Sur Atlantico, Guillaume Bernard analyse les raisons de l'échec de François Fillon :
"[…] François Fillon, lui, l'a emporté lors de la primaire de la droite avec une identité conservatrice (qu'elle soit fausse ou réelle). Or, il n'a cessé tout au long de la campagne de chercher à endiguer Emmanuel Macron en offrant une grande place au centre-droit et en particulier à l'UDI. Ce qui, sans aucun doute, a démobilisé une partie de ses électeurs qui ne lui ont finalement pas été fidèles. En fait, François Fillon a dorloté si j'ose dire la partie de l'électorat de droite modérée qui l'a finalement "trahie" et est passée chez Emmanuel Macron. Donc il faut essayer d'identifier les raisons de ce score (qui est médiocre) et la principale raison selon moi, c'est l'ambiguïté idéologique et stratégique de François Fillon. Il est désigné contre la ligne Juppé et il a pourtant cherché à satisfaire les revendications des juppéistes. C'est la ligne de fracture qui passe au sein de la droite et qui à mon sens risque dans les années à venir de faire que la recomposition à droite sera inévitable. Ils n'ont clairement pas assumé la droitisation de leur électorat. […]
Il y a trois types de fractures au sein de la droite : une fracture sociologique, idéologique et stratégique.
D'abord sociologique, c’est-à-dire la droite d'en haut et la droite d'en bas. Le parfait exemple se trouve dans la Manif pour tous. Il y a la base qui se mobilise indépendamment de la quasi-totalité des ténors de la droite.
Idéologique ensuite, entre les libéraux d'un côté et les conservateurs de l'autre. (Quand je parle de libéralisme, c'est au sens philosophique du terme, au sens sociétal). Fillon a bien essayé de les unir mais ça ne peut pas tenir indéfiniment.
Enfin stratégique. C’est-à-dire que l'essentiel des ténors de la droite veulent le Front Républicain, quelques hommes politiques d'importance eux, veulent le ni ni et tout une partie de l'électorat est prête à trouver un accord avec le Front National. Cette distorsion entre la direction du parti et l'électorat ne peut que pousser inévitablement à un éparpillement du parti. Il y aura évidemment des électeurs de François Fillon qui iront voter Marine Le Pen. On ignore encore dans quelle proportion mais cette divergence va être lourde de conséquence.
On a donc, à l'issue de ce scrutin, une tripolarisation qui s'impose : Un bloc de gauche qui s'assume socialiste (Jean-Luc Mélenchon et Benoit Hamon), un bloc libéral modéré (avec Emmanuel Macron et une partie de François Fillon) et puis un bloc de droite (composé de NDA du FN et d'un peu de François Fillon).