Hier, à la Conférence de Lambeth, rendez-vous décennal des évêques de la Communion anglicane, le cardinal Walter Kasper, président du conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens a mis en évidence les divergences croissantes entre l’Eglise catholique et la Communion anglicane, spécialement depuis que, dans certaines provinces anglicanes, à partir de 1974, des femmes sont ordonnées prêtres et, à partir de 1989, évêques. Un autre motif de divergence concerne l’autorisation de bénir les unions homosexuelles et l’ordination épiscopale de personnes qui vivent en couple avec des personnes du même sexe.
Ces décisions ont créé de très graves dissensions. Les oppositions les plus fortes viennent du Sud du monde, notamment d’Afrique. Au point qu’ un nombre significatif d’évêques anglicans a décidé de ne même pas participer à la Conférence de Lambeth".
Le passage à l’Eglise catholique est un choix fréquent, pour les membres de la Communion anglicane qui n’acceptent pas l’ordination des femmes et la légitimation de l’homosexualité. Mais l’attrait exercé par le catholicisme est aussi plus général. Il est lié à une conception globale de l’Eglise et de la tradition chrétienne depuis les temps apostoliques jusqu’à aujourd’hui, que certains jugent plus fidèlement réalisée dans l’Eglise catholique. Le cardinal Kasper a rappelé les "motifs ecclésiologiques" qui ont convaincu le plus célèbre des convertis du XIXe siècle, le cardinal John Henry Newman, de passer au catholicisme. Et il a souhaité que, dans l’anglicanisme d’aujourd’hui, renaisse un nouveau Mouvement d’Oxford, le mouvement de retour à la tradition de l’Eglise apostolique dont Newman fut l’inspirateur.
Depuis 1980, date à laquelle l’Eglise de Rome a fixé des règles pour le passage au catholicisme d’hommes qui avaient été ordonnés prêtres ou évêques au sein de la Communion anglicane, on évalue à plus de 80 ceux qui ont accompli ce passage, souvent suivis par des parties significatives de leur diocèse ou paroisse. La plus récente cérémonie d’accueil d’un ministre anglican au sein de l’Eglise catholique a eu lieu en privé à Rome, le 1er décembre dernier, à la basilique pontificale Sainte-Marie-Majeure.
Une dizaine d’autres ministres épiscopaliens américains attendent d’être accueillis comme prêtres dans l’Eglise catholique. Parmi eux, 3 évêques émérites. Et, au sein de la Communion anglicane, les sympathisants de l’Eglise de Rome sont beaucoup plus nombreux que ceux qui se convertissent. Par exemple, à Sydney, l’évêque anglican Robert Forsyth, qui, accueillant Benoît XVI dans sa ville le 18 juillet a défini l’Eglise de Rome comme "un rocher au milieu des rapides":
"Sans votre forte insistance sur le Christ comme unique Sauveur du monde, sur la foi catholique, sur la nature du Dieu trinitaire, la divinité du Christ, la centralité et la suprématie de la Sainte Ecriture et le caractère objectif de la morale chrétienne, la vie des autres Eglises chrétiennes aurait été beaucoup plus difficile, spécialement ici, en Occident".
qiqayon
« Bien que notre dialogue ait porté à un accord significatif sur la question du sacerdoce, l’ordination des femmes à l’épiscopat bloque substantiellement et définitivement toute possibilité que l’Eglise catholique reconnaisse les Ordres anglicans » vient de dire le Cal Kasper.
Pourrait-on en conclure que l’ordination de femmes à la prêtrise (chez les anglicans) n’avait rien bloqué ?
Mais à partir du moment où les femmes sont ordonnées prêtres, qu’est-ce qui peut les empêcher de devenir évêques ? Que des prêtres anglicans hommes doivent leur obéir ? dérisoire !
Le problème est surtout qu’une profession commence à se dévaluer quand elle admet trop de femmes! D’accord, la prêtrise n’est pas une profession, mais …
A noter : il y a actuellement en Grande- Bretagne plus de catholiques pratiquants que d’anglicans pratiquants. L’ordination de femmes ou le mariage des prêtres ne semble donc pas “la” solution à la baisse de pratique ou au manque de vocations sacerdotales.
Joseph
Ce n’est pas une question de “dévaluation parce qu’il y a trop de femmes”.
Pardon, mais cet argument est vraiment ridicule…
La difficulté est d’ordre ontologique, de nature, pas de quantité. Même si un quota de femmes prêtres était fixé, l’ordination des femmes poserait un très grave problème (et ces ordinations seraient invalides). Parce que l’Eglise se sent liée par le choix du Christ de n’ordonner que des hommes, choix qui a été respecté et suivi par les apôtres, consacré par la Tradition.
C’est le Christ qui appelle, à travers l’Eglise. Personne ne peut se prévaloir d’un “droit à la vocation sacerdotale”.
Le prêtre agit “in personna Christi” quand il administre certains sacrements. Conformément à la distinction la plus fondamentale voulue par Dieu au sein de l’humanité (Genèse: “homme et femme il les créa), seul un homme peut “représenter” le Christ dans la célébration de l’Eucharistie ou du sacrement du pardon.
Ce qui n’enlève rien à l’éminente dignité de la femme, et à son rôle sublime dans le plan de Salut de Dieu pour tous les hommes, à l’image de Marie.