Le cardinal Barbarin inaugurera demain à Ars une maison d’accueil pour de jeunes toxicomanes, gérée par la Communauté du Cenacolo. Le projet, né d’une initiative du diocèse de Lyon, est porté en particulier par la Fondation Saint Irénée. Les explications du Père Stefano, prêtre de la Communauté du Cenacolo, et de Franco, ancien toxicomane et responsable de la maison d'Ars :
"Comment fonctionnent les maisons du Cenacolo ?
Père Stefano : Ces maisons, que nous appelons des fraternités, sont des lieux où l’on accueille la vie de personnes souhaitant commencer un chemin pour renaître. La vie se structure autour de la prière, du travail et de la communauté fraternelle. C’est une vie très ordonnée, avec de la discipline : pas de cigarettes, pas d’alcool, pas de sorties individuelles… Lorsqu’un jeune arrive, il a en général une vie très désordonnée. Cette vie simple participe à remettre de l’ordre à l’intérieur de chacun.Franco, pouvez-vous nous présenter le projet à Ars ?
Franco : Il s’agit d’un lieu d’accueil pour se réconcilier avec nous-mêmes et nos familles, rencontrer Dieu dans sa miséricorde. Concrètement, c’est une ferme avec beaucoup de travaux, où il faudra remettre de l’ordre.
Nous accueillerons des hommes de 18 à 50 ans, dépendants à la drogue ou à l’alcool. Nous allons démarrer avec un groupe déjà formé, de 12 à 15 personnes.
Avant de vivre dans une maison de la communauté, chaque jeune est reçu en entretien, rencontre d’autres jeunes et peut venir passer une journée d’essai pour discerner. Ensuite, si il le souhaite, il peut être intégré à la maison. La démarche se fait un pas à la fois.De quoi vit la communauté ?
Père Stefano : Dans toutes nos maisons on vit de l’amour de Dieu, de notre travail quotidien et de l’aide de beaucoup de personnes qui nous aiment. La communauté vit de la gratuité, de la providence de Dieu. Vivre de la providence, cela veut dire que Dieu est père et donne ce dont nous avons besoin pour vivre : la santé, la capacité de travailler… Dieu touche le cœur de beaucoup de personnes qui deviennent providence.
Quand il n’y a rien, on apprend à rester sans. C’est une expérience de simplicité, qui devient une grande richesse.
Quand nous ouvrons une nouvelle maison, les garçons savent qu’il y aura beaucoup de sacrifice, il va faire froid, nous allons manquer de nourriture… Et pourtant les volontaires ne manquent pas. Ces jeunes ont eu souvent "trop" dans leur vie et peu d’amour vrai, dans un monde où l’on confond l’amour et les choses. Pour des jeunes qui sortent du monde de la drogue où l’on ne fait rien pour rien, cette gratuité est un changement énorme."