Témoignage d’un lecteur du Salon beige :
Depuis plusieurs jours, j’avais décidé de participer à la journée de mobilisation des gilets jaunes du 17 novembre, pour manifester publiquement mon écœurement et mon rejet du cynisme des dirigeants politiques.
Ma démarche : 45 ans, père de famille, jamais encarté ni syndiqué, je n’ai que jamais manifesté que très ‘poliment’. Déterminé à y rester la journée, j’avais préparé des affiches manuscrites (pour ma voiture) un casse-croûte et de l’eau pour (j’y suis resté de 10h30 à 18h30 environ).
Comment ça se déroule : Une, puis d’autres voitures s’arrêtent sur le bas-côté d’un périphérique presque désert, en amont d’un barrage filtrant : un autre se barrage filtrant se crée ainsi peu à peu, à proximité de la bretelle qui se trouve , dans un deuxième temps, ralentie par une chicane crée par des véhicules de ‘gilets jaunes’ lesquels ‘font la circulation’, discutent avec les automobilistes, les invitent à afficher leur soutien par dépose du gilet jaune sur le tableau de bord. Le radar le plus proche est ‘bâché’, un feu est allumé sur l’herbe le soir avec les branches mortes des environs et le bois fourni par quelques transporteurs.
Ceux qui m’entourent : On ne se connait pas : pas de liens préalables entre nous. On se tutoie mais si une fraternité éphémère s’instaure, je n’aurais recueilli aucun nom de mes compagnons. De 3 nous passons à 30 ou 40 en fin d’après-midi : Ce sont des hommes à 70-80 % soutenues par leurs compagnes. Les femmes présentes sont globalement plus motivées. Moyenne à environ 30-35 ans jusqu’à 50 ans. Pas d’enfants, surtout des ‘gaulois’. Les références usuelles sont évoquées : ‘révolution française’, ‘mai 68’… Plutôt des personnes qui ont un salaire, une voiture vieille ou récente d’entrée de gamme, d’autres ont aussi une moto. Chacun reste prudent dans ses propos, mais les motifs sont pour tous une accumulation de colères devant l’incurie de l’Etat, le parti-pris des médias, le mépris dont ils font l’objet. Ils sont globalement plutôt déterminés à faire durer le mouvement pour obtenir des démission du gouvernement voire de Macron.
Les automobilistes : On favorise le passage rapide des ambulances, véhicules ‘urgence sang’ et autre cas signalés comme ‘urgent’ (enfants en bas âge). Les conducteurs étrangers se font expliquer ce qu’ils doivent faire. Certains veulent passer leur samedi au centre commercial de Mondeville 2 ou circulent vers d’autres destinations : tous patientent ou doivent envisager un autre itinéraire. Les quelques chauffeurs PL nous soutiennent. Beaucoup de bienveillance mais des agacements qui arrivent en fin de journée.
La police : Le matin, une voiture de la police nationale s’arrêtent et les policiers sortent de leur voiture. Atmosphère détendue, on discute avec tous, on évoque un mort dans le sud, mais aussi le suicide des policiers… Le chef nous invite à parfaire notre blocage du périphérique pour éviter les marches-arrière voire les demi-tour auquel nous assistons depuis le barrage situé en aval. Finalement le dispositif sera filtrant de part et d’autre au fur à mesure que le flot grossit, en fin d’après midi
Il se dit que ‘les CRS’ sont déjà intervenus sur dans l’agglomération : Envisageant leur venue, nous prévoyons de ne pas les affronter mais le cas échéant, de ‘décrocher’ pour aller plus loin.
Dans l’après-midi, 2 motards de la police s’arrêtent, discutent longuement, moto en marche, transmettent leurs recommandations et évoquent la situation de la ville, du pays.
Coordination : Pas de structure de décision, chacun a choisi de venir et s’en va quand il le souhaite. Chacune prend ses responsabilités, exécute, tempère ou adapte une consigne venue de barrage aval. Dans la soirée, un débat s’engage sur le degré de filtration entre les risques de l’impopularité et la volonté de ‘marquer les esprits’. Certains repartent dans le soir quand d’autres envisagent de passer la nuit. L’absence de coordination nuit évidemment à l’efficacité et à la visibilité des perspectives : dès le premier soir le besoin se fait sentir.
Coup de Cœur : Ce trentenaire venu une grande partie de la journée avec sa compagne paraplégique, laquelle est un temps sortie de leur combi pour prendre l’air dans son fauteuil roulant : gentils, déterminés, courageux !
Coup de gueule : Celui qui se trompe de cible en ne comprenant pas qu’un mouvement massif mais minoritaire ne peux pas faire l’économie d’une bienveillance personnelle vis-à-vis de tous les automobilistes : les rares fois qu’ils voient des gilets jaunes ‘en vrai’ (hors média) doivent leur donner envie de les soutenir malgré la gêne occasionnée…
Grégoire
Je suis convaincu qu’il faut soutenir ce mouvement : concrètement par son gilet jaune sur le tableau de bord ou sur soi mais aussi de multiples autres manières.
Derrière les réclamations ‘matérielles’ (les seules audibles à l’heure actuelle) s’exprime le cri de ceux qui ne veulent pas mourir.
Grégoire
Pour suivre le mouvement : https://www.facebook.com/groups/474776453017879/
Grégoire
Une des idées géniales de ce mouvement est le gilet jaune sur le tableau de bord : Tous les français ont, en temps réel et sans médias, un assez bon indicateur de l’adhésion de la population : la semaine dernière, dans les campagnes normandes, il était de 5 à 10%. D’après mes premiers constats de ce jour, ce taux grimpe nettement…
à suivre