On se rappelle que le 25 mars, des étudiants de l’UNEF, du CRAN (comité représentatif des associations noires de France) et de la LDNA (ligue de défense noire africaine) ont empêché la tenue de la représentation de la pièce d’Eschyle Les Suppliantes qui étaient prévue dans l’enceinte de la Sorbonne. Pourtant, une tragédie où sont défendues les valeurs de l’hospitalité et de l’accueil de l’étranger (les 50 filles de Danaos fuient leurs 50 cousins, les Egyptiades, qui veulent les marier de force. Elles traversent la Méditerranée et gagnent Argos en Grèce pour demander asile) : en ces temps de migrants, de pacte de Marrakech et de lutte contre les violences faites aux femmes, une parabole, une apothéose.
Mais, las, malgré un vivre-ensemble apaisé, les groupuscules sus-dits avaient dénoncé une mise en scène raciste : des acteurs devaient, selon la tradition du théâtre antique, porter des masques de couleur noire. Or, ces acteurs étant blancs, l’acte était forcément raciste ; d’où l’empêchement violent de la représentation.
En une sorte de cérémonie de réparation, les autorités culturalo-universitaro-politiques ont organisé une nouvelle représentation, cette fois-ci dans le cadre majestueux du grand amphithéâtre de ladite Sorbonne et en présence de ce qu’on appelle généralement un parterre de personnalités (FigaroVox du 23 mai) : pensez-donc, Franck Riester (ministre de la culture pour ceux qui l’ignoreraient), Frédérique Vidal (ministre de l’enseignement supérieur, même observation), Alain Tallon (doyen de la faculté de lettre de la Sorbonne ; on pouvait ne pas le savoir), plusieurs députés et diplomates dont l’ambassadrice de Grèce en France. C’était le 21 mai 2019.
Tous les participants se sont félicités de cette victoire sur la censure : « Les Suppliantes d’Eschyle répondent à la polémique et triomphent à la Sorbonne » titrait le FigaroVox du 23 mai ; “C’est la victoire de l’art, de la liberté d’expression sur la bêtise au front bas », se félicite l’écrivain Pierre Jourde ; Frédérique Vidal a, bien sûr, twitté : « Heureuse d’assister avec @franckriester à la représentation des Suppliantes d’Eschyle. Face aux tentatives de censure, nous avons réaffirmé l’importance de la liberté de création et le refus du racisme » ; pendant que F.Riester déclarait : «Nous sommes là pour affirmer que la liberté, la création est (sic !) un principe fondamental ».
Mais il faut savoir lire entre les lignes. Tout d’abord, pour des raisons de sécurité, la représentation s’est faite uniquement sur invitations, l’entrée étant étroitement surveillée par la police et des agents de sécurité.
Et, surtout, les masques noirs qui étaient l’objet du courroux des associations perturbatrices avaient été remplacés par des masques couleur or et argent ! Comme l’écrit encore le FigaroVox : «Aucun maquillage offensant. Seuls les pieds et bras des comédiens sont recouverts d’une couleur argile ».
Et, alors, le commentaire du doyen de la faculté prend un écho particulier : «Tout le monde a pu voir que la mise en scène et le texte étaient humanistes, conformes aux valeurs de la République et de l’université ». Où l’on apprend donc que la soumission aux minorités les plus bornées fait maintenant partie des valeurs de la République macronienne.
ODE
“Maquillage offensant”…. c’est ça les héritiers de Voltaire???????? (Nonobstant tout ce qu’on peut dire de cet écrivain) “maquillage offensant”…. ça laisse tristement rêveur.