L'Homme nouveau aborde la question des notes à l'école, que certains souhaitent supprimer. Extraits :
"Il paraît que la note décourage, tue la curiosité naturelle de l’élève en le poussant à travailler seulement par peur de la sanction. Il paraît aussi qu’elle incite à n’apprendre que pour recracher ses connaissances au moment de l’interrogation pour tout oublier ensuite… N’est-ce pas plutôt à certains professeurs qu’il faudrait attribuer ce triste cahier des charges ? Car c’est à eux qu’il revient d’attiser la curiosité de l’enfant, de lui montrer l’intérêt de ce qu’il apprend, de lui donner les méthodes qui lui permettront de réussir, de l’aider à surmonter l’échec. Une note n’est somme toute qu’un chiffre, elle n’est pas un jugement sur la personne et n’est en tout cas pas responsable de l’échec ou de la réussite de l’enfant puisqu’elle ne fait que les signaler.
Pour l’Association des Parents d’élèves de l’Enseignement libre (APEL), il est clair que la solution au problème de l’évaluation ne réside pas tant dans la suppression du système des notes que dans la mise en place de mesures permettant une véritable objectivité du professeur. La présidente nationale de l’association, Béatrice Barraud, que nous avons contactée, insiste sur l’impact de la note tant sur le mental de l’élève que sur le regard du professeur sur lui. Pourtant, l’évaluation devrait être d’abord un moyen de donner de la valeur plutôt qu’une occasion de stress.
L’APEL planche sur la question depuis longtemps et propose la mise en place de l’évaluation partagée, un programme pédagogique plus qu’un système de notes : que les attentes et le barème soient très clairs avant chaque évaluation, que les professeurs se concertent entre eux pour s’accorder sur les exigences demandées à la classe, voire que l’enseignant ne corrige pas systématiquement les copies de ses élèves mais que le correcteur soit parfois un tiers, comme au bac ou au brevet. De même, certains commentaires dévalorisants et franchement pas pédagogiques doivent être bannis des copies. Il s’agit en somme, et ce n’est pas nouveau, de tirer le meilleur de l’élève, de valoriser les réussites sans nier les échecs. Il est patent que la suppression des notes ne ferait qu’empirer la situation car c’est entrer dans une logique où toute forme d’évaluation est vue comme stigmatisante. Et Dieu sait combien on stigmatise aujourd’hui toute forme de stigmatisation…"
ODE
Ce qui est demandé par l’Apel est exactement ce qui est pratiqué: évidemment j’explique à mes élèves la manière dt ils seront notés, évidemment je leur donne toutes les règles qui leur permettront de réussir au contrôle, évidemment je fais une révision avec toute la classe le jour précédent, évidemment je donne le travail très à l’avance, évidemment je n’interroge pas sur autre chose que sur ce qui est demandé, la pédagogie, croyez-moi, ça nous connaît! Il faut bien se rendre compte que malgré cela, malgré un système qui permet de revaloriser des notes (par exemple prendre en compte une bonne correction pour rajouter des points) et que j’ai pratiqué tout le long de mes années d’enseignement, il y a malgré tout des élèves qui ne FONT RIEN, tout simplement!! Et croyez-moi, être moins rigoureux avec eux n’est en aucun cas une bonne idée, ça leur donnera envie de paresser encore plus, voilà tout. Quand on donne 20 mots de vocabulaire, vus et revus en cours, à apprendre en latin avec une semaine pour le faire, puis qu’on refait 2, 3 fois la même interrogation jusqu’à ce que tt le monde ait 20 (je dis bien la même!), non pas pour augmenter la moyenne, mais pour les contraindre à apprendre (c’est quand même le but, leur mettre des choses dans la tête), et que certains persistent à NE RIEN APPRENDRE, réellement… croyez-moi, ce n’est pas à ces soi-disant spécialistes qu’il faut demander de parler de ça, mais à ceux qui sont confrontés quotidiennement à ce problème. Il faut arrêter de trouver des excuses à des paresseux ignares et les mettre en face de leurs responsabilités: à 12-13 ans, ils en sont capables. S’ils ne veulent rien apprendre, qu’ils partent exercer un métier, voilà tout. On ne peut pas vouloir à tout prix les garder dans un système que, visiblement, ils dénigrent. C’est absurde et on perd du temps qu’on pourrait consacrer à faire avancer les meilleurs éléments.
cosaque
“N’est-ce pas plutôt à certains professeurs qu’il faudrait attribuer ce triste cahier des charges ?”
Sur le fond, on est bien d’accord.
Cela est en train de se mettre en place mais ne va malheureusement pas dans le sens pour tirer vers le haut, bien au contraire. Plus vous êtes ds le moule, meilleur est votre note.
D’autant qu’on jure de + en + par le travail d’équipe des professeurs et des élèves, les programmes transversaux et tt ce qui permet d’éviter d’aborder de solides connaissances.
Bref, ds l’Eduication nationale, préparation à la société de demain, le groupe tend à supplanter l’individu…
Denis Crouan
Tous les enseignants savent que ce qui “marche”, ce sont les cours structurés où les choses sont clairement dites et où les élèves ont le sentiment que le professeur est là pour leur apprendre quelque chose. Ces cours se terminent par des leçons à savoir, des devoirs à faire et des interrogations sanctionnées par des notes. Voilà ce qui marche.
Mais voilà aussi ce que les enseignants n’ont plus le droit de faire.
Il leur est officiellement interdit de concevoir ainsi leur mission alors même que dans les textes officiels, il leur est reconnu le droit à la liberté pédagogique. En clair, le professeur qui utilise des méthodes traditionnelles qui ont fait leur preuves et qui obtient ainsi de bons résultats… est sanctionné par les inspecteurs de l’Education Nationale qui vivent dans leur bulle et préfèrent voir les enseignants continuer à brasser l’air cdes méthodes pédagogiques totalement inefficaces. Il est vrai que le but de l’Education Nationale est de fabriquer des futurs salariés taillables et corvéables qui permettront à la société de consommation de continuer à tourner sans que ses procédés d’abrutissement de l’homme soient remis en cause.
Christine
Heu… Et là-dedans, les parents… ?
Tous innocents ?
Savez-vous que dans les meilleurs écoles, le sentiment général du corps professoral est celui de l’irresponsabilité des parents ?
On lui refile des enfants qui dès le plus jeune âge et dans la plupart des familles ont appris à “négocier”.
Bien sûr que rendre un travail attractif est important, mais on ne peut en faire une partie de rigolade perpétuelle.
Dans tout enseignement comme dans tout apprentissage, il y a une part d’ascèse. Or cette ascèse n’est plus comprise, jusque dans nos familles catholiques, et quand ces fondamentaux ne sont pas mis en place dès la tendre enfance, il est évident qu’il y aura des souffrances au collège où l’acquisition des savoirs se fait très rapidement plus exigeante.
Que l’on ajoute à cela le problème du collège unique, très critiqué parmi les catholiques conservateurs… qui entendent bien néanmoins que tous leurs enfants, quelles que soient leurs aptitudes et quelles que soit plus encore leur assiduité, décrochent le sacro-saint baccalauréat, comme si c’était le but ultime de la scolarisation, la boucle est bouclée !
Platon, Aristote, Saint Thomas, Erasme et son grand ami Thomas More, Saint Ignace et j’en passe, peuvent se retourner dans leur tombe : il est implicitement admis, inconsciemment pour une part, je le crois volontiers, que l’école n’est plus faite pour former un être humain entier, responsable et altruiste, mais pour décrocher un papier dont nous savons tous qu’il n’a plus de valeur – et bien sûr, plus tard, make money, THE very important thing !
“Là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur.”
L’on aura eu ainsi des générations de garçons systématiquement orientés vers les filières dites scientifiques, au mépris de celles qui sont sensées former davantage l’être et la personnalité, et beaucoup de parents n’admettent encore qu’en rechignant qu’un enfant “intelligent” puissent ne faire “que” des lettres, de l’histoire ou de la philosophie, quand “il pourrait faire beaucoup mieux”!
Il est sûr que notre combat n’étant pas d’abord un combat de doctrine et de principes, on le gagnera mieux en étant moins armé…
Et je me reproche presque des paroles qui peuvent paraître bien dures, et je pense bien sûr à ces parents formidables, qui dans la discrétion, sont toujours là non seulement pour assumer leur travail de parents, mais trouvent encore le moyen de soutenir par mille petits riens des professeurs dont ils comprennent la difficulté du métier.
Oui, il y a de tels parents, grâce à Dieu, mais l’on se demande parfois si le grand nombre sait tout simplement ce que c’est, fondamentalement, qu’une école!
Et tant pis pour ceux que j’aurai choqués, et continueront de se lamenter sur le bas niveau d’une institution dont ils ignorent la raison d’être, et plus de 2500 ans de tradition humaniste…
cosaque
mea culpa :
“meilleure est…”
Exupéry
Ce refus… dénote trois processus : 1° L’intolérance à la frustration, 2° Le refus de voir la réalité en face, 3° Le refus d’être responsable de ces actes.
Notés ou pas, ceux-la sont, pour la société, irrécupérables.
Philippe
Sur le livret scolaire de mon fils, en Cours Moyen 2eme année d’une ville non scolairement sinistrée, de nombreuses matières ne comportent pas de notes mais seulement un système en trois points : acquis, à améliorer, non encore acquis. Seules certaines matières sont encore notées : orthographe, mathématiques.
Je pense qu’il s’agit d’un modèle de livret scolaire standard.