Alain Juppé, membre du Conseil constitutionnel, a répondu à un long entretien dans Le Point sur sa foi. Un sommet de bêtises : il se prononce pour l’euthanasie, l’ordination des femmes… Choisir de s’exprimer sur des sujets qui feront l’objet de débats au Parlement est singulier pour un membre du Conseil constitutionnel, censé être impartial :
[…] Quelle est maintenant votre relation au spirituel ?
Comme Jean d’Ormesson, à qui j’emprunte la formule, je me définis comme un catholique agnostique. Je garde un lien très fort avec l’Église, c’est d’ailleurs parfois un sujet de discussion familiale, où l’on critique la liturgie, la pompe. Pour moi, tout cela est très important. Je suis assez sensible au sacré, aux ornements de la liturgie catholique, ces beautés intellectuelles mais aussi matérielles dont parle Chateaubriand. J’ai été ébloui par la renaissance de Notre-Dame de Paris. Le Vatican continue à me fasciner. Cette institution plus que millénaire est encore puissante, avec une diplomatie qui est une des meilleures du monde et des hommes – hélas, pas beaucoup de femmes – de qualité. C’est ce qui m’attache à l’Église, tout en étant parfaitement conscient des crimes qu’elle a commis au long de son histoire, y compris récente. C’est une institution très critiquable, mais très vénérable, vis-à-vis de laquelle j’ai du respect. Pas toujours facile à expliquer, c’est ainsi. Même si je me sens agnostique, pas athée, parce qu’aujourd’hui ma foi est très chancelante. Je suis en recherche. Et il ne me reste plus beaucoup de temps pour trouver. […]
En 2016, vous étiez opposé à François Fillon , qui avait fait alliance avec Sens commun, le mouvement catholique conservateur. Et, à l’époque, vous avez déclaré être plus proche du pape François que de Benoît XVI. C’est toujours le cas ?
À l’époque, j’avais lâché une phrase qui m’avait valu les critiques des purs et durs. Benoît XVI avait fait une déclaration contestée sur l’usage du préservatif en Afrique, et j’avais dit : « Ce pape, il commence à bien faire. » Ce commentaire m’a valu les foudres des plus conservateurs, mais je ne le regrette pas. J’ai été davantage fasciné par Jean-Paul II, que j’ai eu l’occasion de rencontrer à deux ou trois reprises. […]
Et vous avez rencontré Benoît XVI ?
Non, jamais. J’ai été très attentif à ce qu’il disait, à ce qu’il faisait. Mais j’aurais aimé qu’il ne soit pas prisonnier à ce point des conservateurs. Les femmes dans l’Église, par exemple, c’est une chose que je ne comprends pas, cette espèce de refus de leur donner une place qu’elles méritent et qui, à mon avis, sauvera l’Église. Vu la pénurie de prêtres, on a besoin de prêtres femmes. Qu’est-ce qui, dans les Évangiles, interdit de consacrer une femme prêtre ? […]
Le surnom « Ali Juppé » vous a-t-il vraiment coûté politiquement ?
C’est incontestable. Un jour, j’arrive à Sciences Po pour un topo devant un amphi de 3 000 étudiants. Et, dans la rue, une grande banderole m’accueille : « Bienvenue au grand mufti de Bordeaux ». La dernière chose que j’ai découverte, c’est qu’à la fin, dans mon entourage, certains me disaient : « Fais attention, cela a un impact électoral. Tu devrais répondre, parce que, dans les milieux conservateurs un peu extrémistes, on en fait des choux gras, de cette histoire. » Je le traitais par le mépris en disant : « C’est tellement grotesque, Ali Juppé ! Qu’est-ce que tu veux que je réponde ? » Cette attaque m’a fait énormément de tort.
C’est la raison de votre défaite ?
Je ne crois pas que ce soit la seule raison, pas vraiment, parce que l’écart avec Fillon était considérable. Mais cela a fait basculer la partie catho-conservatrice de mon électorat. J’ai réagi en disant : « À force de caricaturer, on va finir par dire que j’ai construit une grande mosquée à Bordeaux. » Qu’est-ce que c’est devenu, sur les réseaux sociaux ? « Juppé : j’ai construit une grande mosquée à Bordeaux. » Il est vrai que j’avais promis à Tareq Oubrou de trouver un terrain pour qu’il puisse construire une mosquée. Il me paraissait normal que les catholiques aient une cathédrale, que les juifs aient une synagogue, que les protestants aient un temple et que les musulmans aient une mosquée. On ne l’a pas fait, finalement. Ces attaques m’ont beaucoup coûté. Mais je ne regrette pas. […]
En 2017, vous vous étiez prononcé contre une nouvelle loi sur la fin de vie, en disant que la loi Claeys-Leonetti suffisait. Votre position a-t-elle évolué ?
C’est sur ces questions de société – comme le mariage pour tous ou la fin de vie – que l’on voit que j’ai encore des adhérences catholiques. J’ai toujours eu une certaine réticence. Pas sur l’homosexualité, parce que mon meilleur ami depuis le service militaire est homosexuel. J’ai vu la souffrance qui a été la sienne, y compris vis-à-vis de sa famille, qui l’a rejeté quand elle l’a appris. Donc, aujourd’hui, vis-à-vis de l’homosexualité, je suis dans une position de bienveillance, plus que de simple tolérance. En revanche, sur le mariage pour tous, ça peut paraître curieux, mais mon idée était : « OK, on peut reconnaître un couple homosexuel, mais pourquoi singer le mariage ? Imaginons autre chose. » Donc, j’étais réticent. Comme sur la fin de vie. Pour moi, la vie, c’est Dieu – s’il existe – qui la donne et qui la retire. C’est pour cela que j’ai été très réticent à l’idée qu’on puisse choisir la date de sa mort ou de sa fin de vie.
Vous avez changé d’avis ?
Oui. Aujourd’hui, si j’étais parlementaire, je voterais certainement une loi sur la fin de vie. Parce que je pense qu’effectivement, c’est une liberté. Ceux qui n’ont pas envie d’exercer ce droit n’ont qu’à ne pas l’utiliser. Pourquoi ai-je évolué sur cette question ? Parce que j’ai été marqué par la fin de vie de mon père. Il a été atteint d’un cancer qui a traîné pendant un an, deux ans, trois ans. C’était une force de la nature, il s’est retrouvé amaigri comme mon petit doigt. Et je l’ai vu, dans les derniers jours, se tordre de douleur sur son lit d’hôpital. J’ai dit aux médecins : « Ça suffit. » Il n’y avait pas de loi. Mais il s’est passé ce qu’il devait se passer ; entre la famille et les médecins, il y a des solutions. Et je me suis dit : « Dans certaines circonstances, la vie est certes sacrée, mais la dignité de la personne aussi. » Voilà pourquoi j’ai évolué sur ce sujet.
Et sur le mariage pour tous ?
Finalement, je l’aurais voté. J’ai célébré mon premier mariage pour tous, comme maire de Bordeaux, en unissant deux militaires. […]
Australe
À la dérive, les français ne se laisseront pas berner longtemps.
Problème de nantis qui ne supportent pas d’assumer la mort de leurs proches.
Les problèmes des français, c’est l’insécurité, la violence, l’immigration , le pouvoir d’achat, l’accès au logement, l’achat d’une voiture inaccessible à un smicard
Emmanuel
Catholique, Juppé ? Dans ce cas moi je suis le Pape…
Je le définirais plutôt comme un opportuniste qui s’embourgeoise de catholicisme quand ça l’arrange.
Collapsus
En voilà un qui est vraiment très con…tent de lui. Inculte, maître incontesté du poncif éculé, il parade et pérore tel un vieux coq persuadé que ses poules l’adulent encore. Il est l’archétype du politicien abhorré, de ceux qui ont placé la France dans son état de faillite actuel et qui s’en vante. Le maître à penser préféré d’un Bruno Le Maire, n’en doutons pas.
Meltoisan
Bien dit !
Arwen
« Le meilleur d’entre nous », d’après Chirac.
On imagine le niveau des autres, au vu de la nullité de Juppé…
Gaudete
Catholique agnostique, celle-là il fallait la faire! Une planche pourrie, c’est tout ce qu’il est, aucune conviction, ordonner des femmes mais de quoi je m’occupe, la photo montyre bien un type con-tent de lui qui se gonfle comme un paon. OUI il fait bien parti de cette droiche qui n’en a rien à faire du peuple du moment qu’il va à la gamelle. Ah oui l’Eglise a commis des crimes et même dans son histoire récente, il peut nous citer des exemples où l’Eglise institution a commis des crimes, ben non parce qu’il ne connaît rien à rien, un inculte de grand chemin. S’il veut dire qu des hommes d’église ont commis des crimes , des hommes d’état ont commis des crimes donc l’état est criminel et tous ceux qui en font ou en ont fait partie sont des criminels selon son prêchi prêcha de FM honte à ce guignol qu’il rejoigne en vitesse les poubelles de l’histoire
Michel
J’ai toujours pensé que “le meilleur d’entre nous” était un con solennel. Quant aux autres…
France Fougère
Je souhaite témoigner en faveur de M.Juppe.
Il y a quelques années, mon dossier important était bloqué par un de ses ministres. Le hasard – ou la Providence – a fait que je l ‘ai croisé accompagné de sa femme et de sa toute petite fille, pendant les vacances de la Toussaint. C’était tout à fait inattendu. J’étais proche de chez moi et je suis vite rentrée pour photocopier les pièces essentielles de mon dossier, accompagnées de ma lettre explicative.
J’ai supposé qu’il résidait dans un certain hôtel, et c’était bien le cas. A l’accueil, on a été compréhensif et discret. On a fait venir son garde du corps… mon dossier a été transmis à M.Juppe qui a pris très rapidement la décision favorable et importante que j’attendais. Il a ajouté une lettre très aimable, professionnelle et humaine.
Dans la commune de la Manche, d’où vient sa femme, il est connu pour être très accessible.
Adalbert
Les vertus privées n’absolvent pas des errements publics. Alain Juppé était à la “droite” ce que Laurent Fabius était à la “gauche”, des technocrates ambitieux qui n’avaient pas d’autre idéologie que leur carrière personnelle.
2018
Ce n’est pas parce qu’il est accessible qu’il a politiquement raison
LANASPRE
Pas sur que les gilets jaunes de la Manche entendent votre supplique qui suggère simplement que comme dans les cerveaux des gens atteints de maladie neurodegenerative,il existe encore des zones intactes à stimuler pour maintenir encore quelques fonctions….
France Fougère
Comme c ‘est méchant – je vous plains de ne pas savoir reconnaître un acte efficace et juste.
LANASPRE
JUPPE c est simple … Tout ce qu’il a touché (et qu’il continue ..)devient instantanément de la M… ” le meilleur d’entre nous” qu’ils disaient à l époque, tres probablement dans le domaine des fosses septiques!!
Encore un qui meriterait de finir ses jours avec des bracelets electroniques aux guiboles..
PascaleBrebis
«J’ai été davantage fasciné par Jean-Paul II, que j’ai eu l’occasion de rencontrer à DEUX OU TROIS reprises» il ne sais plus! Comme il a eu la foi ici et là, espérer à l’occasion, prier à temps perdu, bref un vieux politicard sans foi ni loi. Quel bonheur de lire les commentaires ci-dessus.
Meltoisan
Ce monsieur atteint ses 80 ans : Il serait peut-être temps de passer la main … au sens figuré cette fois.
Le temps d’ordonner des femmes, c’est-à-dire les classer, … est terminé !
2018
S’il a changé d’avis sur ces sujets, c’est simplement parce qu’il suit toujours l’opinion dominante de sa part de marché. Donc il ne change pas d’avis.