Dans le cadre de la neuvaine d’années à sainte Jeanne d’Arc, pour laquelle vous pouvez vous inscrire ici, Thibaud Collin revient sur le projet de constitutionnalisation de l’avortement, contre lequel il appelle au jeûne :
Que dirait sainte Jeanne d’Arc si elle était présente parmi nous en ce temps où la République française est tentée d’introduire dans sa constitution un prétendu « droit » à avorter ? Et surtout que ferait-elle ?
La mission de Jeanne s’enracine dans la disponibilité de son âme à la volonté de Dieu. Mais elle s’enracine aussi dans sa conscience de la grande pitié qu’il y a, à l’époque, au royaume de France. La jonction de son obéissance à Dieu et de son empathie aux siens est le terreau dans lequel naît son extraordinaire épopée. Jeanne est morte à Rouen en 1431 mais elle est bien vivante au Ciel et elle continue d’intercéder pour son pays, le nôtre. Elle peut ainsi demeurer pour tous les catholiques soucieux du devenir de la France une source d’inspiration ; dans la mesure où l’on décide de se mettre à son école. C’est-à-dire ? Dans la mesure où l’on décide de lui confier dans une prière fervente et insistante les défis que notre peuple affronte et de pratiquer les vertus qu’elle a elle-même pratiquées.
Il convient de mobiliser les consciences obscurcies et les volontés entravées par la structure de péché que représente l’avortement aujourd’hui en France autorisé depuis près de cinquante ans. Une structure de péché enseigne saint Jean-Paul II est un ensemble d’institutions, de croyances et de pratiques qui disposent les membres d’une société à poser des actes intrinsèquement mauvais. Une telle structure est le résultat d’une sédimentation de péchés personnels et engendre d’autres péchés qui n’apparaissent plus comme tels à ceux qui les commettent. Une sorte de démultiplicateur de péchés qui finit par anesthésier le sens moral. Tel est le cas pour l’avortement qui reste d’après les mots du concile Vatican II, repris récemment par le pape François, objectivement « un crime abominable ». Or voilà une telle pratique que certains voudraient voir garantie par la constitution de notre régime politique.
Rappelons que la loi Veil de 1975 se présentait comme une loi de tolérance, au sens strict du terme, c’est-à-dire qu’elle considérait l’avortement comme un mal que la société devait dépénaliser dans certains cas et sous certaines conditions pour éviter un mal plus grand. Il s’agissait de le « contrôler » pour des raisons de santé public et d’« en dissuader la femme ». (Discours de Simone Veil, JO, 27 novembre 1974, p. 7000). En quelques années, par des réformes législatives en 1982, 1991, 2001, 2016, l’avortement est devenu un « droit », et pas n’importe lequel, le droit emblématique de la prétendue libération de la femme des servitudes de la nature et de la société. Aujourd’hui, après avoir muselé tout débat et toute initiative pour limiter et combattre ce que Simone Veil nommait « ce qui restera toujours un drame », certains s’agitent pour sacraliser ce « droit ». Que révèle cette escalade implacable: tolérance, droit, sacralisation ?
L’impossibilité pour la conscience morale commune de considérer qu’un mal d’une telle gravité peut être réduit à un moindre mal tolérable. La mise à mort d’un embryon humain innocent ne peut en effet apparaître comme un moindre mal. Dès lors, il faut tout faire pour justifier une telle pratique, en se focalisant sur la grossesse de la femme et en occultant la réalité de ce stade de la vie humaine que chacun d’entre nous a connu. Le seul moyen de supprimer la culpabilité est donc de nier que cet acte est un mal et pour cela rien n’est plus efficace que de le présenter comme un droit et un droit quasi absolu, symbole de la liberté et de la dignité de la femme.
Nous voyons ici un signe manifeste de la déchristianisation de la France. Seul le pardon offert par Dieu peut en effet permettre de regarder le mal dans toute son objectivité et en même temps de restaurer le pécheur dans sa dignité. Quand la foi en un Dieu sauveur s’estompe, alors la structure de péché le remplace. Elle prétend apaiser le pécheur en le persuadant que l’acte qu’il a commis n’est pas un péché puisqu’il est un droit, et un droit fondamental.
Il s’agit pour tous les catholiques français, à la suite du pape François, d’affirmer à temps et à contretemps que l’avortement est un acte intrinsèquement mauvais qu’aucune constitutionnalisation ne transformera en un droit ; et d’annoncer en même temps la Bonne Nouvelle de la miséricorde infinie de Dieu pour tous ceux qui de près ou de loin sont impliqués dans la mise à mort de tous les enfants à naître.
La France est aujourd’hui tentée de commettre un péché mortel. Prions et supplions Dieu d’ouvrir les consciences de nos législateurs. Pour accompagner cette prière fervente, Jeanne2031 propose à tous de jeûner le 14 décembre prochain (ou un autre jour de cette semaine). Que dans l’intimité de notre relation à Dieu nous nous privions de nourriture en réparation de tous ces actes qui blessent l’âme de la France.
Thibaud Collin