Ce recueil de textes écrits par Louis Salleron a été conçu pendant la vacance du Saint-Siège, entre le décès de François et l’élection de Léon XIV. Portant le deuil du 266e Pape, la catholicité attendait l’aurore du 267e pontificat. Heures solennelles et intenses de la vie de l’Église qui ne peuvent laisser aucun baptisé indifférent.
Ces articles ont été rédigés par Louis Salleron entre 1958, lors du décès de Pie XII, et 1982. Ces analyses pourraient donc paraître datées, mais, comme le note Sœur Ambroise-Dominique dans son avant-propos, « loin d’être un obstacle leur ancienneté semble accroître leur actualité, tandis que leur hauteur de vue les préserve d’une polémique vaine ». De fait, les sujets abordés par Louis Salleron, crise de l’Eglise, obéissance, légalisme, autorité et pouvoir dans l’Eglise, liturgie, mode des concélébrations, restent d’actualité.
Rivés au Vatican par la pensée, la prière voire la présence, tandis que les cardinaux s’avançaient dans la chapelle Sixtine, prêtaient serment sur l’Évangile, les chrétiens du monde entier s’unissaient au coeur de l’Eglise et attendaient. Quelle meilleure occasion pour réfléchir et méditer sur le mystère de l’Église, pour approfondir notre appartenance à l’Église ? Tel est le but de ce livre.
Dans un texte écrit en 1982, Louis Salleron évoque la religion populaire, aujourd’hui en pleine renaissance avec les pèlerinages, les calvaires, les processions… :
La religion populaire est, pour cette raison [croyance considérée comme une superstition], suspecte aux savants de la théologie qui la croient chargée de survivances païennes, quoiqu’on soit en droit de se demander si la foi “nue” à laquelle ils prétendent est toujours de meilleur aloi que les croyances naturelles baptisées qui sont celles du peuple. Si les villes ont été les premières à accueillir le christianisme, c’est un peu par la force des choses, la communication y étant plus rapide. Mais les “paysans” (pagani) sont les derniers à l’abandonner, soutenus qu’ils sont par la tradition. Le coeur, innombrable, a ses raisons que la raison ne connaît pas.
L’éclosion, l’expansion, la permanence d’une religion, sous son aspect organique de foi, de croyances et de rites, ont des causes pour une part naturelles. Dans tous les domaines, le surnaturel se greffe sur le naturel. On est toujours en droit d’étudier les rapports d’une religion, sans en excepter pour le catholique la religion de sa foi, avec toutes les réalités naturelles qui l’environnent et la pénètrent en tous lieux et en tout temps. L’histoire des religions, la géographie des religions, la sociologie des religions, toutes les sciences physiques et humaines intéressent la foi (tout en présentant des risques évidents à la foi incertaine et à l’intelligence plus ou moins certaine).
