Mgr Vrtanès Aprahamyan, Primat du diocèse d’Artsakh, est interrogé sur Nouvelles d’Arménie suite à la prise de l’Artsakh par l’Azerbaïdjan. Extrait :
[…] Ce n’est pas l’Artsakh qui est tombé, mais nous qui avons chût. L’Artsakh existe toujours, c’est nous qui devons nous relever, nous donner pour mission de retrouver notre patrie dans les délais les plus brefs. Il faudra commencer par reconnaitre que nous nous sommes trompés, que nous avons échoué, que nous nous ne nous étions pas fixé une mission aussi essentielle dans nos esprits.
Le décret portant dissolution de la République a constitué l’ultime étape de la perte de l’Artsakh. Quand a débuté ce processus ? Quand et comment a commencé le déclin de l’Artsakh ?
L’Artsakh n’avait pas été libéré parce que ses libérateurs de l’époque étaient plus intelligents et combattaient mieux, mais parce que leur lutte était noble et emplie d’amour. Dieu qui avait vu le cœur des gens leur avait alors accordé la victoire. Mais les gens ne l’ont pas compris car ils étaient devenus présomptueux et arrogants. Puis, ceux même qui avaient libéré l’Artsakh ont construit des murs plus solides non pas pour notre patrie, mais pour leurs propres résidences. Cela a été dévastateur. Nous ne savions pas à quel trésor nous avions affaire. Dans les Évangiles il nous est dit « là où est ton trésor, là est ton cœur » [Saint Mathieu 6, 19-23] . A l’origine, notre cœur était avec notre trésor, mais ensuite notre cœur s’est orienté vers des trésors matériels et vers nos petits égos. Durant 30 ans, l’ennemi a élaboré des plan en vue de sa victoire. Nous n’avions pas conscience qu’une telle chance ne nous serait donnée qu’une seule fois dans l’existence de notre État et nous nous nous sommes endormis sur nos lauriers. C’est pourquoi la défaite de l’Artsakh s’est enracinée dans notre victoire.
Au fil des années, n’avons-nous pas aussi connu un affaiblissement de nos valeurs ?
Oui, c’est évident. Je m’explique. Si, par exemple, vous vous attribuez entièrement la grâce du talent qui vous a été donné de peindre, alors tout peut être perdu. Vous devez être reconnaissant et comprendre d’où vient cette grâce.
Des fautes ont-elles été intentionnellement commises ou était-ce des erreurs ?
Le clergé est également responsable de ne pas avoir à certains moments guidés les fidèles. Les intellectuels n’ont pas su non plus le faire, se contentant de n’être que de simples supplétifs du pouvoir en profitant de l’abondance de ces tables luxueuses. Cela est encore vrai aujourd’hui. […]