Extrait de l'homélie prononcée hier par le Saint-Père, durant la messe célébrée pour un groupe de victimes d'abus sexuels de la part du clergé :
"L’image de Pierre voyant Jésus sortir du terrible interrogatoire du Sanhédrin, Pierre qui croise Jésus du regard et qui pleure, telle est l'image que je vois aujourd’hui dans vos regards, dans celui de tant d’hommes et de femmes, d’enfants. Oui je vois le regard de Jésus et je demande la grâce de ses pleurs. La grâce que l’Eglise pleure et répare pour ses fils et ses filles qui ont trahi leur mission, qui ont abusé de personnes innocentes. Et aujourd’hui je vous suis reconnaissant, pour être venus jusqu’ici. Depuis longtemps je porte en mon cœur la profonde douleur, la souffrance, si longtemps occultée, si longtemps dissimulée, avec une complicité qui n’a pas d’explication, jusqu’à ce que quelqu’un ait senti que Jésus regardait….et se décide à soutenir ce regard. Ceux qui ont pleuré alors nous font prendre conscience de ce crime, de ce péché grave. C’est mon angoisse et ma douleur, le fait que quelques prêtres et évêques aient violé l’innocence de mineurs, ainsi que leur propre vocation sacerdotale, en abusant d’eux sexuellement. C’est plus que des actes condamnables. C’est comme un culte sacrilège, parce que ces enfants ont été confiés à leur charisme sacerdotal pour être conduits à Dieu, et ils les ont sacrifiés à l’idole de leur concupiscence. Ils profanent l’image même de Dieu à la ressemblance duquel nous avons été créés. L’enfance, nous le savons tous, est un trésor. Le cœur jeune, si ouvert à l’espérance, contemple les mystères de l’amour de Dieu et est disposé de façon unique à être alimenté dans la foi. Aujourd’hui le cœur de l’Eglise regarde les yeux de Jésus à travers ces enfants et veut pleurer. Elle demande la grâce de pleurer devant les actes détestables d’abus perpétrés contre des mineurs, des actes qui ont laissé des cicatrices pour toute la vie. […]
Il n’y pas de place dans le ministère de l’Eglise pour ceux qui commettent de tels abus, et je m’engage à ne pas tolérer le mal infligé à un mineur, par qui que ce soit, indépendamment de son état clérical. Tous les évêques doivent exercer leur service pastoral avec le plus grand soin pour assurer la protection des mineurs, et ils rendront compte de cette responsabilité. Pour nous tous, demeure en vigueur le conseil que Jésus donne à ceux qui provoquent des scandales: La meule et la mer, dont parle Mathieu. […]"