Jean-Frédéric Poisson est interrogé par Famille chrétienne. Voici le début :
Jean-Frédéric Poisson, nos lecteurs sont partagés entre vote de convictions et vote utile. Que leur dites-vous ?
Dans une élection à deux tours, le premier tour est celui des convictions, le second tour celui de la conciliation. Si vous faites l'inverse, à quel moment affirmerez-vous vos convictions ? À force de ne pas voter pour ceux avec lesquels vous êtes d'accord, ne vous étonnez pas qu'ils se fatiguent. Si effectivement, un certain nombre d'entre nous – et je ne suis pas le seul – est condamné à traverser sa vie politique en étant fidèle à ses engagements, en prenant tous les coups dans la figure pour entendre chaque fois à la fin : " vous êtes très bien mais on va voter pour l'autre ", ne vous étonnez pas qu'à la fin du compte plus personne ne vous écoute. Et si vous êtes encore capables de choisir des gens qui n'ont pas tenu leur engagement à répétition, qui changent d'avis comme de chemise, qui sont capables d'écrire que l'avortement est un droit fondamental pour dire trois semaines après : " ce n'est pas ce que j'ai voulu écrire ", comme l'a fait François Fillon, votez pour eux, mais ne venez pas vous plaindre après qu'ils vous ont finalement méprisés.
Vous vous êtes converti lorsque vous étiez étudiant. Mais quels sont vos lieux de ressourcement, votre sensibilité spirituelle ? Si vous aviez 48 heures devant vous, où partiriez-vous ?
J'irai sans doute chez les bénédictins de Fontgombault. Je n'y suis pas allé depuis très longtemps. Mes racines spirituelles sont ancrées là-bas. C'est dans cette abbaye que je me suis confessé pour la première fois de ma vie et où j'ai reçu le sacrement de la confirmation. J'ai trouvé chez ces moines cette part de silence qui est si importante – et si absente aussi – dans le monde moderne. Comme dans toute l'Église et les communautés religieuses, ce monastère développe un vrai sens de l'accueil. J'y suis entré tellement avide de vivre de ma foi qu'ils m'ont accueilli comme j'étais. C'est une chose assez rare dans le monde actuel pour être signalée. J'apprécie tout le soin qu'ils portent à la liturgie et au culte divin. Mais aussi le sens du sacré, la symbolique des couleurs, des gestes et l'attention portée aux moindres détails car tous ont leur importance dans la liturgie. [lire la suite]