Le docteur Adel Ghali est un médecin égyptien copte. Depuis quarante ans, il se dévoue auprès des chiffonniers du Caire, ces jeunes enfants qui vivent dans les bidonvilles de cette mégalopole, sans ressources. Sa rencontre avec Soeur Emmanuelle a changé sa vie, et avec elle, puis après elle, il a décidé de continuer son combat pour les plus pauvres.
« Je ne crois pas que les gens sont merveilleux, je le vois. Je ne crois pas que ce qu’ils font est merveilleux, je le constate. Qui aurait pu penser qu’une ville s’élèverait là où il y avait une affreuse décharge ? Soeur Emmanuelle disait souvent : “Il n’est pas interdit de rêver.” Son rêve éveillé a fait des merveilles. Le rêve a été plus fort que la misère. L’amour plus fort que la mort.
Pourquoi écrire mes souvenirs ? À quel titre ? Je ne suis pas Oum Kalsoum ni le président Nasser ! Chez vous, Churchill et de Gaulle ont écrit leurs Mémoires, mais c’étaient des grands hommes. Je ne suis ni Albert Schweitzer ni Alexander Fleming ; je suis un médecin parmi d’autres. Parmi des milliers de médecins égyptiens qui font quotidiennement leur travail. Ma vie ne vaudrait pas d’être contée si, en rencontrant Soeur Emmanuelle, je n’étais devenu un petit instrument au service des plus pauvres dans la main de Notre Seigneur.
C’est lui en effet qui m’a guidé vers elle. C’est la divine Providence qui m’a fait rencontrer ma grande amie et modèle. Et c’est cette histoire que je vais raconter. »
Son livre mêle récit de son activité auprès des chiffonniers en compagnie de Soeur Emmanuelle et histoires de l’Egypte chrétienne depuis l’Ancien Testament, en passant par le séjour de la Sainte Famille, les ermites… Il écrit aussi :
Il y a au Caire des jeunes gens volontaires de France – leur association s’appelle SOS-Chrétiens d’Orient, nous l’avons déjà évoquée. […] J’approuve leur action et je les en remercie, mais je me demande parfois si ne va pas venir un moment où nous devrons, nous chrétiens de l’orient fonder une association analogue, SOS-Chrétiens d’Occident, pour venir en aide à nos frères d’Europe.
Nous n’irons pas soigner les corps – pour l’instant la France, l’Allemagne et les autres restent bien outillés en ce qui les regarde -, mais peut-être faudra-t-il s’occuper des âmes. […]
Plus loin il cite le pape copte Chenouda III :
Le monde entier attend que l’orthodoxie fasse quelque chose contre tant d’hérésies répandues dans le monde, pour la liberté et son sens, contre l’immoralité, l’homosexualité et ce qu’on appelle des prêtres thaumaturges, contre l’ordination à la prêtrise d’homosexuels… Permettez-moi de dire qu’en Orient, dans les pays non chrétiens, de telles choses qui se passent en Occident donnent une mauvaise réputation au christianisme. Ces pays ne font pas de différence entre Orient et Occident.
Et Adel Ghali commente :
Il y a urgence à nettoyer certaines aberrations venues de la pensée mondaine occidentale, déjà infiltrées, à des degrés divers, dans plusieurs Eglises protestantes et, petit à petit, dans l’Eglise romaine. Notre prière vise à vous y aider, elle a soif d’unité dans la foi. Le paradoxe de l’oecuménisme en Europe, c’est qu’en faisant mouvement vers certains protestants qui n’avaient plus de chrétien que le nom, l’Eglise catholique s’est éloignée de ses soeurs d’Orient. Le grand espoir des années soixante s’est perdu en route.