"Si quelque chose a changé depuis les attentats des 7, 8 et 9 janvier, c’est la prise de conscience que l’individualisme contemporain n’est plus de mise. Face au danger du fanatisme, au retour du caractère tragique de l’Histoire, le besoin de communion et d’appartenance à une nation s’est reformé. C’est la France dans laquelle, instinctivement, ces foules veulent se reconnaître, beaucoup plus que dans l’esprit Charlie Hebdo.
Des foules manifestement sans berger pour les conduire, car on ne peut pas répondre à la guerre qui frappe au cœur de nos villes par la seule empathie. À ces « foules sentimentales », dirait la chanson, il faut d’abord la vérité, pour honorer cette liberté d’expression tant revendiquée. Mercredi dernier, le président de la République s’est dit prêt à lutter contre « le terrorisme et le fondamentalisme ». Mais lequel ? Pourquoi n’est-il pas désigné clairement par nos élites, cet ennemi islamiste qui nous fait la guerre ?
Dans de telles circonstances, on peut comprendre la volonté de ne pas heurter de front les quelque 5 millions de musulmans de notre pays, dont la plupart sont de bonnes personnes et condamnent le fanatisme. Il n’empêche qu’il faut maintenant faire la vérité sur la matrice idéologique de l’islamisme, qui se trouve également dans le Coran. Lequel empêche aussi, sur notre sol, la liberté de conscience et celle de changer de religion.
Aux catholiques d'annoncer l'Évangile
Cette exigence de vérité impose enfin d’affirmer que toutes les religions ne se valent pas. Certes, le pluralisme religieux est un fait. Mais cela n’enlève rien au constat, tout aussi indéniable, que nous vivons dans un pays chrétien, même sécularisé. La liberté d’expression en est d’ailleurs une émanation, avec la responsabilité qui l’accompagne quant à la dignité des personnes. Il est plus que temps de le reconnaître officiellement, comme l’ont fait Cameron et Merkel en Europe, si nous voulons nous donner les moyens de lutter efficacement contre le mal islamiste. En lui opposant non pas un relativisme et une neutralité religieuse qui viennent de montrer leurs limites, mais une religion authentiquement tournée vers le bien de l’homme.
C’est le fond du débat, il est religieux. L’Église catholique, a rappelé Vatican II, s’est vu confier « la plénitude de grâce et de vérité ». Ce n’est pas un motif d’orgueil, mais une responsabilité.
Devant les foules sans berger, le Christ fut pris de pitié. « Donnez-leur vous-mêmes à manger ! » (Lc 9, 13), nous redit-Il encore. Plus que jamais, le moment que nous vivons impose aux catholiques d’annoncer l’Évangile, y compris à nos frères musulmans, en sachant que c’est Dieu seul qui convertit. Sans avoir peur non plus d’être « jetés au milieu d’une si grande foule », nous rassurait déjà saint Jean Chrysostome, pour affronter la multitude « sans reculer » : car « c’est le Christ seul qui donne au levain sa puissance »."