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Pays : International

Algérie : Abdelaziz Bouteflika renonce. Un pays socialiste à bout de souffle

Algérie : Abdelaziz Bouteflika renonce. Un pays socialiste à bout de souffle

Rentré la veille de deux semaines d’hospitalisation à Genève pour des “examens médicaux”, Abdelaziz Bouteflika, le président algérien, a annoncé lundi 11 mars le report de l’élection présidentielle du 18 avril 2019, et sa décision de ne pas briguer un 5e mandat à la magistrature suprême. Donc il annonce qu’il ne se présente pas à une élection qui n’aura finalement pas lieu et reste président jusqu’à … !

C’est un pays socialiste ruiné qui s’effondre et cela nous fait penser tant à l’effondrement de l’URSS en 1991 qu’au Venezuela d’aujourd’hui.

Comment l’Algérie en est-elle arrivée à cette crise ? Ferghane Azihari explique dans l’IREF :

La situation ne peut être comprise si l’on n’évoque pas l’héritage socialiste des forces indépendantistes algériennes. Après les élections du 25 septembre 1962, l’Assemblée nationale constituante proclame la jeune république et intronise le gouvernement de Ben Bella. Guidé par le ressentiment post-colonial et les théories marxistes-léninistes, ce gouvernement proclame la nécessité de mettre en œuvre une révolution socialiste. Une campagne de nationalisation des terres agricoles et des actifs abandonnés par les colons est amorcée.

L’industrie et les entreprises « vacantes » sont également absorbées dans le régime dit de « l’auto-gestion » qui s’apparentait davantage aux pratiques de l’économie administrée. Le régime poursuit au milieu des années 60 la nationalisation de secteurs clefs sous contrôle étranger. Le commerce international est quant à lui quasi monopolisé par un organisme gouvernemental : l’Office national de Commercialisation.

Pour tenter de réduire sa dépendance commerciale envers la France, l’Algérie tisse des relations avec certains pays socialistes. L’URSS fournira ainsi des prêts et des conseils techniques. Dans l’industrie des hydrocarbures, tandis que l’État avait longtemps toléré la présence de compagnies étrangères, Boumédiène annonce en 1971 la nationalisation de ce secteur. Malgré quelques tentatives de libéralisations ponctuelles et sectorielles dans les années 80 et 90, le pays reste essentiellement gouverné par les principes de l’économie dirigée.

Le secteur financier reste majoritairement sous le contrôle de l’État et aboutit à une allocation improductive des ressources et des capitaux. Le contrôle des changes entrave la pleine intégration du pays au commerce international.

Le résultat de cette culture dirigiste se ressent dans l’état du pays. Ainsi que le rappelle le professeur El Mouhoub Mouhoud sur le site The Conversation, le dirigisme a fait obstacle à la diversification de son économie. L’Algérie reste essentiellement tributaire des variations des cours des hydrocarbures. À l’instar du Venezuela, la chute des cours a miné la capacité de l’État à continuer sa politique d’achat de la paix sociale.

Pendant ce temps, la productivité peine à croître. Les travailleurs les plus qualifiés ne voient aucun avenir et quittent massivement le pays. Selon l’OCDE, un quart de la jeunesse est au chômage. Les manifestations contre le pouvoir en place traduisent une soif de changement bienvenue. Espérons toutefois qu’une éventuelle libéralisation politique ne conduise pas à une victoire des islamistes (comme ce fut le cas pour les élections locales de 1990) et qu’elle privilégie les réformes dont le pays a besoin.

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2 commentaires

  1. Qui vous pardonnera M. Bouteflika ?
    http://www.lematindz.net/news/24858-algerie-france-repentance-et-vous-m-bouteflika-qui-vous-pardonnera.html

    “30ans après l’indépendance, nous voilà ruinés, avec plus de nostalgies que le pays comptait d’habitants et plus de rapetoux qu’il n’abritait de colons. Beaucoup d’algériens regrettent le départ des Pieds-Noirs, s’ils étaient restés, nous aurions, peut être, évité cette tragédie.” Boualem SANSAL

  2. regrettent le départ des Pieds Noirs… et qui les a poussé dehors?
    qui était capable, à l’époque, à se dresser devant tous les excités qui voulaient “la valise ou le cercueil”, qui rêvaient de prendre les places laissées vacantes de ce fait
    soyons clair : nettoyage ethnique et religieux : plus de juifs, plus d’européens
    alors maintenant… un arbre se reconnait à ses fruits

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