Suite à la sortie hyper-médiatisée du livre de l’abbé Pierre, Mgr Simon, évêque de Clermont-Ferrand, réagit dans une tribune du Monde. Extraits choisis :
"Ce qui me met mal à l’aise, ce n’est pas tant le contenu de ces prétendues révélations. Depuis l’épisode évangélique dit "de la femme adultère", nous sommes, et heureusement pour nous, délivrés d’avoir à jeter la première pierre (…). D’ailleurs, quand on lit la conclusion que l’abbé tire de son expérience, plutôt malheureuse, selon son propre aveu, on retrouve la doctrine la plus classique de la tradition chrétienne : pour être humaine et gratifiante, la sexualité demande à être vécue dans un projet global qui engage durablement les deux partenaires."
"Le problème est ailleurs que dans le contenu de l’information. L’auteur du livre et l’éditeur dévoilent l’intimité d’un vieillard. Qu’il soit consentant, comme ils le prétendent, ne change rien à la gravité de l’affaire. De toute façon, en faisant cela, ils savent bien que l’opinion publique va se focaliser sur un seul point, et que tout le reste du message spirituel de l’abbé va en être "dévoyé". Car il est triste de voir quelqu’un qui a tant lutté pour défendre l’intimité des pauvres servir aujourd’hui de caution à l’exhibitionnisme et au voyeurisme médiatiques."
"C’est donc cela qui me scandalise : le voyeurisme. A quoi sert de construire des maisons, à quoi sert d’invoquer le droit au logement, si on fait passer tous les Français devant le trou de la serrure ? (…) On me rétorquera que c’est l’abbé lui-même qui a fait ses confidences au rédacteur. Et alors ? Est-ce une raison suffisante pour les mettre sur la place publique ? Tout le monde a le droit de faire des confidences, mais celui qui les reçoit a le devoir de les garder pour lui."
"Si l’abbé Pierre avait réellement voulu nous faire des confidences sur sa sexualité, il aurait pu le faire, il y a trente ou cinquante ans, à une époque où il rédigeait lui-même ses livres. Il y a dix ans, quand il avait, disait-on, "dérapé" dans l’antisémitisme par sa lettre d’encouragement à Roger Garaudy, des journalistes nous avaient expliqué que l’abbé Pierre n’avait peut-être plus assez d’autonomie personnelle pour résister aux sollicitations de ses amis. Et personne ne l’aurait, cette fois, sollicité ?"
"Pour le reste, on habille ces révélations d’un prétendu débat autour de l’ordination d’hommes mariés ou de femmes. Mais, s’il s’agissait vraiment de ces débats, ils pouvaient être menés pour eux-mêmes. Et je n’aurais pas été scandalisé par le fait qu’un journaliste sollicite et utilise les idées bien connues de l’abbé Pierre sur ces points. (…) Pour ma part, je ne refuse pas d’en parler, mais sur le fond. Simplement, je croirais davantage à la bonne foi de ceux qui prétendent en débattre s’ils prenaient la peine de signaler un point de vue différent du leur. Je constate qu’il est impossible de faire entendre un avis divergent. Alors qu’on ne vienne pas me dire que les prétendues "révélations" de l’abbé Pierre sont là pour faire avancer le dossier."
"En réalité, ce débat est, ici, un alibi au voyeurisme et à l’utilisation marchande du rayonnement exceptionnel de l’abbé Pierre."
JP
je propose une autre analyse, malheureuserment plus pessimiste:
et si ces “révélations”, à l’heure du synode et des autres révélations du cardinal Daneels avait pour seul objectif de vouloir fragiliser le Saint Père en affirmant médiatiquement que tous ne pensent pas comme lui?
Georges
En quoi consistent les “révélations” de Danaeels?
JP
le déroulement du conclave, et ses tiraillements