Les prêtres du Padreblob ont visionné les huit épisodes de la nouvelle série d'Arte "Ainsi soient-ils", sur la vie fictive de séminaristes. Extrait de leur analyse :
"Les affiches sont partout ou presque : orchestrée par une agence de publicité parisienne, la promotion d’Ainsi soient-ils a
fait le choix de la provocation. Les visuels sont sans ambiguïté : une
aube, un calice, mais aussi des mains tatouées, une liasse de billets de
banque, une main de femme enserrant la taille. C’est le cocktail
classique violence/pouvoir/sexe.Les slogans sont accrocheurs : « Dieu
reconnaîtra les siens » ; « vous pouvez faire une croix sur vos jeudis
soirs ». Bref, après Golgota Picnic et Piss Christ, on imagine une énième tentative pour salir et choquer.Si la réalisation est soignée et les
acteurs crédibles (Michel Duchaussoy en cardinal autoritaire et imbu de
sa personne est même assez fascinant), on n’y retrouve rien ou pas grand
chose de la vraie vie du séminaire. Quel curieux lieu que ce
« séminaire des capucins » où les candidats au sacerdoce n’ont ni cours,
ni exposés, ni examens, ni mémoires à rendre, ni recherches en
bibliothèque !D’autres inexactitudes apparaissent,
certaines frisant la caricature comme cette description d’un pape reclu
dans ses appartements et dont le seul souci est d’absorber sans trop de
complications sa traditionnelle infusion à la camomille ! On pourrait même rire de certaines
scènes si on ne percevait pas qu’au final, un vague mais bien réel
sentiment de pesanteur et de grisaille ne nous quitte vraiment jamais.Les séminaristes d’Ainsi soient-ils ont
peu de grandeur, pas de paix ni de joie intérieures. On ne perçoit
jamais en eux la radicalité positive, la générosité du don absolu qu’ils
s’apprêtent à faire, l’enthousiasme de l’évangile. Le Christ n’est pas
leur passion ! Ils s’engagent pour des raisons obscures qu’ils ne
perçoivent pas eux-mêmes. […] En fait, on pourrait dire d’Ainsi soient-ils la même chose qu’Habemus Papam de
Nanni Moretti : une œuvre cinématographique qui montre ce que pourrait
être l’Eglise si l’Esprit-Saint n’existait pas. […]Enfin, autant le dire, Ainsi soient-ils fait
surtout partie de ces séries qu’on regarde en faisant beaucoup
d’efforts. L’action est lente et laborieuse. L’ennui est omniprésent. C’est peut-être la plus grande critique
qu’on puisse lui faire. Car, contrairement à ce que laissait penser sa
promotion, cette série n’est ni sacrilège ni blasphématoire. Elle est
caricaturale et pesante. En fait, Ainsi soient-ils manque tout simplement de souffle. C’est lent. C’est ennuyeux. C’est ça Arte ? […]"
Si vous désirez connaître et faire connaître la vie (réelle) dans un séminaire, je ne peux que vous recommander ce beau reportage intitulé Des Hommes à part, sur la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre. Ce n'est pas ennuyant mais édifiant.
PK
« C’est lent. C’est ennuyeux. C’est ça Arte ? »
C’est effectivement sa marque de fabrique depuis le début, avec certaines obsessions pathologiques comme l’omniprésence du nazisme…
Fr
Que peut-on attendre d’autre qu’un profond ennui d’un monde qui veut se passer de Dieu, y compris dans les films que produit une telle société ?
yorgos
Voilà un compte-rendu qui, lui, me parait touché par l’Esprit…
Merci M.J.
HS
L’émission n’est pas à l’honneur d’Arte, c’est dommage , mais même là on peut déceler le bon grain dans l’ivraie sur l’une des affiches: les mains d’un prêtre – non tatouées- sur un missel -bien traditionnel- avec pour exergue “Ainsi soit-il”: plutôt émouvante pour un catholique et, qui sait, assez belle pour susciter quelque nostalgie chez certains baptisés?
rom dyli
Monsieur Janva, il me semble que dans l’Homme Nouveau, la critique de la série est plus positive. J’ai d’ailleurs été étonné de cela.
[Oui mais la critique de l’HN ne s’appuie que sur le premier épisode, alors qu’ici, les abbés ont vu les 8. MJ]
bertrand
Vous pouvez aussi aller sur le site de la Communauté St Martin, il y a plusieurs vidéos
dont certaines sur la maison de formation. La vraie joie qui vient de Dieu est bien là …
Juliette V
Je me fiche qu’Arte diffuse une série plus ou moins médiocre inspirée de l’Eglise Catholique. J’en regarderai peut-être un épisode, ou pas, car pour moi cette chaîne a fait la preuve de son anticléricalisme depuis longtemps, et n’est donc pas crédible pour traiter ce sujet.
Ce que je trouve inadmissible c’est cette campagne d’affichage racoleuse, qui ne cherche qu’à énerver le catho pour faire de l’audience.
Je n’ai pas à être agressée par une affiche qui insulte, qui se permet de me blesser dans ma foi et dans mon amour de l’Eglise pour les besoins de marketing. Un film, une pièce de théâtre, une caricature en pages centrales d’un journal, il faut une démarche volontaire pour y être confronté. Il faut payer sa place ou ouvrir le journal. Quand j’ai de bonne raison de penser que je ne suis pas d’accord avec l'”oeuvre”, je m’abstiens, tout simplement. Je ne suis pas du genre à venir chanter des cantiques devant les théâtres en signe de protestation. Les artistes s’expriment, c’est leur job. J’adhère ou je n’adhère pas, c’est ma liberté.
Mais l’affiche s’impose à mon regard. Elle me nargue, elle affirme sa vérité perverse sans offrir de droit de réponse. Elle enlaidit mon quotidien sans me permettre de me soustraire à sa présence. Elle diffuse son message malfaisant sans contre-pouvoir.
Pour toutes ces raisons,je compte protester énergiquement auprès de la direction de la chaîne, de la SNCF et de la RATP. J’espère que nous serons nombreux à faire de même.