Mon post d'hier a suscité un certain nombre de réactions. Et il est certain que la sortie de Manuel Valls appelant quasi-ouvertement le cardinal Barbarin à la démission n'avait pas arrangé les choses. Mais en matière de communication, il n'y a pas que le Premier ministre qui est fautif. On peut en effet s'étonner du communiqué de presse du cardinal Barbarin daté du 14 mars, commentant une plainte, qui n'a finalement été déposée que le 29 mars. Car il s'agit bien de la même affaire, et pas exactement pour le même motif. Le communiqué de l'archevêché évoque :
"une plainte avait été déposée à son encontre pour « mise en danger de la vie d’autrui et provocation au suicide »."
Or la plainte concerne «Mgr Barbarin» mais aussi «toute personne n'ayant pas pris les mesures nécessaires vis à vis de Jérôme Billioud». Et cette plainte concerne la « non-dénonciation » d’agressions sexuelles et « mise en danger de la vie d’autrui ». On peut se demander si la communication autour du cardinal n'a pas été un peu trop réactive, dans son souci de défendre Mgr Barbarin.
La défense légitime de l'Eglise dans un pays de plus en plus christianophobe ne doit pas nous masquer le fait qu'il existe, et pas seulement dans le diocèse de Lyon, de réels problèmes dans la gestion d'affaires scandaleuses impliquant des prêtres. Aujourd'hui encore, un autre prêtre lyonnais est soupçonné d'agressions sexuelles. Une autre affaire implique actuellement le diocèse du Mans.
Si Benoît XVI a voulu faire toute la vérité sur ces crimes, ce n'est pas pour que nous y jetions le manteau de Noé :
"Nous devons accueillir cette humiliation comme une exhortation à la vérité et un appel au renouvellement. Seule la vérité sauve. Nous devons nous interroger sur ce que nous pouvons faire pour réparer le plus possible l’injustice qui a eu lieu. Nous devons nous demander ce qui était erroné dans notre annonce, dans notre façon tout entière de configurer l’être chrétien, pour qu’une telle chose ait pu arriver. Nous devons trouver une nouvelle détermination dans la foi et dans le bien. Nous devons être capables de pénitence. Nous devons nous efforcer de tenter tout ce qui est possible, dans la préparation au sacerdoce, pour qu’une telle chose ne puisse plus arriver. C’est aussi le lieu pour remercier de tout cœur tous ceux qui s’engagent pour aider les victimes et pour leur redonner la confiance dans l’Église, la capacité de croire à son message. […]
Nous sommes conscients de la gravité particulière de ce péché commis par des prêtres et de notre responsabilité correspondante. Mais nous ne pouvons pas taire non plus le contexte de notre temps dans lequel il est donné de voir ces événements. Il existe un marché de la pornographie concernant les enfants, qui en quelque façon, semble être considéré toujours plus par la société comme une chose normale. La dévastation psychologique d’enfants, dans laquelle des personnes humaines sont réduites à un article de marché, est un épouvantable signe des temps. […]
Pour nous opposer à ces forces nous devons jeter un regard sur leurs fondements idéologiques. Dans les années soixante-dix, la pédophilie fut théorisée comme une chose complètement conforme à l’homme et aussi à l’enfant. Cependant, cela faisait partie d’une perversion de fond du concept d’ethos. On affirmait – jusque dans le cadre de la théologie catholique – que n’existerait ni le mal en soi, ni le bien en soi. […]"
Ceci pour dire que, au-delà de l'infâme récupération politico-médiatique, il y a de réels problèmes, bien souvent issus des prédécesseurs de nos évêques actuels, qui ont laissé des situations parfois désastreuses. Et il ne s'agit pas seulement de pédophilie. Il y a un réel problème lié à l'homosexualité de certains prêtres. Nous en parlions il y a quelques jours dans deux articles successifs. La responsabilité des évêques n'est donc pas à relativiser :
"La question est plutôt de savoir comment un évêque doit-il gérer ce type de déviance au sein même de son clergé. Un prêtre affecté de ce mal peut-il encore exercer un ministère ? Jusqu’où un évêque a-t-il le droit de le nommer à une charge pastorale ? Les intéressantes études de Mgr Anatrella sur le sujet montrent la complexité de ces personnes et, souvent, leur double visage.
Rappelons qu’entre pédophilie et homosexualité, il y a l’éphébophilie, c’est-à-dire l’attirance pour les jeunes pubères. Les affaires qui secouent le diocèse de Lyon ne sont pas anodines. Si le cas de la pédophilie est généralement traité efficacement, il existe une véritable jachère dans l’Eglise autour de la question homosexuelle.
Le Conseil Famille et Société a récemment organisé une rencontre sur ce thème sans qu’aucune fois ne soit exprimé l’enseignement de l’Eglise concernant l’homosexualité. Tout a été dit hormis l’essentiel. Mgr Brunin et consort n’ont eu de cesse de parler d’accompagnement sans jamais évoquer la question de la conversion intérieure et morale. La relativisation de l’homosexualité conduit au type d’impasse que nous vivons actuellement. Le diocèse de Lyon et bien d’autres n’ont pas su le gérer. Résultat : nous en sommes là. Et à quel prix…
Combien de prêtres, l’immense majorité, se voit insultée par l’irresponsabilité de certains évêques. A Lille, à Gap, à Paris aussi, on ne fait pas tellement cas de cela… et des postes très importants sont confiés à de drôles de types… Quelle honte.
La posture des médias ordinairement pro LGBT devient tout à coup assez surprenante. Sans le savoir, ils ont mis le doigt sur cette question cruciale et dramatique de l’homosexualité dans l’Eglise et imposent cet ordre du jour. Au scandale de la pédophilie de quelques prêtres s’ajoute celui de la négligence face à la tendance homo.
Rassurons-nous, ceux-ci sont minoritaires dans le clergé, mais bien actifs… la preuve. L’apaisement viendra de la prière, des sacrifices et de la responsabilisation."