sur nos crucifix, sur les signes extérieurs de notre piété, sur notre culture, nos racines, sur l’héritage millénaire de la chrétienté, sur notre Foi.
Dans ce contexte, notre pire ennemi, c’est l’ignorance de nos concitoyens, qui ne savent pas, qui ne savent plus le sens de tout ce qui concerne le fait religieux, de tout ce qui les entoure au quotidien, et que le christianisme a apporté à la France. Une telle ignorance est le terreau de nos ennemis, ceux qui combattent farouchement notre Foi, avec vigueur et aussi le soutien du relativisme et de la « bien-pensance ». Un bien triste état des lieux qui m’a fait réagir très tôt, avec cette conviction : Il faut qu’ils sachent !
D’où l’idée d’un spectacle ?
Exactement. Il y a dix ans qu’est née en moi cette idée d’un spectacle de qualité qui soit un support d’évangélisation. Très vite, j’ai su ce que je voulais raconter.
Tous nos contemporains, à l’instar des millions de visiteurs du Puy-du-Fou (le modèle en la matière), aiment les spectacles. Ils sont encore sensibles à leurs racines, à leur Histoire, quand celle-ci leur est bien racontée. D’ailleurs, la France a été, par le passé, évangélisée par des spectacles qui racontaient la vie du Christ et des Saints. Les gens ont cru aux histoires que des prêtres, des religieux, leur ont racontées à travers des saynètes. Pourquoi ne pas recommencer ?
On imagine que vous n’êtes pas seul à porter un tel projet…
Notre association, « Cœur de Jésus », s’est donnée cet apostolat de proposer des spectacles vivants, qui mobilisent les paroissiens de tous âges pour aller raconter, dire, redonner du sens à cet héritage.
Notre premier spectacle, Celestino, propose une approche originale, merveilleuse, touchante, avec un message simple, et donc évident, sur Noël et la venue du Sauveur. Le point de départ est une histoire imaginaire, celle d’un jeune apprenti peintre de la renaissance : Celestino.
J’ai écrit le scénario et fait le story-board, puis j’ai proposé à une jeune fille, Camille Le Campion de m’aider, et de réfléchir au script et aux dialogues. Nous avons alors travaillé et écrit ce spectacle à quatre mains.
Pourquoi avoir choisi le mystère de Noël pour ce spectacle ?
Noël, c’est le temps idéal ! Celui de la disponibilité des parents dans les familles. Celui du temps passé ensemble, d’une ouverture à l’émerveillement, et aussi de la transmission et du dialogue entre les générations. Noël, c’est le commencement ! Notre Foi commence à la naissance du Sauveur.
Dans le spectacle, je veux aussi répondre à la soif de spiritualité et de beauté de notre société, gavé d’un art moderne, sans portée ni profondeur… J’ai donc décidé de partir de deux tableaux célèbres : une Annonciation de Fra Angelico et une Nativité de Le Brun.
Ces deux toiles sont le support de l’histoire. Le spectateur (tous les enfants, de 3 à 103 ans !) entre progressivement dans ces œuvres à travers des dialogues avec les différents personnages qui y sont représentés. Puis on finit par entrer physiquement dans le tableau. La scène devient un tableau vivant… mais je n’en dis pas plus !
Pour couronner le tout, la musique participe pleinement à la féérie, à l’émotion. L’an passé déjà, les premiers spectateurs (c’est en effet notre deuxième année de représentations) ont témoigné avoir été saisis dans tout leur corps. Pour nous, c’était gagné. J’ai choisi le compositeur Thomas Bergersen, le même que vous pouvez entendre chez nos amis du Puy-du-Fou.
Au final, et pour ne pas tout dévoiler, on peut dire que les spectateurs sont amenés à adorer… sans le savoir. Le Seigneur fait le reste !
Le spectacle dure 35 minutes. Cette année, nous avons décidé de proposer autour de la grande tente de 10 mètres par 15 mètres pouvant accueillir 150 spectateurs par séance, un village au temps de la bible avec sa bergerie, une crèche de santons de Provence, un point restauration, mais aussi un conteur… Et tous les bénévoles sont en tenue d’époque !
Avez-vous des partenaires, des sponsors, pour monter ce spectacle ?
Cette année, le spectacle est soutenu financièrement par la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier, voisine de notre commune. En nous soutenant, ils nous montrent bien que si ces derniers temps ils œuvrent à la construction d’une magnifique église et d’une hôtellerie pour accueillir toujours mieux leurs visiteurs, préalable à une vie spirituelle de qualité, ils ont comme nous, l’évangélisation et le salut des âmes comme objectif prioritaire. Grâce à leur soutien, ce spectacle est donné gratuitement.
Nous remercions aussi Aymeric BOUTHEON, et sa société H-Conseil, qui est aussi mécène de ce spectacle et le Cabinet PROXIMA Patrimoine, Guy Le Campion, pour son soutien et sa mise à disposition d'un espace pour travailler notre décor.
Et pour le futur ?
Pour l’avenir, je prépare déjà d’autres spectacles, que j'imagine pouvoir rendre itinérants, ou adaptables dans les différentes paroisses et territoires. Des spectacles « clefs en main » pour les périodes de Noël ou d’été. Celestino, lui, continuera à vivre l’an prochain, peut-être dans un autre endroit avec d’autres chrétiens motivés par la mission.