Traduction d'un article italien par Benoît-et-moi :
"La nomination de l'évêque de Ratisbonne, Gerhard Müller, comme nouveau préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a été précédée et suivie par la diffusion – d'abord par des e-mail anonymes et ensuite dans des articles sur le web, y compris le site italien de la Fraternité Saint-Pie X – de petites extrapolations à partir de ses écrits qui rapporteraient des positions discutables en matière de foi. Les choses sont-elles vraiment ainsi? Vatican Insider a interviewé sur ce sujet le théologien Nicola Bux, consultant de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.
– Dans son livre de dogmatique, Müller écrit que la doctrine de la virginité de Marie «ne concerne pas tant des propriétés physiologiques spécifiques du processus naturel de la naissance …».
-Le Catéchisme de l'Eglise catholique précise que l'aspect corporel de la virginité réside entièrement dans le fait que Jésus a été conçu sans semence humaine, mais par l'opération de l'Esprit Saint. Il s'agit d'une œuvre divine qui dépasse toute compréhension et possibilité humaine. L'Église confesse la virginité réelle et perpétuelle de Marie, mais ne se plonge dans des particularités physiques; pas plus qu'il ne semble que les Conciles et les Pères aient dit autrement.
Il me semble que c'est dans cette ligne, qu'il faut comprendre ce que Müller a écrit; il ne soutient pas une «doctrine» qui nie le dogme de la virginité perpétuelle de Marie, mais met en garde contre un certain, pour ainsi dire, «capharnaïsme», c'est-à-dire cette manière de raisonner «selon la chair» et non «selon l'esprit», qui avait déjà émergé à Capharnaüm parmi les Juifs à la fin du discours de Jésus sur le pain de vie.– En 2002, Müller, dans son livre "Die Messe – Quelle des Lebens christlichen" , parlant du sacrement de l'Eucharistie, écrit que «le corps et le sang du Christ n'indiquent pas des composantes matérielles de la personne humaine de Jésus pendant sa vie ou sa corporéité transfigurée. Ici, le corps et le sang signifient la présence du Christ sous l'apparence du milieu composé de pain et le vin».
–Justement à Capharnaüm, les termes utilisés par Jésus, chair et sang, ont été mal compris, de manière anthropomorphe et le Seigneur a dû réaffirmer leur sens spirituel, qui ne signifie pas que sa présence est moins réelle, vraie et substantielle. Voir à cet égard, le Catéchisme de l'Église catholique. Saint Ambroise dit qu'il ne s'agit pas de l'élément formé par la nature, mais de la substance produite par la formule de la consécration: la nature elle-même est changée, de sorte que le corps et le sang sont l'être de Jésus. Le Concile de Trente dit que dans l'Eucharistie est présent «substantiellement» Notre Seigneur, vrai Dieu et vrai homme. Il est sacramentellement présent avec sa substance, une manière d'être mystérieuse, admissible par la foi, et possible par Dieu Saint Thomas avait dit que le moyen de la «substance» et non pas de la «quantité», caractérise la présence du Christ dans le sacrement de l'Eucharistie. Le pain et le vin en tant qu'espèce ou apparences, servent de médiateurs à notre accès à la «substance», chose qui arrive surtout dans la communion. De toute façon, le Concile de Trente ne voit aucune contradiction entre le mode naturel de la présence du Christ dans le ciel et celui sacramentel de son 'être' dans de nombreux autres endroits. Tout cela a été réaffirmé par le pape Paul VI dans son encyclique Fidei Mysterium, malheureusement oubliée. Les sens ne sont pas suffisants, il faut la foi. C'est le mystère de la foi».
– Sur le protestantisme et l'unicité salvifique de Jésus, Müller, en octobre 2011 a déclaré: «Le baptême est le signe fondamental qui nous unit sacramentellement au Christ, et qui nous présente comme une Église devant le monde. Par conséquent, nous, catholiques, et les chrétiens évangéliques, nous sommes déjà unis dans ce que nous appelons l'Eglise visible».
— Saint Augustin a défendu contre les donatistes la vérité que le baptême est un lien indissoluble, qui n'abolit pas la fraternité entre les chrétiens, même quand ils sont schismatiques ou hérétiques. Malheureusement, aujourd'hui dans l'Église, on craint le débat, mais on procède par thèses, et ostracisme de ceux qui pensent différemment. Je fais allusion à la théologie, bien sûr, qui peut être discutable. Toutefois, même le développement doctrinal tire avantage du débat: celui qui a le plus d'arguments convainc. Dans les accusations portées contre Mgr Müller, on extrapole à partir du contexte: de cette façon, il est facile de condamner n'importe qui. Un vrai catholique doit faire confiance à l'autorité du pape, toujours. En particulier, je crois que Benoît XVI sait ce qu'il fait. Et je voudrais renouveler à la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X l'appel à la confiance dans le pape». […]"