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"Des bougies, une citation de Gandhi sur un drap blanc posé sur le sol. Il est 21 h 55 ce mardi soir. Des dizaines de « veilleurs », jeunes pour la plupart, affluent devant la mairie de Brest. […]
22 h. Les 80 veilleurs
présents ne sont pas les seuls à avoir répondu à l'invitation lancée
sur les réseaux sociaux. Une dizaine de jeunes viennent au contact, sur
les marches de l'hôtel de ville. Parmi eux, quelques doigts tendus et
une sono qui crache une musique crypto-punk de tous les diables.
Fébrile, l'organisateur de la veillée prend le micro et lance ses
consignes à ses troupes : « On ne doit en aucun cas répondre aux
provocations. On prend sur soi, même si c'est dur ». Il faut dire que,
la semaine précédente, lors de la première veillée, la centaine de veilleurs
présents avait essuyé crachats, injures et jets d'objets divers. Cette
fois-ci, la manifestation est encadrée par une petite dizaine de
policiers, qui s'interposent rapidement. L'organisateur reprend son
discours, quasi inaudible. « L'heure est grave (…) Nous sommes face à
un choix de civilisation (…) ». Une quarantaine de bruyants opposants
surgit et déploie une banderole « Homophobes ». Les veilleurs-résistants entonnent le Chant des partisans. Sous les huées.22 h 16. Chant scout : « Le front penché sur la terre, j'allais seul et
soucieux, quand résonna la voix claire, d'un petit oiseau joyeux (…)
». En face : « Fuck you very very much » (de Lily Allen), suivi de
déclamations plus personnelles : « Vive la fellation », « Dieu n'existe
pas », « Jésus aussi avait deux papas », « Fachos, cathos foutez la paix
aux homos »… La foule de veilleurs
assis reste impassible et enchaîne silences, chants et méditation. Une
jeune femme, majeurs tendus, riposte avec une bruyante simulation
d'orgasme. […]23 h : fin de ce face-à-face stérile. Sur les
marches de la mairie, Lorraine, 26 ans, consternée, confie son désarroi :
« Cette vulgarité est affligeante. À part nous traiter d'homophobes, ce
que nous ne sommes pas, ils n'ont aucun argument à opposer ». […]"