De Raphaëlle Coquebert sur le site des accueils Louis et Zélie :
Après 20 ans de mariage et trois enfants, Louis se prend de passion pour une autre femme que la sienne et quitte le domicile conjugal. À terre, son épouse Sophie implore le Ciel de l’aider et met tout en œuvre pour reconquérir l’infidèle.
C’était en 2012. Nous avions 20 ans de mariage au compteur durant lesquels il nous était déjà arrivé de peiner à communiquer l’un avec l’autre. Pour y remédier, nous avions eu besoin de nous tourner vers un mouvement proposant des échanges en profondeur entre couples : la branche Couples et Familles de Fondacio. Nous avions tous deux un parcours de foi avec des hauts et des bas -pas toujours synchronisés- sans être très pratiquants ; mais qui mieux que l’Eglise pour aider à prendre soin de son mariage ? Fondacio donne des clés afin d’instaurer un dialogue de qualité entre maris et femmes et propose des soirées d’échange mensuel avec d’autres couples : nous en tirions un réel bienfait.
Mon mari travaillait à Paris trois jours par semaine, voyageait beaucoup. Insensiblement, nous nous éloignions l’un de l’autre. C’est alors qu’il a rencontré quelqu’un lors d’un déplacement professionnel… En quelques mois, les liens avec cette femme se sont resserrés. Il parlait de cette collaboratrice avec tant d’enthousiasme que j’ai commencé à sentir planer une menace sur notre famille. Le choc de ce pressentiment m’affectait jusqu’aux tréfonds de mon être. Mais face à l’attitude fuyante de mon mari, je ne savais comment me comporter : j’étais au trente-sixième dessous.
C’est alors que je me suis rapprochée du Ciel : tout en étant croyante, je ne prenais pas le temps de prier, de m’asseoir pour un cœur à cœur silencieux avec Dieu. Tandis que là, j’ai… comment dire ? littéralement plongé dans la prière. Oui, c’est ça : plongé. Si bien que j’ai éprouvé le besoin de faire une retraite : au cours de cette « Marche des Mères », week-end entre femmes organisé par la Communauté de l’Emmanuel , j’ai reçu cette parole de l’Ancien Testament (Ézéchiel 36:26) : « J’ôterai de votre chair le cœur de pierre, je vous donnerai un cœur de chair. » Ma conversion était en marche.
Pâques est arrivé. Nous étions tous en famille avec nos trois filles -entre 13 et 20 ans. Ma souffrance était visible. Je me sentais trahie, mais n’osais aborder le sujet de front avec mon mari. On peut dire que cette semaine-là, j’ai vécu ma Passion à moi, en union avec celle du Christ.
Enfin, le dimanche de la divine Miséricorde [premier dimanche qui suit la fête de Pâques, NDRL], j’ai crevé l’abcès. Nous avons eu un échange en vérité avec Louis, qui a reconnu les faits. A nouveau, je me suis raccrochée à ma foi : j’ai commencé une neuvaine à saint Joseph et suis allée me confesser.
Ce qui m’a donné la force nécessaire pour aller trouver mon mari quelques jours après et lui demander pardon pour tous mes manquements. J’ai eu cette grâce de pardonner dès le début, comme pour remettre les compteurs à zéro. Hélas, lui était comme ailleurs, dans une bulle très loin de moi. Il m’a annoncé vouloir quitter la maison.
C’est vraiment ma foi qui a été ma bouée de sauvetage : un livre bouleversant de méditations écrit par un pasteur protestant ainsi que la contemplation d’une image du Christ trouvée sur le net, celle du tableau miséricordieux de Cracovie. Je n’avais pas l’habitude de prier le chapelet, ni de faire des neuvaines. Je les ai enchaînés pour tenir. Car j’étais au plus bas, ne dormais plus, maigrissais à vue d’œil…
Tandis que mon mari se préparait à nous quitter -nous faisions chambre à part-, j’ai été trouver sa famille (ses parents, sa sœur, sa cousine) : ils n’en revenaient pas. Louis, cet homme si sage qui n’avait jamais déraillé du droit chemin ! Tous m’ont soutenue, nous avons même fait ensemble une neuvaine à la Divine Miséricorde durant laquelle j’ai ressenti une vraie compassion pour mon mari, et même pour elle… Je me suis accrochée à cette dévotion à la Divine Miséricorde.
Le 2 mai, jour de nos 20 ans de mariage, j’ai eu une nouvelle conversation avec mon mari. Même s’il restait silencieux, je le sentais touché par mes paroles. Il m’a même offert un petit bijou. Du reste, il était respectueux, on ne s’est jamais disputé -sauf le jour de son départ. Il n’y avait pas de colère, c’était calme et douloureux.
Paradoxalement, je sentais que je devais prendre les armes, qu’il y avait un combat à mener et que je pouvais remporter la victoire. C’était de l’ordre du combat spirituel.
Je lisais tous les jours la Parole du Christ, et au plus profond de moi, j’étais en paix. A plusieurs reprises, j’ai eu le sentiment que la Vierge Marie me prenait sous son manteau.
En juillet, nous avons maintenu notre semaine de vacances familiales au Maroc. Drôle de situation… Au mois d’août, je suis partie en Pologne sur les traces de saint Jean-Paul II et de sœur Faustine : c’était comme un appel auquel j’ai consenti. J’ai déposé des intentions de prière pour notre couple et tous les couples en souffrance dans moult sanctuaires de Pologne ! Là-bas, un homme inspiré m’a dit que je recevrais de grandes grâces : en effet, je suis rentrée de ce pèlerinage emplie de confiance et de paix.
Pourtant, depuis son logement parisien, Louis ne donnait plus de nouvelles. Mais je pressentais que quelque chose se passait. Chaque année nous faisons une randonnée en famille fin août, que nous avions aussi maintenue : je sais, c’est surréaliste !
Les jours qui précédaient ces retrouvailles, j’ai crié vers le Ciel. J’étais à bout de forces. Et le miracle s’est produit : un matin, mon mari s’est senti incapable de travailler et comme poussé à aller prier devant le Saint-Sacrement. Il s’est rendu à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre : là, il a fondu en larmes et pris la décision de rentrer, pour ses enfants. Il commençait à sortir de sa bulle, à être en manque de sa famille et de ses amis.
Un combat spirituel de taille s’est joué en lui ce jour-là. Le soir même, il a rompu avec cette femme et m’a adressée un SMS :
« Je rentre à la maison. »
Il est rentré en effet le 10 août, le jour de sa fête. Le plus beau jour de ma vie.
Le chemin de reconstruction a été long. Louis m’a confié qu’il n’aurait pas regagné le foyer s’il n’y avait pas eu mon pardon. Il se savait accueilli sans réserve. Mais son combat spirituel n’était pas terminé. Il a duré jusqu’à Pâques de l’année suivante, où il a reçu la grâce d’être guéri de sa passion amoureuse pour cette femme.
L’histoire ne s’arrête pas là. En guise de réconciliation, nous sommes partis en vacances en amoureux à Séville. J’avais alors 45 ans et mon retour à Dieu m’avait conduit à retirer le stérilet que je portais. Et je suis tombée enceinte… alors que notre dernière fille avait 13 ans ! Sur le moment, Louis a mal réagi, il s’est senti piégé. Mais moi j’avais l’intuition dès le départ que ce serait un fils, le fils dont il rêvait ! Et c’est ce qui s’est passé. Nous avons été comblés de grâces, car tout s’est déroulé pour le mieux, ce qui n’était pas gagné, vu mon âge.
Dès lors, mon mari a vécu comme moi une vraie conversion spirituelle. Il a cheminé avec Fondacio, avec l’Emmanuel, avec les camps Optimum, où il a pu témoigner de son parcours.
Ensemble nous avons choisi de rendre ce témoignage public. A l’été 2020, nous avons rejoint la Communion Priscille et Aquila -mouvement de couples. Nous voulons donner de l’espérance à ceux qui sont mal-en-point : leur dire qu’avec la grâce de Dieu, tout est possible ! Tout.
NB : Si comme Sophie, vous traversez des turbulences dans votre couple, n’hésitez pas à prendre rendez-vous au sein de l’Accueil Louis et Zélie le plus proche de chez vous. S’il n’y en a pas, contactez-nous pour que l’on trouve ensemble une solution. Nous sommes à votre écoute.