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L'Eglise : L'Eglise en France

A quand « l’œcuménisme en interne » ?

A quand « l’œcuménisme en interne » ?

L’historien Guillaume Cuchet, spécialiste du catholicisme contemporain, a été interrogé dans Famille chrétienne. Extraits :

[…] Le catholicisme en France est donc déjà minoritaire et partagé entre plusieurs sensibilités. Le clivage actuel, entre les catholiques qu’on appelle parfois « d’affirmation » et ceux dits « d’ouverture » va– t-il perdurer ?

Ce sont deux appellations fort discutables mais elles sont commodes pour désigner ces deux courants qui portent des conceptions de l’Eglise et de son rapport au monde sensiblement différentes. Tout d’abord, il faut rappeler que ces deux sensibilités ne sont pas nouvelles. Elles ont une histoire ancienne qui remonte au XIXe siècle et que beaucoup de nos contemporains ignorent, y compris au sein de l’Eglise. D’un côté les « libéraux » et de l’autre, ceux que les historiens ont appelés les « intransigeants ». C’était à l’époque où le pape Pie IX a publié le fameux Syllabus (1864). 80 propositions censées résumer la pensée du monde moderne et dont la dernière condamnait explicitement « le progrès, le libéralisme et la civilisation moderne ». Cette opposition se poursuit donc aujourd’hui à travers leurs héritiers. Vous avez d’un côté des catholiques qui ont un rapport volontiers antagoniste avec le monde moderne. Ils ont un vrai souci de la transmission et des réussites dans ce domaine, au risque parfois de la « bunkérisation ». De l’autre côté des catholiques plus sensibles aux évolutions nécessaires de leur religion mais au risque de la dissolution dans le monde moderne.

Au sein des catholiques « d’affirmation », on peut inclure les traditionalistes dont les effectifs progressent. Pour preuve, le nombre record d’inscrits au pèlerinage Paris-Chartres organisé par l’association Notre-Dame de Chrétienté l’été dernier. Comment expliquez-vous un tel boom ?

Il faudrait évaluer l’ampleur réelle de ce boom car c’est effectivement une mouvance qui occupe une place croissante, mais à l’intérieur d’un monde catholique qui se rétrécit comme peau de chagrin. Il y a une dynamique mais assez relative tout de même. Les raisons en sont multiples mais il y a tout de même en toile de fond, me semble-t-il, le fait que nombre de catholiques français ont le sentiment d’avoir fait, depuis le Concile, des efforts considérables d’adaptation qui n’ont pas été payés de retour. Le concile se voulait avant tout « pastoral » et non « doctrinal ». Il s’agissait de faire revenir les fidèles dans le giron de l’Eglise mais force est de constater qu’en France tout du moins, les buts pastoraux n’ont pas été atteints. Est-ce la faute du Concile ? Est-ce la faute à la manière dont il a été appliqué ? Il existe des discussions sans fin sur les raisons de cet échec car c’est un échec, quoi qu’on en dise. Passer de 25 % de pratiquants au début des années 60 à 1,5 % n’est pas un succès ! Certains catholiques l’ont vécu sincèrement comme un bon en avant doctrinal et théologique formidable mais les résultats n’ont pas été au rendez-vous. Il y a là une déception profonde. On a cherché à s’expliquer cet échec : on avait mal compris ou mal appliqué le Concile ; la génération Jean-Paul II s’est promise de redresser la barre et elle a cru fugitivement, autour des JMJ de 97 en France toucher enfin les bénéfices de son œuvre de redressement. Las ! Il a fallu déchanter à nouveau et c’est elle, aujourd’hui, qui doit nettoyer les écuries d’Augias de la crise des abus sexuels dans laquelle certaines de ses anciennes figures de proue sont gravement compromises. Alors, dans ce contexte, arrivent les traditionalistes qui disent : « Nous, on ne nous a jamais essayé. On a un diagnostic et des solutions, etc. ». Ça attire, comme si les solutions du problème catholique en France se trouvaient sans cesse plus « à droite ».

[…] On a beaucoup parlé d’œcuménisme à la suite du concile Vatican II. Avec les protestants, les orthodoxes… C’est une très bonne chose mais je pense qu’il faut aussi pratiquer cet œcuménisme en interne. Il faut être capable de se parler entre catholiques de sensibilités différentes et on peut espérer que la jeune génération trouvera les voies de ce dialogue. Il faut le souhaiter du moins.

Dans la dernière lettre de Paix Liturgique, Christian Marquant raconte qu’il n’a pas encore réussi à rencontrer le nouveau préfet du Dicastère pour la culte divin, alors qu’il avait pu voir chacun de ses prédécesseurs :

[…] Depuis plus de 30 ans, lorsqu’arrive à la tête du Culte divin un nouveau Préfet, le cardinal Medina, le cardinal Cañizares, le cardinal Sarah, je vais le saluer, lui présenter notre association et nos travaux en sollicitant ses conseils. Pour Arthur Roche, il a été impossible de le rencontrer, ni même de le voir ou de prendre un café avec lui. Et je sais qu’il a réservé un accueil semblable – c’est-à-dire plutôt « un non-accueil » – à la Fédération Internationale Una Voce, c’est-à-dire à ceux qui aimeraient comprendre ce qui se passe de la bouche même de celui qui s’exprime de cette étrange manière. Comme si il avait peur de clarifier les choses.

Mais le cardinal Roche doit-être débordé.

Pas plus que ses prédécesseurs qui nous ont toujours accordé quelques moments. Mais pour le cardinal Roche, quand on lui demande s’il a un instant pour nous, c’est toujours « NADA » une sorte de variante négative du célèbre « TODOS » ou alors un genre de « NADA por TODOS los tradicionalistas ».

Mais que voudriez-vous lui demander ?

En quoi la théologie de l’Église concernant la messe a changé ? Pourquoi Traditionis custodes dit-il que la messe ancienne n’est plus lex orandi ?

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