Rue89 lance une série d'articles consacrés à ce que gagnent des trentenaires. Y compris un prêtre :
"[…] A 23 ans, Cyrille rentre alors au séminaire pour sept ans d’études. Durant toute cette période, il est logé, nourri et blanchi et reçoit chaque mois une indemnité de 250 euros.
"C’est peu, mais ça nous apprend à discerner ce dont on a vraiment besoin et à avoir l’humilité de demander un coup de main quand on en a besoin."Le sourire en coin, il enchaîne :
"En tout cas, il est certain que j’ai fait dégringoler les statistiques de l’école concernant le salaire à la première embauche."Ordonné prêtre à 30 ans, Cyrille, qui en a aujourd’hui 33, est vicaire à l’église Notre-Dame-de-la-Gare, dans le 13e arrondissement de Paris. Un statut qu’il occupe 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Comme tous les autres prêtres, il ne perçoit pas de salaire à proprement parler puisqu’il ne dispose d'aucun contrat de travail. Dépendant du régime des cultes, il touche ce qu’on appelle un "traitement", établi sur la base d’un barème arrêté par les évêques. A Paris, cette somme intègre le versement de 20 offrandes de messes célébrées.
Le traitement de Cyrille s’élève à 1.111,92 euros net par mois. Il ne dispose d’aucune autre source de revenus.
"Cette somme est juste et amplement suffisante. Elle est en cohérence avec notre message évangélique : mener une vie simple et modeste, à l'exemple du Christ. C'est cette forme de vie qui nous rend disponibles et attentifs aux autres."
En tant qu’homme d’Eglise, le trentenaire bénéficie de quelques avantages. Il ne paye pas de loyer. Logé gracieusement, il habite à quelques pas de son église dans un presbytère avec cinq autres prêtres. Il y occupe une chambre et un bureau. Le reste de l’hébergement est communautaire. Il ne paye pas non plus de factures liées à l’hébergement et ne verse aucun impôt. Sa dépense la plus importante est celle dédiée à la nourriture : environ 350 euros par mois, mais cela peut monter à 400 euros en y incluant quelques emplettes de première nécessité : hygiène, santé, vêtements… Cet argent lui permet de participer au pot commun du presbytère ou d’aller de temps en temps au restaurant ou de boire un café dans son quartier (environ deux fois par mois).
"Ça peut-être lors de mes déplacements, mais aussi avec des étudiants de l’aumônerie ou tout simplement près de l’église pour discuter avec les habitants du quartier."Même s’il se déplace souvent à vélo, Cyrille achète environ deux carnets de tickets de métro par mois, à cela s’ajoutent quelques billets de train et des pleins d'essence lorsqu'il emprunte une voiture à un collègue, ce qui élève ses frais de transport à 200 euros par mois.
Parmi les autres dépenses, il y a sa facture téléphonique à 15 euros, des frais bancaires à environ 40 euros par an, mais surtout l’achat de livres.
"Tous les mois, je dépense environ 30 euros pour les livres. En revanche, je vais rarement au cinéma ou au musée."[…] Même si Cyrille s’y connaît en comptabilité, il n’a jamais été très à cheval sur ses comptes pour la simple et bonne raison qu’il estime que cet argent n’est pas vraiment le sien :
"Il n’est pas ma propriété, mais il doit être mis au service des autres et en particulier des plus pauvres."Ainsi, chaque mois, le trentenaire fait de nombreux dons tant auprès d'associations qu’à des personnes dans le besoin qui le sollicitent. Il y a peu, un ami prêtre qui vit à l’étranger n’avait pas les moyens pour financer un projet pastoral pour les enfants alors Cyrille lui a donné – et non "prêté" – plusieurs centaines d’euros sans la moindre hésitation. […] Le prêtre estime que le montant de ces dons constitue environ 20% de son traitement, soit entre 200 et 250 euros."