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Alasdair MacIntyre, RIP

Alasdair MacIntyre, RIP

Le 21 mai dernier, le philosophe Alasdair MacIntyre est décédé à l’âge de 96 ans.

Né à Glasgow (Ecosse) en 1929, il fut pendant des années l’une des plus grandes voix de la philosophie contemporaine – et notamment du renouveau aristotélicien – après avoir été encarté au Parti communiste. Son livre “After virtue” (1981) avait connu un grand retentissement et suscité un débat mondial permettant, notamment dans le monde anglo-saxon, une redécouverte de la philosophie morale et de la philosophie politique d’Aristote.

Pour mieux mesurer la portée de son oeuvre, je renvoie bien volontiers à l’excellent article qu’a publié hier Denis Sureau (ou plutôt republié car c’était un chapitre de livre avant d’être un article posté sur internet!): “Pour saluer Alasdair MacIntyre, penseur essentiel”, où je lis notamment ceci:

Il faut savoir repérer les éléments de continuité dans cet itinéraire brouillé. Émile Perreau-Saussine remarque :  « Comme marxiste, barthien, wittgensteinien, aristotélicien, thomiste, MacIntyre place au cœur de sa réflexion ce que le libéralisme tient aux marges de la politique : l’âme, la communauté et la vérité. Une constante se dégage ainsi, sous le chaos apparent. La critique du libéralisme est à la fois la basse continue et la cause finale de son œuvre. »  […] Ni individualisme ni étatisme, ni libéralisme ni communisme. Le marxisme, que MacIntyre a étudié avec bienveillance, n’échappe pas à cette convergence :  « comme l’individualisme libéral, le marxisme incarne l’ethos du monde spécifiquement moderne et modernisateur, et de là viennent ses défaillances morales ; cet ethos doit être en grande partie abandonné si nous voulons trouver une base rationnellement et moralement défendable pour juger et agir et pour évaluer divers schémas moraux hétérogènes qui rivalisent pour obtenir notre allégeance. »

Je dois avouer que j’ignorais tout de MacIntyre avant d’en entendre parler à la fin des années 1990 par Emile Perreau-Saussine qui terminait alors sa thèse sur la pensée de ce dernier sous la direction de Pierre Manent (et, comme ce dernier était également mon directeur de thèse, Emile, malheureusement trop tôt disparu, et moi, nous croisions de temps en temps à son séminaire de l’EHESS). Naturellement, ce thomiste d’un genre un peu étrange (ce n’est pas tous les jours que l’on croise un thomiste ayant débuté dans le marxisme!) avait piqué ma curiosité. Puis j’ai eu l’honneur de le rencontrer, de discuter, mais surtout de l’écouter, à de nombreuses reprises ces dix dernières années au Center for Ethics and Culture de l’université Notre-Dame (Indiana) où il était “permanent senior distinguished research fellow” (et où j’ai fait moi-même plusieurs séjours de recherche). L’homme était d’un abord assez “rugueux” mais aussi d’un humour décapant, capable comme Aristote lui-même de méditer sur les plus insignifiants détails de l’existence humaine avant d’en tirer des règles universelles. Revenu des idéologies, il était passionnément en quête de vérité et gardait de ce fait une rafraîchissante curiosité intellectuelle à peu près universelle.

Dieu veuille qu’il contemple désormais la Vérité en pleine lumière!

RIP

Guillaume de Thieulloy

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