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France : Politique en France

Amateurisme

Amateurisme

« Le Monde » a retrouvé plusieurs des prétendants Rassemblement national à la députation lancés sans préparation dans la campagne. Ils racontent leur recrutement, leur vécu et l’ingratitude des chefs du RN : encadrement fantôme, absence de formation minimale, improvisation, absence de militants de terrain, abandon des candidats, amateurisme. Le RN aurait beaucoup à apprendre de la campagne de terrain de Donald Trump…

Désignant Jordan Bardella, l’un des ex-candidats RN déclare :

« Je lui en veux beaucoup. J’ai rendu service, c’était pas facile, et quand ça se passe mal, il sort des mots comme “brebis galeuse” ? A La France insoumise, ils défendent leurs candidats. Dans une entreprise, on défend ses salariés. Je garde de l’affection pour Marine. Mais tout ça, ça m’a refroidi… »

« Je n’avais pas d’équipe. J’étais au collage, au tractage, au marché, je faisais des kilomètres, j’étais épuisé, c’était impossible de se concentrer sur le débat. »

Depuis sa défaite, il n’a reçu aucun appel du siège du RN, sauf un, pour lui reprocher d’avoir participé à un débat télévisé.

« Ils m’ont dit que je n’aurais pas dû y aller. J’ai dit : “Un, M. Armand [devenu ministre de l’économie] m’a invité à débattre devant les caméras, et deux, c’est le second tour, alors j’y vais.” »

L’ex-candidat rappelle que la formation prodiguée par le parti de Jordan Bardella s’était résumée à des généralités en visio :

« Arriver à un niveau professionnel avec ça, c’était impossible… Et puis, quand Bardella change d’avis sur le marché de l’électricité, ça aurait été sympa de prévenir les candidats ! »

Une autre témoigne :

« Quand j’ai demandé : “Ça se passe comment, candidate ? C’est difficile ?”, on m’a répondu : “Non, tu vas voir, c’est tranquille.” Tu parles que c’est tranquille ! Ils m’ont envoyée à la morgue. Ça a été inhumain. »

Depuis, elle n’a plus aucune nouvelle du RN : « Que dalle ! Enfin si, plein de mails et de messages » pour lui demander de se « bouger » pour clore ses comptes de campagne. «

Une autre candidate doit faire campagne en solo. Pas une âme pour tracter, pas de militants pour l’accompagner lors de son unique déplacement.

« J’ai révisé toute seule. Je zappais de CNews – j’adore Pascal Praud – à BFM-TV et à La Chaîne parlementaire, pour avoir la contradiction. J’ai lu tous les programmes de chaque candidat, les lois, la Constitution. J’ai vécu politique, j’ai mangé politique, j’ai dormi politique. Le débat aussi, je l’ai préparé dans mon coin. Ou plutôt je ne l’ai pas préparé. »

Dans la panique, elle se perd sur le chemin de France 3 et arrive en retard.

« On ne m’avait pas dit qu’on avait le droit aux documents, donc je suis arrivée sur le plateau avec rien dans les mains. On m’a jetée dans la fosse aux lions, et j’étais morte de trouille. » « On m’a jetée dans le grand bain, et j’ai tout appris en accéléré. Jusqu’à la fin. J’ai compris que la politique c’est du théâtre, des grosses comédies avec des acteurs. » « J’ai été la bonne poire et je n’ai rien reçu en retour. J’aurais bien aimé soit un texto, soit un mail de Jordan Bardella, “Je vous remercie…” Ça m’aurait fait plaisir de rencontrer Marine Le Pen, je l’écoute quand elle parle à la télé. Au final, elle sait même pas que j’existe. »

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