Lu dans Présent :
"Deux perdants s’imposent d’emblée : le président Barack Obama et le parti démocrate. Certes, leurs destins sont par nature intimement liés, mais dans ce bras-de-fer Obama aurait pu jouer ses cartes en solo. Or, il ne l’a pas fait. Pis : avec l’accord de dimanche, il a signé sa troisième reddition en quelques mois. En décembre, il renonce à s’opposer à une diminution d’impôts votée sous George Bush. Au printemps, refusant de déclarer le gouvernement en état de cessation de paiement, il plie sous le bluff de l’opposition. Et dimanche, il trahit à la fois sa doctrine et ses promesses : il voulait réduire le déficit en augmentant les impôts. Raté. Il souhaitait avoir la possibilité d’arrondir un peu plus la dette. Encore raté. Il espérait voir épargné le ruineux mammouth de l’Etat providence. Toujours raté. Sa cote de popularité, déjà bien basse, en prit un sacré coup. Obama fut élu en novembre 2008 par les jeunes, les minorités et les indépendants. Dans ces trois groupes, l’amertume a déjà gagné beaucoup de terrain. Le risque, c’est l’abstentionnisme.
L’autre perdant – on change de camp – est républicain. C’est John Boehner, speaker (président) de la Chambre des représentants et, à ce titre, l’un des principaux négociateurs de l’accord face à Obama et ses lieutenants. Perdant, pourquoi ? D’abord – erreur tactique – il fut incapable de convaincre ses propres troupes de voter le plan qu’il avait préparé pour sortir de cette gigantesque ornière. Ensuite – faux pas psychologique – il fut empêché de revoir sa copie par les « durs » des Tea Parties, qui lui dictèrent les modifications nécessaires. Cette façon musclée de faire les lois nous désigne le vainqueur de cette affaire, ou plus exactement le mouvement qui sut adroitement tirer la meilleure part de cette impossible équation : ces Tea Parties qui sont à la fois l’aiguillon et la hantise de l’état-major du parti républicain. Les « rebelles », comme les appellent les caciques, peuvent se flatter d’avoir dessiné le cadre et les termes de cette vaste empoignade, d’avoir bloqué toute hausse d’impôts, d’avoir rogné dans la boulimie gouvernementale, d’avoir inoculé l’idée d’un amendement constitutionnel exigeant un budget toujours équilibré. Un émiettement de coups heureux, dira-t-on. Certes. Tout paraît inachevé, chaotique dans cet accord. Reste que sur le champ politique, donc électoral, les Tea Parties, seules de toutes les forces en présence, ont su demeurer fidèles à leur image."
Clément
On sent, sous le commentaire, qu’on regrette que Boehner n’ait pu aller au terme de son accord – j’ai pensé de sa connivence – avec Obama. On ne joue pas au golf ensemble impunément. “Hold the line” exige les tea-partiers et en effet il semble moral que les représentants respectent l’avis des représentés. Or les congressmen républicains ont une forte tendance à ignorer leurs électeurs entre deux consultations et ce qui change depuis 2008 c’est le refus des citoyens à être ignoré.
Le gagnant est “The big gouvernment” car la réduction de déficit ne représente que 0,6% de l’ardoise, et encore sur 10 ans!
TDK1
Je n’arrive pas à lire l’intégralité de l’article sur Présent. Cette analyse, pour ce que j’en lis dans cet extrait, est décevante. Elle regarde cette crise par le petit bout de la lorgnette.
La crise est économique. L’accord signé la règle t elle? Non, il ne fait que repousser la menace du default à 2013. Cet accord, entériné par les partis, est une victoire des démocrates et un échec des républicains, pas l’inverse! Pourquoi? Parce que ce qui différencie fondamentalement les uns des autres (et c’est ô combien vrai en France), c’est que les gens de droite sont constamment attachés au fond des choses alors que les gens de gauche n’attachent d’importance qu’à la forme de celles ci. Les républicains ont posé le problème de la dette sur la table avec la ferme volonté de le résoudre. Souvenez vous, ils “exigeaient” 4000 Mds$ de réduction budgétaire (chiffre d’ailleurs repris par les agence de notation)afin de pourvoir espérer un début de solution. Quel était l’objectif des démocrates dans la négociation? Obtenir l’autorisation de lever sur les marchés suffisamment de fonds pour tenir jusqu’après les élections (cf déclaration d’un membre du cabinet d’Obama “le seul point sur lequel nous ne transigerons pas….”). Les démocrates étaient sur une position tactique, de forme, pour préparer les élections. Qui a obtenu ce qu’il voulait? Obama. Le problème est repoussé, les USA s’enfoncent un petit peu plus dans la dette et le débat de fonds aura lieur après les élections. Les républicains voulaient mettre en place une politique alternative d’épuration des comptes fédéraux…. Ils attendront!
Celui qui emporte une négociation est celui qui obtient ce qu’il recherche, pas celui qui s’attache à une posture. Les républicains ont donc perdu cette négociation.
rom dyli
Encore une fois les plus sages dans cette histoire furent les libertariens. On sait très bien que cette accord repoussera l’échéance de la faillite à quelques mois!!
Si seulement la monnaie pouvait être réévaluée de nouveau sur l’or, et que l’on arrêterait de faire marcher la planche à billet. Mais voyez vous, chaque camps doit dépenser sans compter avant les élections pour ramasser un maximum de voies. Ces élections trop fréquentes privilégient le court terme au long terme. Si on supprimait déjà une bonne part de l’Etat providence (par exemple l’éducation nationale), le déficit diminuerait rapidement. Et cela est valable pour tous les pays.
J’espère qu’avec cette épisode, les tea party gagneront en affluence, car le plus important pour 2012 est sans doute de faire battre Barack le Rouge!
PG
@TDK1
Très bien vu : ce faisant, OBAMA a remporté une victoire, et de plus il précipite par contrecoup la crise interne du Parti Républicain, qui va devoir choisir entre ses caciques de l’appareil central, et les Tea Partiers, lesquels rencontreront de plus en plus d’écho à la base, y compris chez les électeurs démocrates les plus ”à droite”, si tenté que ce mot ait le même sens que nous aux USA.
La droite nationale française devrait observer cela, car ce qui se passe aux USA annonce tjrs ce qui se produira en Europe : et là, ce à quoi nous assistons est la fin de l’Etat keynésien, et l’appel populaire et massif à la libération de la société.
Malleus
Echec pour Obama ? Et l’installation du Super Congres (lui + 6 républicains + 6 démocrates), complètement anticonstitutionnel, quasiment sans contrôle extérieur, qui peut écraser le congrès et le sénat en émettant des projets de loi inamendables, c’est pas une victoire pour Obama, ça ?
Le budget, le relèvement du plafond la dette… Comme si les USA allaient eux-même risquer de se mettre en défaut sur ce coup ci.
Tout ça n’est jamais qu’un paravent dont profite les puissants pour faire avancer leur agenda. “Ne jamais laisser passer une bonne crise”.
Obama avait été chargé par les puissants de poursuivre le démantèlement de la démocratie américaine, et il y est très performant. Il enchaîne les succès, même. À chaque occasion, fait une proposition “cheval de Troie”, qui est débattue, voir amoindrie sur tous les points, sauf celui qui était, comme par hasard, le réel objectif législatif de l’hyperclasse.
Il sera grassement repayé à la fin de son mandat.
Jean-Pierre
Hussein Obama ne cesse de chuter et ne sera pas réelu prochainement, c’est une excellente nouvelle pour les Américains !
trahoir
PG,
“La droite nationale française devrait observer cela, car ce qui se passe aux USA annonce tjrs ce qui se produira en Europe : et là, ce à quoi nous assistons est la fin de l’Etat keynésien, et l’appel populaire et massif à la libération de la société.”
Pour alimenter vos réflexions que je partage :
Tea Party est-il leur American Gorbatchev ?
http://www.dedefensa.org/article-tea_party_est-il_leur_american_gorbatchev__03_08_2011.html
Il ne reste plus qu’à crééer des Tea Parties Frenchies…mais ça n’est pas dans notre mentalité et pour le coup serait succeptible de faire exploser la Droite parlementaire tout autant que nationale. Il faudra en passer par là mais ce sera douloureux pour nous aussi.
PG
@ Trahoir
Excellent article.
Mais ce rejet du Centre, de Washington et de ses turpitudes, est inscrit dans les gènes de la nation américaine, dont le système fut au départ ultra décentralisé, et fédéral, chaque état étant libre ou non de se fédérer : la guerre de Sécession consacra la victoire de l’Etat fédéral.
Mais il subsiste la référence fondamentale à Thoreau, commune aux libertariens, aux libéraux, au Tea Party, comme elle avait été celle des contestataires de la gauche des années 60 et des pacifistes : chaque américain conserve ce que la plupart des européens ont perdu, le sens de ses droits premiers par rapport à l’Etat.
Régulièrement depuis 2 siècles les Français y ont aspiré : mais ce fut chaque fois sans suite, confisqué par l’Etat.
La droite nationale devrait le comprendre et ne pas défendre le seul centralisme au nom dune conception de la nation assimilée à l’Etat nation, comme si la patrie, les patries locales et les libertés des corps sociaux n’avaient pas été à l’origine du modèle européen précédant le Contrat Social jacobin.