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France : Politique en France

Antisémitisme et humour ?

Antisémitisme et humour  ?

Faire de l’humour à propos de l’antisémitisme ? C’est évidemment risqué pour ce sujet douloureux.

Le Dictionnaire amoureux de l’Humour juif (Adam Biro, Plon, 2017) a bien dans sa table des matières une entrée « Antisémitisme ». Mais elle n’ouvre que sur des propos plutôt grinçants. Le monde décrit par l’auteur à travers ce qu’il appelle des witz (ce que le commun des mortels appelle des « histoires juives ») apparaît finalement divisé seulement entre des juifs et des antisémites. Exemple de witz :

« Que faut-il préférer, un Lituanien philosémite ou un Lituanien antisémite ? Un antisémite évidemment. Le philosémite est, en plus, menteur » (p.107).

Pourtant, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France semble être capable d’humour à propos de l’antisémitisme. C’était lors de son discours le 24 février 2022 pour le (36ème) traditionnel dîner du CRIF. Voilà ses propos associés à la dénonciation des actes antisémites (« 73% de la totalité des actes antireligieux visent des Juifs. Voilà la réalité que vit moins de 1% de la population de notre pays… L’antisémitisme ne se limite plus aux quartiers dits sensibles »).

S’il n’a pas parlé de l’attentat de Toulouse en 2012 dans l’école juive Ozar Hatorah, M.Kalifat a rappelé  les attentats du 13 novembre 2015, celui du Père Hamel, les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, le meurtre de Mme Knoll, les attentats de la rue des Rosiers et de la rue Copernic, l’assassinat de Mme Sarah Halimi ; il a rappelé que selon une menée par l’IFOP pour la LICRA auprès de lycéens en janvier 2021, on a trouvé que 13% des lycéens ne condamnent pas totalement l’assassinat de Samuel Paty et que ce chiffre atteint 25% chez les lycéens musulmans (incorporés donc dans les 13% généraux). Il a aussi évoqué les multiples menaces de mort sur Mila ainsi que sur Ophélie Meunier et Amine Elhabi (leur reportage de janvier 2022 sur l’islamisme à Roubaix). Bref, rien que des actes perpétrés par des musulmans violents.

Pourtant, voilà-t-il-pas que, curieusement, M.Kalifat et à quatre reprises, dénonce en même temps l’islamisme, l’extrême-droite et l’extrême-gauche, les mettant systématiquement sur le même plan dans une sorte de balance si typique soit des peureux, soit des aveugles, soit des… humoristes :

  • « Deux études menées en France ont identifié, avec deux méthodes différentes, deux corpus de plus de 50.000 contenus antisémites sur l’année 2020… Un mélange écœurant de stéréotypes complotistes, d’insultes à caractère sexuel, de haine des Juifs et d’Israël, de déni de la Shoah et d’amalgames avec le nazisme. Un condensé toxique d’islam radical, d’extrême-droite et d’extrême-gauche» ;

  • « Revenons aux obsessions antisémites en France. J’ai évoqué plusieurs fois l’extrême droite et l’extrême gauche. L’antisémitisme y est plus présent que dans les autres courants politiques. Qu’en pensent leurs leaders ? Luttent-ils contre l’antisémitisme ? Pas vraiment ! Jean-Luc Mélenchon et Eric Zemmour multiplient les polémiques sur le dos des Juifs. Pour l’un, les Juifs ne sont pas assez universalistes. Pour l’autre, ils ne sont pas assez français. Les deux ont en commun une grande propension à réécrire l’Histoire, surtout celle des Juifs. Pour l’un, c’est le complot juif. Pour l’autre, c’est Pétain, sauveur de Juifs. Quant à Marine Le Pen, ses tentatives de dédiabolisation ne trompent personne : le Rassemblement national s’accommode toujours des préjugés antisémites dans ses rangs. Aux prochaines élections, j’appelle à faire barrage à tous les candidats d’extrême-gauche et d’extrême-droite» ;

  • « Je vous [il s’adressait à l’ectoplasmique Castex] demande d’acter le passage à une stratégie spécifique et ciblée [NDLR : « ciblée ». C’est hautement comique quand on vient de qualifier M.Zemmour d’être d’extrême droite et donc, ipso facto, soupçonnable de menées antisémites !] de lutte contre l’antisémitisme. Une stratégie qui inscrira et qui déploiera cette définition dans les politiques publiques sur quatre grands sujets : la sécurité, la justice, l’éducation et la régulation d’Internet. Ces quatre sujets sont au cœur des missions de l’Etat et des attentes de tous les Français. S’agissant de la sécurité, je veux rappeler que la police et la gendarmerie ont déjoué ces deux dernières années plusieurs projets attentats préparés par des islamistes et par des complotistes d’extrême-droite ».

Et M.Kalifat de terminer en évoquant les risques pesant sur les scrutins de la prochaine élection présidentielle :

« Ces forces hostiles qui abusent tant de nos compatriotes en colère ou dans la misère, ce sont les mêmes, à l’extrême-droite, à l’extrême-gauche et dans l’islam radical, qui ont besoin de boucs émissaires ».

Nous ne pouvons pas soupçonner M.Kalifat d’aveuglement, il est certainement trop intelligent pour ça. Nous ne voulons pas le soupçonner de lâcheté. Nous en concluons que, à ce niveau de symétrie répétitive, M.Kalifat relève de la catégorie des humoristes, rubrique « comique de répétition ». D’un autre côté, certains diraient que se nommer Kalifat et présider le CRIF, c’est soit un appel à la soumission, soit une prédisposition à la schizophrénie, soit déjà le signe d’une capacité exceptionnelle à l’hilarité.

L’humour juif associé à l’antisémitisme, il faut le rappeler, avait déjà frappé très fort en 2015/2017 lors du procès de M.G.Bensoussan. Ce dernier était traîné en justice par le CCIF (le Collectif contre l’islamophobie en France, aujourd’hui interdit) pour avoir rappelé les propos de l’universitaire M. Smaïn Laacher à propos de l’antisémitisme arabo-musulman :

« Cet antisémitisme, il est déjà déposé dans l’espace domestique. Il est dans l’espace domestique et il est quasi naturellement déposé sur la langue, déposé dans la langue. Une des insultes des parents à leurs enfants quand ils veulent les réprimander, il suffit de les traiter de Juif. Et ça, toutes les familles arabes le savent. C’est une hypocrisie monumentale que de ne pas voir que cet antisémitisme, il est d’abord domestique… Il le trouvera chez lui et puis il n’y aura pas de discontinuité radicale entre chez lui et l’environnement extérieur parce que l’environnement extérieur en réalité le plus souvent, dans ce qu’on appelle les ghettos, il est là, il est dans l’air que l’on respire » (Autopsie d’un déni d’antisémitisme. Autour du procès fait à Georges Bensoussan. L’Artilleur, 2017, pp 31/32).

Rien que de très banal, direz-vous, de la part du CCIF. Moins banal sans doute, le ralliement de la LICRA (Ligue contre le racisme et l’antisémitisme) à cette plainte. La LICRA était alors dirigée par Me Alain Jakubowicz, Conseil du Consistoire israélite de France et pour partie spécialisé dans le « devoir de mémoire pour la Shoah ».  Cet avocat avait bénéficié d’un article louangeur de Libération en 2014 :

« Naissance à Villeurbanne, origines polonaises côté paternel, autrichiennes côté maternel. Arrivées en France en 1933, les familles ont miraculeusement échappé aux rets des nazis et de Vichy. Les autres parents restés en Pologne ont tous été exterminés. Cette histoire, Alain Jakubowicz la porte dans sa chair… C’est également «par atavisme» qu’il fréquente la grande synagogue de Lyon d’obédience orthodoxe alors qu’il se sent plus proche du judaïsme libéral, même s’il s’affirme, comme Freud, «juif sans Dieu». «Je conserve avec cette synagogue des attaches ataviques», explique-t-il ».

Moins banal aussi le fait qu’après avoir été débouté en première instance, Me Jakubowicz a tenu à encore s’associer au CCIF (et au Parquet) pour aller en appel (avec à nouveau la relaxe de M.Bensoussan en 2018). L’honnêteté oblige à dire que Me Jakubowicz a quand même décidé de ne pas s’associer au pourvoi en Cassation (qui a eu le même résultat).

Compte tenu de l’envergure médiatique du personnage, on considèrera qu’il s’agissait sans doute là encore d’humour juif, plutôt de la catégorie one-man-show.

Mais revenons à M.Kalifat. Nous avons pour lui une petite chose vue. Un instantané. Tout récent et véridique. La date ? Le 24 mars 2022. Le lieu ? Un marché tranquille d’une proche banlieue lyonnaise plutôt bourgeoise. L’action ? Une distribution du programme électoral de M.Zemmour. Le protagoniste ? Une femme, algérienne (peut-être aussi maintenant de nationalité française) d’environ 60/65 ans, avec le voile islamique et un masque covid. Suivant le Larousse, on l’aurait volontiers décrite comme une moukère (« une femme algérienne »), mais il paraît que le terme est vieilli et, surtout, serait sexiste… Le programme lui est proposé. Sa réaction (volubile) : « Mais qu’est-ce qu’il a Zemmour avec les musulmans ? Il est raciste. Et il est juif, il est juif [phonétiquement, cela donne plutôt : « il é jouuîîfff »]. Les musulmans, ils sont français ». Elle continue avec une phrase un peu compliquée qui peut donner à croire qu’elle trouve que M.Zemmour, juif, ne peut pas être français. Interrogée spécifiquement (« Mais M.Zemmour n’est pas français ? »), la femme répond : « Si, il est français, mais[sic] il est juif, il est juif ».

Dans une sorte de synthèse sur le sujet, nous terminerons en citant ce witz toujours extrait du Chapitre « Antisémitisme » du même Dictionnaire (pp 106/107) :

« Un Arabe entre dans un bistrot et, au bout du bar, il avise un mec avec une kippa sur la tête. Alors il annonce très fort à la cantonade : « Tournée générale, sauf pour le juif ! ». Quand tout le monde a eu sa consommation, le juif le regarde avec un grand sourire et dit : « Merci beaucoup ». Cette réaction a pour effet d’énerver l’Arabe qui répète plus fort encore : « Re-tournée générale, sauf pour le juif ! ». On sert tout le monde et le juif remercie avec encore plus d’ostentation. L’Arabe se penche alors ves le barman et lui demande : « Il est con ou quoi, c’mec ? Chaque fois il me remercie ! ». « Normal, répond le barman, c’est le patron ! ».

Honni soit bien sûr qui mal y pense…

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3 commentaires

  1. Ils vont nous ennuyer 100 000 ans je pense.

    Vivement la parousie.

  2. ” la lutte contre l’ antisémitisme” : le moyen le plus génial pour imposer une dictature idéologique;
    pour distinguer entre les bons et pieux citoyens, admis au banquet du Crif avec les Elus;
    et les mauvais citoyens, les extrémistes de droite, promis au feu éternel.

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