Lu dans VA :
"C’est un de ces mots dont s’entiche tout à coup l’esprit du temps, qui le répète à satiété (en des temps de vaches plus grasses on eut ainsi “cagnotte”, dans le même genre). La niche, quand elle est fiscale, appelle nécessairement le “coup de rabot”. On voudrait recueillir l’avis d’un menuisier sur ces gesticulations métaphoriques, car, enfin, l’image de la niche (si l’on excepte la niche du chien) est bien celle d’une concavité (« enfoncement pratiqué dans l’épaisseur de quelque corps solide », selon Littré) et l’on voit mal ce que l’on peut raboter dans le vide. Il est vrai que la physique ministérielle obéit à des lois dérogatoires à la physique ordinaire : c’est un ministre du Budget, de caracolante mémoire, qui nous avait appris que les caisses de l’État étaient « plus que vides ». Quand on fait ses comptes à partir du “plus-que-vide”, le vide simple, celui des niches, est peut-être en effet rabotable. Les lexicographes font remonter la niche à un mot italien qui veut dire coquille, et même – sont-ils imaginatifs ! – coquille de moule. Pêcher les moules avec un rabot : nos politiques ont les talents les plus rares. Voilà en tout cas les contribuables prévenus."
Il faut tout de même ajouter que ces niches fiscales n’auraient pas lieu d’être si la France n’était pas un enfer fiscal. S'il faut supprimer les niches fiscales, cette suppression ne peut que s'accompagner d’une réforme fiscale de grande ampleur. La niche fiscale offre aux contribuables, dans un des pays les plus imposés au monde, un moyen d'échapper partiellement au poids excessif des prélèvements obligatoires. On entend souvent dire que les niches fiscales "coûtent" X milliards € à l'Etat et qu'il conviendrait donc de diminuer le cadeau ainsi fait aux contribuables. En fait, il faut inverser le raisonnement et dire que les niches fiscales, loin de constituer un cadeau, ne constituent qu'une atténuation de la spoliation fiscale. Elles permettent à certains contribuables de conserver une petite partie de ce qui leur appartient légitimement -la propriété privée-.