L'Américain Troy Davis a été exécuté mercredi par injection. Initialement prévue à 19 heures locales, l'exécution a été retardée dans l'attente d'une décision de la Cour suprême des Etats-Unis, qui a finalement autorisé sa mise à mort. Le gouvernement français a regretté l'exécution. Barack Obama n'a pas souhaité intervenir dans cette affaire. Condamné à mort pour le meurtre du policier Mark MacPhail tué par balles sur un parking de Savannah en 1989, Troy Davis avait déjà échappé à 3 exécutions grâce à de multiples recours judiciaires évoquant des doutes quant à sa culpabilité. Pourtant, celle-ci ne faisait aucun doute, comme le rappelle Ann Coulter :
"Il y a plus de preuves crédibles que des extraterrestres ont marché parmi nous qu'une personne innocente a été exécutée dans ce pays dans les 60 dernières années, et encore moins les cinq dernières années. Mais à moins que le public aille examiner personnellement les transcriptions des procès ayant abouti à la peine de mort, il n'a aucun moyen de connaître la vérité. Les médias ne seront certainement pas là pour le leur dire.
Il est presque impossible de recevoir une sentence de mort ces jours-ci – sauf si vous faites quelque chose complètement folle, comme tirer sur un flic devant des dizaines de témoins sur un parking de stationnement Burger King, quelques heures seulement après avoir tiré sur une voiture qui passait. C'est ce que Troy Davis a fait en août 1989. […] Après un procès de deux semaines avec 34 témoins de l'Etat et six témoins de la défense, le jury composé de sept Noirs et cinq blancs a pris moins de deux heures pour condamner Davis […]. Deux jours plus tard, le jury a condamné à mort Davis.
[…] Il a été affirmé – dans The New York Times et le magazine Time, par exemple – qu'il n'y avait pas de "preuves matérielles" reliant Davis et les crimes. Davis a sorti une arme et a tiré sur deux inconnus en public. Quelles «preuves physiques» attendent-ils ? Pas de maisons cambriolées, pas de voitures volées, pas de viols ou de bagarres suite à la fusillade. Où voulez-vous aller chercher l'ADN? Et pour prouver quoi? […] Il est vrai que l'essentiel de la preuve contre Davis a été celle de témoins oculaires. […] La majeure partie des témoignages oculaires a établi ce qui suit:
Deux grands, jeunes hommes noirs harcelaient un vagabond dans le parc de stationnement Burger King, l'un avait une chemise jaune et l'autre une chemise blanche Batman. Celui à la chemise blanche a utilisé un revolver contre le vagabond. Quand un flic a crié d'arrêter, l'homme à la chemise blanche a couru, puis a tiré sur le flic, s'est dirigé vers son corps et lui a tiré dessus à nouveau, en souriant. Les témoins oculaires ont décrit que le tireur portait une chemise blanche […]. Pas un seul témoin n'a désigné l'homme à la chemise jaune […]. Aujourd'hui, les médias affirment que sept des neuf témoins à charge au procès de Davis se sont rétractés. Tout d'abord, l'Etat a présenté 34 témoins contre Davis – non pas neuf – ce qui devrait vous donner une idée de la façon dont les médias sont pointilleux sur leurs faits dans les cas de peine de mort. […] Le témoignage rétracté est la preuve moins crédible car il prouve seulement que les avocats de la défense ont réussi à mettre la pression sur certains témoins pour modifier leur témoignage, qui plus est, après la fin du procès […].
Aux adversaires de la peine de mort qui font une fixation sur la race de Davis – il est noir – il devrait être rappelé que tous les témoins ci-dessus sont eux-mêmes afro-américains. […] Il y a une raison si la douzaine de tribunaux qui se sont penchés sur le cas de Davis ont refusé d'annuler sa condamnation à mort. Il est innocent comme tous les autres hommes exécutés depuis au moins 1950, c'est à dire, coupable comme l'enfer."
Ajoutons que, en même temps, un membre du Ku Klux Klan a été exécuté aux Etats-Unis. Les opposants à la peine de mort sont restés bien silencieux sur ce cas, preuve s'il en est que leur opposition "absolue" à la peine capitale… n'est pas vraiment absolue.
Une dernière chose sur la position de l'Eglise. En 2004, le cardinal Ratzinger avait publié une note destinée aux évêques américains, dans laquelle on lit ceci :
"Les questions morales n’ont pas toutes le même poids moral que l’avortement ou l’euthanasie. Par exemple, si un catholique était en désaccord avec le Saint-Père sur l’application de la peine capitale ou sur la décision de faire la guerre, il ne serait pas considéré pour cette raison comme indigne de se présenter pour recevoir la sainte communion. L’Eglise exhorte les autorités civiles à rechercher la paix et non la guerre et à faire preuve de modération et de miséricorde dans l’application d’une peine aux criminels. Toutefois, il peut être permis de prendre les armes pour repousser un agresseur ou d’avoir recours à la peine capitale. Les catholiques peuvent légitimement avoir des opinions différentes sur la guerre ou la peine de mort, mais en aucun cas sur l’avortement et l’euthanasie."