Mot d'envoi de l'abbé Alexis Garnier (FSSP) à Notre-Dame de Paris, à l'occasion du 36e pèlerinage de Chrétienté :
"Ami pèlerin, au seuil de ce pèlerinage, arrête-toi, réveille-toi, regarde et écoute.
ARRÊTE-TOI à ce vitrail tamisant la lumière d'en haut en vives couleurs. Tu y vois St Joseph sorti du sommeil à l'appel de l'ange. Il est est debout, pèlerin et gardien de Jésus et Marie, et déjà protecteur de l'Eglise. Joseph t'interroge: Pèlerin, de quel sommeil dors-tu? Il y a un sommeil d'abandon vrai en Dieu – il y a aussi un sommeil mensonger fait de tiédeur, engourdissement léthal.
REVEILLE-TOI. Surge ! Je ne sais l'occasion, le désir qui t'a conduit ici … Invitation d'ami, habitude familiale ou personnelle, rendez-vous incontournable, simple curiosité, teaser, réseau social? N'importe, au fond… Entendras-tu l'appel du bon ange à ton âme; Surge ! Réveille-toi? Te lèveras-tu, aiguillonné de foi, d'esperance, de pénitence, pour prendre la route de conversion et de sainteté?
REGARDE JOSEPH. A l'heure d'angoisse et d'épreuve, il ne fait pas procès mais crédit à Dieu – dans la foi, l'humilité, la confiance. A sa suite, ton pèlerinage est retour à Dieu ; il est enfance retrouvée, reddition, abandon à Dieu. Joseph est encore « le Juste » ; planté dans la justice meilleure de Dieu, celle de la grâce. L'eau vive de l'Esprit Saint l'irrigue abondamment. Le péché personnel le flétrit peu, sans doute.
Tu ne peux rejoindre pareille innoncence ? Du moins tu peux y tendre par la pénitence3. Vertu, elle donne sens à l'effort que tu entreprends. Sacrement, elle est « moyen privilégié pour purifier l'âme » (St Padre Pio). Tu vénères aujourd'hui le cœur de Saint Padre Pio – cœur de prêtre, que le Christ a choisi et conformé au sien! Dans la confession, le cœur du prêtre devient point de jonction secret entre la misère du pécheur et la miséricorde divine! Porte donc ton âme à l'un des nombreux prêtres de cette colonne. Dans le sacrement, il agit In persona Christi, et par lui le saint Esprit pourra en toi laver ce qui est sordide – irriguer ce qui est aride – guérir ce qui est morbide.
ECOUTE JOSEPH SILENCIEUX. Il t'arrache à la dictature du bruit. Il t'invite au silence; non pas le refuge des brutes et des misanthropes – non pas tant l'absence de parole que l'attention paisible et retrouvée à la présence de Dieu. Veux-tu partager ce silence de Joseph?
Veux-tu écouter la liturgie ? Langage sacré et voix de l'Eglise, forte clameur et doux murmure, elle parle au cœur émerveillé. Elle chante la beauté et la majesté de Dieu – la grandeur du Christ – la balance sacrée où son sacrifice l'emporte sans cesse sur le péché du monde. Elle tourne vers le Seigneur dans la foi, l'humilité et l'adoration.
Veux-tu boire avec sobre avidité les enseignements de foi et de raison – la Tradition vivante de l'Eglise, ses verités fortes, claires et belles ?
Veux-tu encore chanter, en route, et à la veillée, à l'unisson des voix et des cœurs, dans ton chapitre et la colonne ?
Veux-tu, de ta main et de ton âme saisir le chapelet, « arme avec laquelle on met en déroute le démon et on obtient toutes les grâces » ?
Enfin, parce que le silence de Joseph est charité, veux-tu garder ton cœur ouvert à Dieu et au prochain, dans la bienveillance, la gratitude, l'entraide ? Aux heures dures, garde ce regard, ce sourire, cette parole, ce geste pour tes compagnons de route, connus ou non, pour les bénévoles, pour les passants et curieux des villes et des champs… Et même pour les journalistes!
E ultreïa, en avant ! Pèlerin, lève-toi,
regarde, écoute et suis St Joseph !
Sainte Thérèse d'Avila, St Frère André, Bx Charles d'Autriche,
priez pour nous !
Saint Padre Pio,
priez pour nous !
Et voici son mot de clôture, à Notre-Dame de Chartres :
"Eminence, votre venue, votre présence, votre bienveillance, les paroles fortes de votre homélie, la belle messe pontificale célébrée sont une bénédiction, et le signe visible de notre communion d'esprit et de coeur avec l'Eglise universelle et le successeur de Pierre! Au nom des pèlerins, je vous en remercie de tout cœur.
Monseigneur, nous sommes touchés de votre disponibilité aux côtés des pèlerins sur la route, au bivouac, lors de l'adoration du St Sacrement – et de votre accueil paternel aujourd'hui en votre cathédrale. Merci d'avoir été parmi nous le « Prêtre et pontife,… bon pasteur en son peuple, agréable au Seigneur ».
Merci à vous, chers frères prêtres de tant de communautés et de diocèses, pour votre inlassable dévouement pastoral. Vos messes, vos absolutions, votre prière sont un grand et beau sujet de joie, et d'action de grâce. Croyez à ma fraternelle gratitude.
Merci à vous, chers frères, religieuses, séminaristes, pour votre présence priante et enseignante. Votre nombre et votre jeunesse sont signe d'espérance !
Merci également au Père gardien de San Giovanni Rotondo, pour la présence parmi nous du cœur de Saint Padre Pio, en l'anniversaire de ses stigmates et de son entrée dans la vie éternelle.
Merci, chers enfants ! Vous étiez plus de 1700 de moins de 13 ans, au sein des chapitres enfants et familles.
Merci chers pèlerins de St Gilles, particulièrement aimés de Dieu parce que plus simples devant Lui.
Merci encore, chers bénévoles, d'avoir cette année encore servi et aidé. Votre talent, votre générosité, votre compétence pour informer, inscrire, organiser, sécuriser, alimenter, éclairer, sonoriser, chanter, reposer, conduisent chaque année nos pas « à bon port »!
Merci à vous tous, chers pèlerins, pour votre ferveur, votre joie, votre prière et vos sacrifices – pour ce témoignage public de votre foi, de votre esperance et de votre charité. Puissiez-vous maintenant rentrer chez vous « avec la paix, la santé de l'âme et du corps, et la joie » !
Ce que vous emportez à l'intime de l'âme est le secret de Dieu qui « comble de bien les affamés ». Et pour une part, peut-être la meilleure du pèlerinage, cela reste caché.
Du moins, ne laissez pas perdre ces grâces reçues, faites-les fructifier.
Gardez la force du silence aimant en présence de Dieu, la respiration de la prière quotidienne, la Présence réelle du Christ reçu dans la bonne communion.
Gardez en mémoire la longue colonne de prière, d'adoration, de charité fraternelle, reflet visible de l'Eglise. Vous n'êtes pas seuls! Que ce beau souvenir vous aide et vous soutienne aux heures plus dures de marche… car votre pèlerinage continue.
Je serai bref pour ne pas retarder votre sortie et le retour de chacun…
Que Notre Dame Mère de l'Eglise, et saint Joseph protecteur de l'Eglise veillent sur vous toujours et partout, amen!"