Du 6 au 27 octobre se tient au Vatican le Synode des évêques de la région Panamazonique pour réfléchir sur le thème
« L’Amazonie: nouvelles voies pour l’Église et pour une écologie des intégrale« .
La veille, le pape François a planté un chêne dans les jardins du Vatican avec des Indiens d’Amazonie… Les indigènes ont célébré une « liturgie » qui ressemble à s’y méprendre à une cérémonie de sacrifice à la « Terre-Mère », la Pachamama.
Organisée par le Global Catholic Climate Network, REPAM et l’ordre des Franciscains, une série de danses et d’incantations rituelles ont eu lieu sous les yeux du pape. Posés au milieu d’offrandes traditionnelles, deux statuettes de femme indigènes nues et enceintes recevaient les incantations. Le rituel ressemblait au « Pago a la tierra », selon Catholic News Agency : l’offrande traditionnelle faite à la Terre Mère parmi de nombreux peuples indigènes d’Amérique du Sud. Un représentant du dicastère pour la promotion du développement humain intégral a fait savoir à l’issue de l’événement que ses représentants avaient été invités mais ne l’avaient ni organisé, ni promu.
Jonas Marcolino Macuxí, le chef de la tribu Macuxi, a participé à une conférence organisée par l’Institut Plinio Correa de Oliveira à Rome à propos du synode. Il a déclaré en substance que s’était installée en Amazonie une dictature de missionnaires enseignant la théologie de la libération, avec pour objectif d’empêcher le développement de la région, en maintenant les populations autochtones dans la pauvreté et la misère.
La promotion du “primitivisme” (idéologie selon laquelle les traditions et les mœurs indigènes préchrétiennes étaient en grande partie nobles et bonnes et qu’il fallait les conserver) a provoqué un conflit dans la région à partir des années 1970, détruisant ce que les missionnaires et les peuples autochtones avaient réalisé auparavant en termes d’assimilation culturelle positive pendant plus d’un siècle. Et Marcolino s’inquiète du fait que beaucoup de ceux qui conseillent le pape sur le synode ont cette même idéologie et que les autochtones invités à y assister ont été «endoctrinés pour rester dans leur état primitif». Il a répondu à des questions d’Edward Pentin pour l’International catholic Register.
Dans votre discours, vous avez parlé de cannibalisme et d’infanticide dans le cadre des religions tribales. Sont-ils revenus?
Le cannibalisme, c’est fini, mais pas le meurtre d’enfants.
Pourquoi cela n’a-t-il pas pris fin?
J’ai beaucoup réfléchi à ça. Selon la religion traditionnelle, quand un enfant est né avec un défaut, il est enterré vivant, et cela continue. Ces choses étaient en train de finir, mais maintenant, avec l’idée qu’il faut retourner au primitivisme, elles demeurent.
Le théologien dominicain brésilien de la libération, Frei Betto, a récemment déclaré à propos du Synode pan-amazonien: «Nous avons devant nous une opportunité qui nous permettra d’aller de l’avant. Nous ne devons pas proposer la théologie de la libération. Cela fait peur à beaucoup de gens. Nous devons plutôt parler de problèmes socio-environnementaux. » Cela vous préoccupe-t-il?
Beaucoup de grands leaders indiens voient dans cette théologie un nivellement par le bas. Ces théologiens de la libération défendent l’idée que les Indiens qui vivent encore de manière primitive sont très heureux, vivent au paradis, etc., et souhaitent promouvoir cette idée auprès de tous les autres. Mais ce n’est pas vrai. C’est faux. Nous ne vivons pas au paradis. […]
Il y a deux évêques qui ont dénoncé le caractère complètement surréaliste qui dans l’Instrumentum Laboris est donné des peuples amazoniens. Mgr José Luis Azcona Hermoso, d’origine espagnole, ancien missionnaire et maintenant prélat émérite de l’île brésilienne de Marajò (à l’embouchure du fleuve Amazone), affirme que la vision qui se dégage de ce document est romantique et complètement fausse. Un évêque allemand au Pérou, Mgr Strotmann Hoppe, dit la même chose.
Dans un entretien traduit par Benoît-et-moi, Parole de Julio Loredo, auteur de Teologia della liberazione. Un salvagente di piombo per i poveri (Théologie de la Libération. Une bouée de sauvetage en plomb pour les pauvres), explique :
le communisme a toujours promu l’indigénisme comme un moyen de promouvoir la révolution, en particulier en Amérique latine. Le premier Congrès indigéniste interaméricain a eu lieu en 1940 à Pátzcuaro, au Mexique. Tous les penseurs et dirigeants autochtones du XXe siècle appartenaient à des partis communistes ou socialistes.
Plus tard, la théologie de la libération a commencé à présenter les Indiens comme une classe « opprimée » ayant besoin de « libération ». D’où la naissance de la théologie indigène, qui fut par la suite adoptée par plusieurs épiscopats latino-américains, en particulier au Brésil.
En 1977, le penseur brésilien Plinio Corrêa de Oliveira a écrit le livre « Tribalisme indigène: idéal communisto-missionnaire pour le Brésil au XXIe siècle« . Il y dénonce les courants indigènes qui dominaient la Conférence épiscopale. Chapitre après chapitre, il montre comment ces courants avaient abandonné l’idéal missionnaire. Pour eux, il ne s’agissait plus d’évangéliser les Indiens, mais d’apprendre d’eux, qui avaient sans doute conservé une sorte d’innocence primale en communion avec la nature, aujourd’hui perdue par la société occidentale. Ils présentaient la tribu comme un idéal à la fois religieux et social. Dans cette optique, dit Plinio Corrêa de Oliveira, les peuples amazoniens seraient les véritables évangélisateurs du monde. En feuilletant ce livre de 1977, on a presque l’impression de lire des passages de l’Instrumentum laboris du synode panamazonien prévu pour octobre prochain.