Une lettre de la première section de la secrétairerie d’Etat du Vatican, division des affaires générales, vient restreindre la liberté de célébrer la messe au sein de la Basilique Saint-Pierre de Rome.
La raison de la décision est « de donner une place plus centrale à l’écoute de la parole de Dieu et à la célébration eucharistique », et « pour assurer une atmosphère de recueillement et de décorum liturgique » aux messes célébrées dan la basilique.
Ces dispositions doivent entrer en vigueur le 22 mars.
Dès le lendemain de la parution de cette note, le cardinal Burke a demandé la révocation immédiate de ce document, invoquant des raisons de fond et de forme (“La Secrétairerie d’État n’est pas compétente pour la discipline liturgique de l’Église“). Jeanne Smits a traduit le texte du cardinal, dont voici un extrait :
3. En ce qui concerne la célébration individuelle de la Sainte Messe, il faut observer qu’il ne s’agit pas seulement d’un droit du prêtre, mais que celle-ci porte également un grand fruit spirituel pour toute l’Eglise, puisque les mérites infinis du Saint Sacrifice de la Messe sont plus largement appliqués d’une manière adaptée à notre nature finie et temporelle. Il est utile de réfléchir à l’enseignement du Concile de Trente, concernant la situation d’un prêtre qui célèbre la Sainte Messe sans qu’aucun fidèle ne reçoive la Sainte Communion. En ce qui concerne la participation des fidèles à la Sainte Messe, le Concile enseigne : « Le saint concile souhaiterait à la vérité qu’à chaque messe tous les fidèles qui y assisteraient communiassent non seulement spirituellement et par un sentiment intérieur de dévotion, mais aussi par la réception sacramentelle de l’Eucharistie, afin qu’ils participassent plus abondamment au fruit de ce très-saint sacrifice. » Il poursuit : « Cependant, encore que cela ne se fasse pas toujours, il ne condamne pas pour cela comme illicites et à titre de particulières les messes auxquelles le prêtre seul communie sacramentellement ; mais il les approuve et les autorise même, puisque ces mêmes messes doivent être estimées véritablement communes, et parce que le peuple y communie spirituellement, et parce qu’elles sont célébrées par un ministre public de l’Eglise, non seulement pour lui, mais aussi pour tous les fidèles qui appartiennent au corps de Jésus-Christ » (Session XXII, chapitre 6). Il faut en outre observer que le prêtre ne célèbre jamais seul la sainte Messe, même s’il n’y a personne d’autre physiquement présent, car les anges et les saints assistent à chaque offrande de la sainte Messe (can. 903).
[…]
6. Pour le bien de la foi catholique et pour le bon ordre de la Sainte Liturgie, l’expression la plus élevée et la plus parfaite de la vie de l’Église dans le Christ, le document en question devrait être révoqué immédiatement, c’est-à-dire avant sa date supposée d’entrée en vigueur, le 22 mars prochain. En outre, la pensée qui sous-tend un tel document devra être corrigée, en même temps que la discipline de l’Église universelle et la doctrine liturgique qui la sous-tend seront exposées aux fidèles.
En conclusion, la discipline de l’Église reconnaît le droit, et même le devoir, des fidèles chrétiens de faire connaître à leurs pasteurs leurs préoccupations sur les questions qui concernent le bien de l’Église et, de même, de faire connaître ces préoccupations à tous les fidèles chrétiens (can. 212 §3). Étant donné la gravité de la situation représentée par le document en question, j’espère que de nombreux fidèles chrétiens pour qui la basilique Saint-Pierre est, dans un sens tout particulier, leur église mère, et, surtout, de nombreux prêtres du monde entier feront connaître au pape François et à sa Secrétairerie d’État leur forte objection au document en question.