Partager cet article

France : Société

Agriculture : des normes pour faire disparaître les PME

Les Journées Paysannes et Terre et Famille, deux associations alliées dans le combat pour l'agriculture familiale, témoignent de la gravité de la situation et de l'urgence d'une réaction. Dominique Grève, vice-président des Journées Paysannes, alerte les élus dans une lettre ouverte :

"Aujourd'hui, sur ma ferme drômoise en agriculture biologique, les services départementaux de la protection des populations me demandent d'abattre mes volailles (2000 poules) en pleine santé, en pleine production d'oeufs bio de haute qualité alimentaire. Parce qu'elle avoisine une autre salle d'élevage, séparée par une salle de conditionnement, où s'est révélée la présence d'une salmonelle potentiellement mauvaise pour la santé de nos concitoyens mais non présente sur les oeufs ni sur la viande.

Depuis cinq ans, je m’étais engagé, en respectant au mieux les consignes de sécurité, pour desservir et distribuer des commerces locaux, des petits magasins de producteurs, des cantines, des boulangers, des particuliers au sein d'entreprises, quelques cantines de collège ou lycée, par le biais d'Agrilocal, une association qui propose des paniers faisant travailler des jeunes en réinsertion, quelques dons aux sans-abri et aux plus nécessiteux (Associations).

Le département me demandait aussi de lui fournir des oeufs bio pour des occasions particulières :

  • Salon Teck&Bio;
  • Meeting aérien;
  • Inaugurations diverses;
  • Salon de l'Agriculture (mes oeufs ont été dégustés jusqu'à Paris).

La charge de travail était importante avec un minimum de 70 heures par semaine, le soutien de mon épouse, ainsi que de deux jeunes salariés.

Les poules pondent sept jours sur sept toute l'année. Les dimanches et jours de fêtes, nous sommes de service et les congés se limitent à trois jours (Tout de même une vraie semaine l’an passé).

Un rythme pénible, mais au service de nos chers clients et consommateurs. Car mon travail en tant qu'agriculteur est de nourrir mes voisins, les habitants de mon pays et de bien les nourrir. La relation de proximité est selon moi une reconnaissance de notre métier, de notre savoir-faire et même un lieu où se tissent des relations humaines simples mais cordiales et chaleureuses. Conscient de ma responsabilité, je prends soin de la santé des consommateurs et du bien-être animal, en m’efforçant de respecter la nature.

Aujourd'hui, dans les rues de nos agglomérations fleurissent des Mc Donald, Quick, Kebab et autres fast food.

Malgré cela, notre département est placé en tête de notre pays pour son agriculture biologique. La grande variété de terroirs et des produits fermiers est de plus en plus appréciée, mais encore 60% de nos poulets consommés proviennent d'autres pays. L’Etat ferme les yeux et les consommateurs sont incapables de savoir ce qu'il y a dans leur assiette.

Les produits importés sont fabriqués selon les modes internes aux pays producteurs. Ainsi, en France, on nous impose des obligations qui ne sont pas réalisées dans les autres pays.

Les mesures de précaution ne sont pas adaptées aux risques encourus dans nos élevages. Le danger encouru par l'absorption d'une salmonelle est infime par rapport au nombre de personnes décédées d’un cancer ou même des accidents de la route, ou d'autres problèmes alimentaires…

Cela ne change rien, on ferme les étables, les poulaillers, les porcheries, les unes après les autres. C'est un fait de société.

Une chose est sûre c'est que l'ambition de beaucoup d’agriculteurs français est de nourrir notre pays. L'autosuffisance devrait être une priorité et la salubrité serait respectée. L'effort de notre monde agricole est énorme pour supporter les réglementations, législations, charges, surmenage, obligations de résultat pour faire face aux investissements financiers et humains.

Le principe d'une réglementation sanitaire pour la protection des consommateurs est nécessaire. Les normes alimentaires et les obligations qui vont avec sont une bonne chose tant qu'elles permettent un bien commun pour la société, en respectant à la fois les consommateurs et les producteurs.

Si le principe est bon en soi, son application actuelle est aujourd'hui pervertie, et provoque la disparition de multiples petites et moyennes fermes, sans pour cela garantir davantage la sécurité sanitaires des consommateurs. Actuellement, trop de normes hyper-contraignantes, coûteuses, chronophages, souvent contradictoires et parfois non compréhensibles par les services eux-mêmes censés les gérer, paralysent l'activité professionnelle des agriculteurs et les découragent de continuer.

Ces contraintes très fortes, lorsqu'elles se cumulent à d'autres difficultés économiques, familiales  ou autres, participent aux suicides trop nombreux des agriculteurs (plus de 200 suicides par an, en France)

L'objectif de ces normes apparaît alors comme étant un moyen de faire disparaître peu à peu les petites et moyennes entreprises, que ce soit des fermes comme la mienne, ou des petits commerces, ou diverses autres petites entreprises, pour les remplacer par des grosses structures. C'est en tout cas ce qui se dit de plus en plus ouvertement, tant les exemples vécus sont nombreux.

J'estime que ma ferme agrobiologique participe à la bonne qualité de nos produits agroalimentaires, elle est économiquement rentable, et très peu dépendante des aides européennes ou d'Etat, elle respecte et améliore  l'environnement, elle crée du lien social,  et aussi des emplois : deux emplois directs créés, sans compter la participation par divers services induits à d'autres métiers (fournisseurs d'aliments, vétérinaire, etc…).

Cette activité, avec toutes ces conséquences positives sur la société va cesser, à cause de l'application rigoureuse et sans réflexion de fonds, de règlements, qui, encore une fois, s'ils sont nécessaires sur le principe, demandent à être modulés au cas par cas. En effet, si malgré le respect scrupuleux des impératifs sanitaires, administratifs, …, une activité comme la mienne est à la merci d'une telle décision administrative, ce n'est plus la peine de porter un intérêt à fournir une nourriture de qualité.

 Pour information le préjudice financier subi se monte à :

  • plus de 16 000 € (coût des poules en début de production),
  • 13 000 € de stock d’œufs non commercialisables sinon en casserie,
  • 3 000 € d’emballage,
  • remboursement des investissements réalisés (mise aux normes du poulailler…).

Préjudice humain : deux jeunes salariés sans activité et une reprise de la ferme beaucoup plus délicate.

Je répète que la bactérie trouvée parcimonieusement dans le poulailler distant n'est pas mortelle, est très commune, provoque principalement des gastro-entérites et que la très grandes majorité des personnes récupèrent en 4 à 7 jours sans traitement (au pire 4 jours d’antibiotiques). D’autre part, la majorité des œufs sont cuits et donc sans danger.

Je me permet de vous demander de prendre en considération ces quelques lignes et de faire tout votre possible pour mettre un terme à ce "martyr paysan" sous la botte de l'administration et de leurs grands principes de précaution.

Je souhaiterais continuer simplement mon activité, pas seulement pour moi, mais aussi pour mes clients et consommateurs, et donc :

  • ne pas tuer mes jeunes poules
  • reprendre la vente d'oeufs de cette salle en renforçant les contrôles avec analyses très fréquentes (une fois par semaine pendant un mois, puis une fois par mois pendant trois mois et ensuite revenir aux contrôles réguliers toutes les 15 semaines).

Ce soir je viens de recevoir la confirmation d’obligation d’arrêt de production, et je n’ose pas le croire !"

Partager cet article

15 commentaires

  1. des fonctionnaires décident sans réfléchir!
    la résistance aux antibiotique est bien plus fâcheuse dans ces cas!

  2. L’industrie a été vendue aux allemands et aux américains.
    L’excellence de l’agriculture française gêne les USA, supprimons la.
    Bienvenue au poulet javellisé, au boeuf bourré d’hormones et d’antibiotique, d’autant qu’on vient de lancer une campagne contre la viande soi disant cancérigène.
    On hallucine de ce tomberau de conneries.
    Un coup à vous rendre végétarien mais attention, Monsanto veille.
    On n’en peut plus de toutes ces normes lois et autres conneries.
    Vivement qu’on renverse tout ça.

  3. Et que dire de l’interdiction d’avoir ses propres graines !
    Les agriculteurs sont obligés d’acheter ( à monsanto ?) chaque année des graines étudiées pour ne pas durer.

  4. a diffuser impérativement à tous les Bretons !!!

  5. Tout comme les familles, les PME sont des lieux d’autarcie, de particularisme et de tradition. Ce sont dont des obstacles à la mondialisation et au règne des capitaux apatrides ; elles doivent donc disparaître.
    “Du passé faisons table rase” ce slogan de l’Internationale est toujours celui du mondialisme; l’anticapitalisme, ne fut qu’un prétexte temporaire, comme tant d’autres slogans “révolutionnaires”!

  6. Il faut ajouter à cela les 90000 ha de terres agricoles d’excellence qui disparaissent chaque année sous les supermarchés, les entrepôts ou autres aberrations inutiles ! Mais ce nouvel “Holodomor” français est un point de détail semble t-il …

  7. Tout cela est fait volontairement pour ruiner les petites exploitations.
    J’ai même de très sérieux doutes sur le fait que les bactéries systématiquement retrouvées dans ces cas là n’aient pas été chaque fois introduites sciemment…

  8. “60% de nos poulets consommés proviennent d’autres pays.”
    S’il y a véritablement un réchauffement climatique du à l’homme, le transport y est pour beaucoup !
    François Hollande va-t-il demandé aux autres pays de faire en sorte que chaque pays consomme ce qu’il produit, évitant ainsi l’augmentation des gaz d’échappement des camions pour rien ? Seul le surplus doit pouvoir être exporté !
    Mais pour y arriver, la concurrence doit être loyale, à coût social semblable !

  9. @DUPORT
    Vous avez peut-être raison, il suffit de surveiller les “chemtrails” pour savoir ce qu’ils sont capables.
    https://www.youtube.com/watch?v=4McA3YKITXw

  10. Comme disait Saint Vincent de Paul : j’ai peine de votre peine.
    De tout coeur avec vous.

  11. Comprenez les : vous pouvez à vous seul nourri bien du monde.
    Le jour ou la revolte eclatera – le seul moyen de la mater sera de nous affamer. Mais vous (et tous les gens en possession de graines qui une fois plantees generent des fruits dont les graines peuvent a leur tour donner des fruits) etes des empecheurs de mater la revolte. Et comme elle approche – ils preparent le terrain.
    Tenez bon – par pitié. Continuez votre exploitation. Que Dieu vous guide dans vos décisions et vos actions.

  12. Des études scientifiques ont été réalisées:manger de la viande rouge et de la charcuterie favorisait la venue du crabe…
    Et manger des OGM,des pesticides,des médocs génériques ?
    Le monde paysan est en souffrance pour avoir cédé à l’appel des sirènes comme les géants Monsanto,Bayer….qui leur promettaient des lendemains qui chantent!!!!
    La dure réalité arrive maintenant,on leur fait comprendre qu’Ils” n’ont plus besoin d’eux!!!
    Comprenons que ces lobbies puissants et mortifères dirigés d’une main de fer par le pays de l’Oncle Sam veut la main mise sur la France,Big Brother,ce faux frère veut le contrôle total de notre agriculture afin de nous faire “bouffer” leurs pesticides,leurs semences modifiées et chacun sait qu’Ils auront ensuite toute une batterie de médocs pour nous soigner des poisons qu’ils nous ont donnés!!!
    Que Dieu vienne en aide à tous ces agriculteurs et paysans qui depuis des lustres nous permettent de vivre et de se nourrir.

  13. Est-ce qu’il y a quelque chose que l’on peut faire pour cet agriculteur ?
    Aller acheter des poules sous le comptoir, des oeufs, lui envoyer des dons ?
    Nous n’avons pas tous la possibilité de faire en sorte de changer l’administration, mais si 200 personnes lui achètent un poulet à 10€ ou une douzaine d’oeufs à 4€, pour lui ça l’aidera un peu.
    Un contact à nous donner ? (rien trouvé sur le lien de l’article…)

  14. Allons, réfléchissez un peu !
    Si l’agriculture française n’est pas détruite, comment les américains peuvent-ils contraindre les français à acheter leurs produits pleins de pesticides, d’antibiotiques et autres cochonneries qui font “l’épidémie” d’obèse diabétiques?

  15. Sinon les Français sont prêts à faire ce qu’ils peuvent, mais qu’attend le signataire de l’article?
    C’est tout de même lui qui connait le mieux le problème et est le mieux en mesure d’orienter l’action, non?

Publier une réponse

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services