Dans un ouvrage sortant ces jours-ci, le député Agnès Thill retrace son parcours, des quartiers populaires du 93, issue d’un milieu ouvrier, à l’exclusion de LREM. Ignorante du jacobinisme intrinsèque aux milieux de gauche, elle a découvert brutalement la face cachée du « nouveau monde » et la réalité des relations au sein de La République En Marche, faites de mensonges, d’intolérance, d’insultes et d’exclusions au point qu’un des hauts responsables lui a jeté à la figure : « Démissionne, tu n’es pas des nôtres ! ».
Elevée en Seine Saint-Denis dans une famille modeste, catholique ancré à gauche, au travail dès 16 ans, institutrice puis directrice d’école à Paris et en banlieue, Agnès Thill, anticléricale (elle est revenue à l’Eglise depuis et confirmée en 2012) et franc-maçon au Grand-Orient (initiée en 2000 au Droit Humain), a été membre du Parti Socialiste. Ecoeurée par les magouilles et le totalitarisme du parti (elle ose estimer Michel Rocard et François Bayrou), elle quitte le PS au début des années 1990.
En 2017, désireuse de servir son pays, sensible aux paroles du candidat Emmanuel Macron qui disait vouloir renouveler la vieille politique, elle s’est engagée à sa suite. Séduite par les appels au rassemblement et à la bienveillance avec ceux qui n’ont pas les mêmes opinions, Agnès Thill croit en Emmanuel Macron, celui-là même qui déclarera aux Bernardins :
“J’appelle et j’attends de vous votre liberté de parole qui laisse libre et interpelle les consciences”.
Ce livre est l’aveu que La République En Marche a menti sur cette bienveillance, cette volonté de dialogue, sur le monde d’après et la politique autrement. Elle déclare que LREM, qui l’a exclue brutalement (la presse a été informée avant elle), est un parti totalitaire. Et elle appuie :
“je vais vous le montrer dans les pages de ce livre : nous subissons une véritable dictature de la pensée”.
Elue députée dans l’Oise, elle a soutenu la mise en place du programme du président. Jusqu’à l’examen du projet de loi de révision des lois de bioéthique. Là, elle décide d’exercer sa liberté de parole en alertant, à l’assemblée et ailleurs, contre ce projet qui prive délibérément des enfants de père. Quelle crime n’avait-elle pas commis. Cette mesure n’était pas dans le programme du parti et elle estime que, si l’extension de la PMA avait été dans le programme, elle n’aurait pas été élue.
A l’Assemblée ses collègues refusent désormais de lui parler, et même de lui dire bonjour. Si elle monte dans l’ascenseur, les autres en descendent. Quand elle croise Agnès Buzyn, celle-ci détourne la tête, tandis que Franck Riester fait demi-tour en l’apercevant ! Ce harcèlement moral s’est poursuivi sur les réseaux sociaux, où elle est devenue la cible du lobby LGBT, avec notamment le compte “Paris pas rose, Claire Underwood”, tenu par des assistants parlementaires et des gens des ministères.
Courageuse, elle appuie :
les états généraux de la bioéthique n’ont pas été entendus, l’Académie de la médecine n’a pas été entendue, le collectif de 2000 médecins n’est pas entendu, je dois porter la voix des Français qui pensent ce que je dis.
Le déroulement des “débats” sur la loi dite ‘bioéthique’, durant lesquels l’opposition a été ignorée et muselée, lui a ouvert les yeux sur la démocratie à la française :
Notre démocratie m’interpelle de plus en plus. La fabrique de la loi, que j’ai découverte avec mon élection, m’a amenée à découvrir que peu à peu, sans nous en rendre compte, on resserre toujours un peu plus autour de nous l’étau de notre espace vital d’oxygène et de liberté. On fait des lois “pour protéger”, “pour le bien”, “pour sécuriser”, “pour l’intérêt général”, qui n’autorisent qu’un seul choix. C’est là un étrange totalitarisme qui ne dit pas son nom. Au motif de nous protéger, nous sécuriser, on perd toute opposition, on perd toute liberté.
[…] Dans l’Oise, au motif de nous protéger, on nous retire toutes libertés : liberté de culte, liberté de s’instruire, liberté de se distraire, liberté de circuler. Je n’ai jamais vu cela auparavant ni pour le sida, ni pour la grippe aviaire. Peut-on retirer les libertés de l’Autre au motif de le protéger ? Peut-on l’empêcher de vivre au motif de l’empêcher de mourir ?