Suite à un entretien donné dans La Croix par Mgr Ulrich, archevêque de Lille, dans lequel il déclare :
"[…] Le rôle de l’Église est d’instruire les consciences, de donner des repères pour l’analyse politique : le souci des humbles, le respect de la vie et la dignité de la personne humaine, les politiques sociales et familiales et l’éducation des jeunes, le dialogue avec tous les courants de pensée, la paix en Europe, le refus de la violence verbale… Autant de critères essentiels pour le bien commun, qui se combinent en tenant compte des contraintes. Évidemment, l’Église ne soutient pas un parti politique ; d’ailleurs aucun ne peut dire qu’il capte tout l’Évangile dans son programme. Il est clair que tous les partis ont des progrès à faire sur tous ces critères. Mais il y a un critère incontournable qui est l’accueil de l’autre. […]
Le discours du FN est-il compatible avec les valeurs de l’Évangile ?
Est-ce que les valeurs chrétiennes que le FN prétend défendre sont toujours les mêmes, selon les interlocuteurs auxquels il s’adresse ? Ce qui est sûr c’est que les propos haineux, la vindicte agressive, la disqualification des adversaires ne sont pas compatibles avec l’Évangile. Pas plus que le fait de laisser croire qu’on peut résoudre tous les problèmes d’une région à partir d’un seul point d’analyse : le rejet de ceux qui viennent d’ailleurs. […]"
Clotilde Libert, Responsable SIEL 59 et candidate sur la liste Front National dans le Nord, chrétienne et militante LMPT, lui écrit une lettre ouverte :
"[…] Le débat actuel autour du FN chez les chrétiens n'est autre que « est-il permis de voter pour un parti raciste ? ». Il serait vain de vouloir le réduire aux compétences régionales, dont nous savons tous qu'elles ne passionnent guère nos concitoyens, bien qu'elles ne soient pas dénuées d'enjeux. Un groupement non-représentatif de chrétiens a lancé l'excommunication dans la Voix du Nord. Est-il permis d'entendre une autre voix ? C'est ce que je vais tenter de faire, à la lumière des textes communs qui nous éclairent. Le premier que j'ai choisi nous enseigne sur le devoir pour tout chrétien catholique romain d'être PATRIOTE. En lien avec le quatrième commandement, comme nous devons honorer notre père et notre mère, nous devons honorer la patrie, la terre sur laquelle nous avons été semés.
« 2212 Le quatrième commandement éclaire les autres relations dans la société. Dans nos frères et soeurs, nous voyons les enfants de nos parents ; dans nos cousins, les descendants de nos aïeux ; dans nos concitoyens, les fils de notre patrie ; dans les baptisés, les enfants de notre mère, l’Église ; dans toute personne humaine, un fils ou une fille de Celui qui veut être appelé " notre Père ". Par là, nos relations avec notre prochain sont reconnues d’ordre personnel. Le prochain n’est pas un " individu " de la collectivité humaine ; il est " quelqu’un " qui, par ses origines connues mérite une attention et un respect singuliers. » (CEC)
« 2239 L’amour et le service de la patrie relèvent du devoir de reconnaissance et de l’ordre de la charité. La soumission aux autorités légitimes et le service du bien commun exigent des citoyens qu’ils accomplissent leur rôle dans la vie de la communauté politique. »
Ensuite, le catéchisme nous enseigne sur le devoir que les pays « riches » ont envers les pays « pauvres ». On y trouve notamment l'obligation de justice de ne pas piller ces pays dits émergents, de ne pas y semer le désordre et la guerre. Or n'est-ce pas ce que les dirigeants de la France, depuis plus de 40 ans, tout en décriant le colonialisme, n'ont cessé de faire ? Intervenant au gré de leurs intérêts, faisant peu de cas de la stabilité et des besoins de ces terres comme de leurs habitants.
« 2241 Les nations mieux pourvues sont tenues d’accueillir autant que faire se peut l’étranger en quête de la sécurité et des ressources vitales qu’il ne peut trouver dans son pays d’origine. Les pouvoirs publics veilleront au respect du droit naturel qui place l’hôte sous la protection de ceux qui le reçoivent. »
Alors que faire quand nous sommes face à des migrants ? Que propose l'Eglise aux responsables politiques ?
« Les autorités politiques peuvent en vue du bien commun dont ils ont la charge subordonner l’exercice du droit d’immigration à diverses conditions juridiques, notamment au respect des devoirs des migrants à l’égard du pays d’adoption. L’immigré est tenu de respecter avec reconnaissance le patrimoine matériel et spirituel de son pays d’accueil, d’obéir à ses lois et de contribuer à ses charges. »
Je n'ose imaginer que les rédacteurs du catéchisme aient pu connaître le moindre délire de racisme. Savez-vous qu'en France il y a des personnes qui ne peuvent plus payer leurs charges courantes ? Des familles dont les prestations familiales ont diminuées ? Des sans-abris et des clochards ? Savez-vous que le Nord est à 13% de chômeurs ? Comment est-il possible de penser que nous pouvons recevoir des personnes précaires et leur apporter la stabilité que le pays n'apporte plus aux siens ? Je suis allée à la jungle de Grande-Synthe la semaine dernière. J'ai vu les tentes dans la boue, alors que nous avons tous allumé nos chaudières, j'ai vu la saleté, alors que médecins et pharmaciens savent que la gale et d'autres maladies reviennent sur nos territoires. Y êtes-vous allé Monseigneur ? Que ne les recevez-vous pas chez vous ? Car franchement de vous à moi, la chrétienne que je suis ne dort pas très bien depuis qu'elle a vu ces toiles sous la pluie… Prétendre accueillir avec humanité pour n'avoir rien d'autre à offrir que la saleté et la misère est le plus beau mensonge pieux.
En complément de cette réflexion sur l'accueil des migrants, je vous ai remis un texte que vous connaissez peut-être par coeur : le message de Benoît XVI pour la journée mondiale des migrants et des réfugiés. Je n'ai pas réussi à en extraire une sélection plus courte tant chaque phrase répond à mes préoccupations.
Ma démonstration ne cherche pas à prouver que le Front National est un parti chrétien ; je tente simplement avec lucidité de prendre un peu de hauteur sur les anathèmes qu'il subit outrageusement et de manière caricaturale. Non il n'est pas xénophobe de contrôler qui entre en sort de son pays, c'est même le devoir de ceux qui en ont le mandat, pour le bien de la population qui leur est confiée.
Dans « La Croix » vous semblez accuser le Front National de vouloir « résoudre les problèmes d'une région à partir d'un seul point d'analyse : le rejet de ceux qui viennent d'ailleurs ». Avez-vous seulement lu le programme de ces régionales ? Que savez-vous de ce qui est proposé pour protéger nos agriculteurs, nos patrons de PME-PMI ? Avez-vous eu connaissance des propositions concernant l'apprentissage ? Ce sont ces thèmes qui feront la relance ou l'enlisement économique de la région et nous avons des propositions pragmatiques, concrètes dessus.
Alors que le candidat socialiste a affirmé à La Manif pour Tous que le gouvernement actuel n'a pas agi contre les familles, alors que les représentants des Républicains sont unanimes pour conspuer Marion Maréchal-Le Pen quand elle dit vouloir supprimer les subventions du planning familial, dont les actions vont profondément dans le sens du refus de la vie, Marine Le Pen affirmait encore ce matin sur France Bleu Nord qu'elle trouvera « une ligne budgétaire régionale pour les jeunes mères qui souhaitent garder leur enfant ». Convenons que cela fait longtemps qu'un responsable politique n'avait pas pris une position aussi engageante pour la vie naissante. […]"