Amnesty n’avait jusqu’à maintenant pas de position officielle sur l’avortement, sinon une opposition aux avortements forcés. Mais un changement était dans l’air : certains voulaient inscrire la défense de l’avortement légal dans les objectifs de l’organisation, et nous avons évoqué (ici, ici, ici) les discussions en cours.
Le blog de la revue First Things rapporte non seulement que la branche américaine de AI a entériné ce changement – mais qu’elle cherche de surcroît à le dissimuler. Des documents accessibles aux seuls membres de l’organisation indiquent en toute lettre : "Il est très important d’être averti que cette position ne sera pas à l’heure actuelle rendu publique."
Pire, l’organisation donne à ses membres des éléments de langage pour dissimuler la réalité de ce changement, quand il sera rendu public : ils doivent écrire à leurs journaux pour prétendre qu’il ne s’agirait que de considérer la "dépénalisation" de l’avortement comme faisant partie des combats de AI, mais pas la légalisation… distinction spécieuse s’il en est.
De nombreux catholiques ont pu jusqu’ici s’associer à l’action (parfois criticable, pour d’autres raisons) d’Amnesty. Son fondateur Peter Benenson, décédé en 2005, s’était lui-même converti au catholicisme – et ce n’est peut-être pas un hasard si cette dérive pro-avortement s’est amplifiée après sa mort.
Mais si les indiscrétions de sa branche américaine reflètent la nouvelle position de l’ensemble de l’organisation, cette collaboration de catholiques pourrait prendre fin, comme le disait l’été dernier le cardinal Martino :
"J’ai beaucoup d’estime pour Amnesty mais en [adoptant une positon pro-avortement], ils se coupent eux-même les mains. J’espère qu’ils ne le feront pas, parce que s’ils le font, ils se disqualifient comme défenseurs des droits de l’homme."
On comprend qu’AI repousse, y compris par des subterfuges, le moment où elle devra se couper de ses donateurs catholiques…